L'Union européenne ferme face à la situation à sa frontière orientale

Des migrants à la frontière polonaise, le 8 novembre 2021 (Région de Grodno, Pologne)
Des migrants à la frontière polonaise, le 8 novembre 2021 (Région de Grodno, Pologne) Tous droits réservés LEONID SHCHEGLOV/AFP
Par Maxime Bayce avec AFP
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3000 à 4000 migrants sont toujours massés à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. Au moins une cinquantaine d'entre eux ont été arrêtés en passant côté polonais.

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La Pologne a annoncé mercredi avoir lancé un coup de filet contre des migrants massés à la frontière avec le Bélarus, en interpellant plus d'une cinquantaine alors que les tentatives de traversée augmentent, et a accusé Minsk et Moscou d'organiser une crise aux portes de l'Europe.

Environ 3000 à 4000 migrants, principalement des Kurdes du Moyen-Orient, sont massés depuis plusieurs jours dans une zone boisée à la frontière orientale de l'Union européenne, sous des températures glaciales et face à un important dispositif polonais destiné à les stopper.

Les Européens accusent depuis des semaines le président bélarusse Alexandre Loukachenko d'alimenter les tensions en délivrant des visas à des migrants et en les acheminant à la frontière pour se venger des sanctions européennes adoptées contre son pays pour sa répression d'un mouvement d'opposition, après la présidentielle de 2020.

La Pologne est allée plus loin, accusant le dirigeant russe Vladimir Poutine, principal allié de Minsk, d'être le coupable de cette crise. Des accusations balayées comme "irresponsables et inacceptables" par le Kremlin.

Traversées et interpellations

Les autorités polonaises ont signalé mercredi une hausse des tentatives de traverser la frontière et affirmé que certaines avaient réussi, sans en préciser le nombre. Tomasz Krupa, porte-parole de la police régionale à Podlaskie, à la frontière avec le Bélarus, a indiqué à l'AFP que plus de 50 migrants ayant franchi la frontière avaient été interpellés et que d'autres étaient recherchés.

Toujours à Podlaskie, la porte-parole des gardes-frontières, Katarzyna Zdanowicz, a déclaré que trois personnes - un Russe, un Lituanien et un Suédois - avaient été interpellées pour avoir contribué à "l'organisation de traversées illégales", précisant qu'ils risquent huit ans de prison.

"La situation n'est pas calme", a déclaré à la radio le ministre de la Défense polonais Mariusz Blaszczak. Si lundi il s'agissait d'un important groupe tentant de passer, il a indiqué que désormais de nombreux groupes plus petits "attaquent simultanément la frontière polonaise à plusieurs endroits". M. Blaszczak a assuré que le Bélarus intimidait les migrants pour les forcer à traverser la frontière et a tweeté deux courtes vidéos affirmant qu'elles montrent un coup de feu tiré par un homme en uniforme, côté bélarusse.

Mardi, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, avait accusé, lui, le président russe d'être le "commanditaire" de la vague de migrants qui tentent d'entrer en Pologne depuis le Bélarus, avertissant que cette attaque "hybride" risquait de déstabiliser l'UE.

Le chef de la diplomatie bélarusse, Vladimir Makeï, a rétorqué que l'UE avait déclenché cette crise comme "prétexte" pour imposer de nouvelles sanctions contre Minsk, appelant à une "réaction commune" avec la Russie, lors d'une visite à Moscou mercredi.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a abondé en affirmant que Minsk et Moscou avaient renforcé "efficacement leur collaboration pour contrer une campagne contre le Bélarus déclenchée par Washington et ses alliés européens au sein d'organisations internationales".

Dans un communiqué, le service bélarusse des gardes-frontières a enfin accusé les soldats polonais de "violence physique et de l'utilisation de gaz" envers les migrants, ainsi que de "tirer au-dessus de leur tête".

Tentes et températures glaciales

L'accès au site est barré aux journalistes indépendants, mais des images diffusées par les autorités des deux pays montrent des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants sous tentes ou à même le sol, tentant de se réchauffer autour de feux par des températures proches de zéro.

Ces tensions laissent craindre une confrontation à la frontière, aux confins de l'Union européenne, où des troupes armées ont été déployées par les deux pays.

Au moins dix migrants sont morts dans la région depuis le début de la crise, dont sept du côté polonais de la frontière, selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

L'UE a appelé à de nouvelles sanctions contre le Bélarus en plus de celles imposées à la suite de l'implacable répression de l'opposition par le régime d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 27 ans, après des élections contestées l'année dernière.

Le président du Conseil européen Charles Michel doit s'entretenir mercredi à Varsovie de la "crise aux frontières de l'UE" avec le Premier ministre polonais.

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