Au Maghreb, l'agriculture meurt de soif : les sécheresses à répétition ruinent les récoltes

L'écologiste Mohamed Benata montre la terre stérile à l'embouchure de la Moulouya, au nord-est du Maroc
L'écologiste Mohamed Benata montre la terre stérile à l'embouchure de la Moulouya, au nord-est du Maroc Tous droits réservés FADEL SENNA/AFP or licensors
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Par Margaux Racaniere avec AFP
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Le fleuve Moulouya, un des plus longs du Maroc, ne se déverse plus dans la Méditerranée. D'importantes sécheresses affectent la région, conséquence directe du réchauffement climatique.

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"On ne peut plus rien cultiver, tout ce que nous avions planté est perdu" se désole Abderrahim Zeghnini. Près de l'embouchure du fleuve Moulouya, au nord-est du Maroc, le champ de melons jaunes de l'agriculteur est asséché sur plusieurs hectares. Un effet combiné du manque de pluie et de la forte salinité des eaux dans la zone.

Pour la première fois de son histoire, la Moulouya, un des plus longs fleuves du Maroc, ne se déverse plus dans la Méditerranée. Pire encore, l'eau de mer remonte dans le lit du fleuve, et détruit les terres agricoles aux alentours.

Pour l'écologiste Mohamed Benata, le phénomène est "dramatique". "L'eau de mer alimente maintenant l'embouchure de la Moulouya jusqu'à pratiquement 15 kilomètres. On retrouve de l'eau saline à six, sept voire même neuf grammes par litre", explique-t-il.

Les pays du Maghreb sont parmi les plus touchés par les pénuries d'eau

Les difficultés d'accès à une eau saine affectent tous les pays du Maghreb. L'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye font partie des 30 pays les plus menacés par les pénuries d'eau dans le monde, d'après le classement du Think tank World Ressource Institute.

via GIPHYLe barrage de Sidi Salem, au nord de la Tunisie, fournit en eau près de trois millions de Tunisiens

Le réservoir de Sidi Salem au nord de la Tunisie pourvoit en eau près d'un quart de la population du pays. Son barrage n'est rempli qu'à 17% de sa capacité totale.

"Sur les dix dernières années, il y a eu des changements extrêmes du climat. Récemment, il y avait soit des inondations, soit pas d'eau du tout", constate ingénieur en chef du barrage Cherif Guesmi. "Il n'y a pratiquement pas eu de vraies pluies depuis 2018 et nous utilisons encore cette eau".

En 2018, des pluies torrentielles s'étaient abattues sur le nord-est de la Tunisie, l'équivalent de six mois de précipitations en quelques heures. Aujourd'hui le réservoir est tombé à 15 mètres en dessous de son niveau de 2018.

"La Tunisie doit s'adapter au manque d'eau"

"La Tunisie doit s'adapter à ce manque d'eau, estime le responsable de la planification de l'eau au ministère tunisien de l'environnement Hamadi Habaieb. "Avec le réchauffement climatique et la croissance démographique, si aujourd'hui un tunisien dispose de 420 m3 d'eau par an, d'ici à 2050, ce sera beaucoup moins", précise-t-il.

Tous les pays du Maghreb sont en situation de "pauvreté hydrique", fixée par la banque mondiale à 1000 m3 par habitant et par ans. La plupart sont en situation de "pénurie d'eau", soit moins de 500 m3.

Pour s'adapter aux nouvelles conditions climatiques, le gouvernement tunisien prône de faire évoluer l'agriculture, et de planter des essences qui résistent au nouveau niveau de sécheresse.

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