JO de Pékin : pas de boycott diplomatique par Paris, contrairement à Londres et Ottawa

Archives : drapeaux pour les JO de Pékin, lors d'une cérémonie le 17/09/2021
Archives : drapeaux pour les JO de Pékin, lors d'une cérémonie le 17/09/2021 Tous droits réservés Mark Schiefelbein/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
Par euronews avec AFP
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Plusieurs pays (Etats-Unis, Canada, Australie et Royaume-Uni) ont annoncé un boycott diplomatique des JO d'hiver de Pékin 2022. Ce ne sera pas le cas de la France, a indiqué ce jeudi le ministre de l'Education et des Sports.

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**Plusieurs pays (Etats-Unis, Canada, Australie et Royaume-Uni, etc.) ont annoncé un boycott diplomatique des JO d'hiver de Pékin 2022.
Ce ne sera pas le cas de la France, ont indiqué ce jeudi le président français et le ministre de l'Education et des Sports. **

La France ne boycottera pas diplomatiquement les prochains jeux olympiques d'hiver de Pékin. L'annonce en a été faite ce jeudi matin par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education et des Sports, puis complétée, en fin de journée, par Emmanuel Macron.

Le président français qui s'exprimait ce jeudi depuis l'Elysée, lors d'une conférence de presse consacrée à la prochaine présidence française du conseil de l'Union européenne, a estimé que de décider d'un boycott purement diplomatique mais pas sportif des Jeux olympiques d'hiver de Pékin serait une mesure "toute petite et symbolique".

"Il faut être clair, soit on dit : on fait un boycott complet, on n'envoie pas d'athlètes, soit on dit on essaie de réengager les choses et d'avoir une oeuvre, une action utile comme toujours à l'international", a déclaré Emmanuel Macron, alors que la France a dit qu'elle prendrait une décision à l'unisson avec l'Union européenne. 

Le locataire de l'Elysée a donc confirmé ce que Jean-Michel Blanquer avait déjà indiqué plus tôt ce jeudi.  

"La France ne le fera pas (...) mais nous aurons des messages qui sont clairs sur le plan politique", avait-t-il expliqué. Il avait précisé qu'il ne ferait pas le déplacement à Pékin en février pour la compétition mais que la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu, elle, s'y rendrait, de même que Sophie Cluzel, la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées.

Le sport est un monde en soi qui doit être préservé au maximum des interférences politiques.
Jean-Michel Blanquer
Ministre français de l'Education et des Sports

"Il faut condamner les violations des droits de l'Homme en Chine, parce qu'il y en a (...) Il faut savoir, s'agissant des compétitions sportives, avoir l'attitude adéquate et adaptée", avait ajouté le ministre des Sports.

"Le sport est un monde en soi qui doit être préservé au maximum des interférences politiques, sinon, ça peut partir dans n'importe quelle direction et on finira par tuer l'ensemble des compétitions", avait-t-il estimé.

Le Royaume-Uni et le Canada

La France ne semble donc pas vouloir s'aligner sur les positions d'autres pays occidentaux. Car en effet, plusieurs pays ont d'ores et déjà indiqué qu'ils n'enverraient pas de représentants officiels à l'occasion de cette compétition.

Suivant l'exemple des Etats-Unis et de l'Australie, le Royaume-Uni et le Canada, ont annoncé ce mercredi un boycott diplomatique des Jeux olympiques d'hiver de Pékin. Cela constitue un nouveau revers pour le régime chinois accusé par les occidentaux de fouler au pied les droits humains.

Interrogé mercredi lors de la séance hebdomadaire de questions devant le Parlement, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé qu'il y aurait "effectivement un boycott diplomatique des Jeux olympiques d'hiver de Pékin".

Les athlètes britanniques se rendront quant à eux aux JO qui démarrent le 4 février, a-t-il poursuivi, soulignant que le boycott sportif n'est "pas la politique" du Royaume-Uni.

Les sources de tensions sont nombreuses entre Londres et Pékin, entre respect des droits humains au Xinjiang, recul des libertés dans l'ex-colonie britannique de Hong Kong et exclusion du géant chinois Huawei dans les infrastructures 5G britanniques.

Devant les députés britanniques, Boris Johnson a assuré qu'il soulevait régulièrement auprès du régime chinois la question des droits humains, au cœur de la décision des pays occidentaux.

Même son de cloche au Canada, où le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé mercredi le boycott diplomatique des JO d'hiver de Pékin.

"Nous sommes profondément troublés par les violations des droits humains du gouvernement chinois", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Les athlètes canadiens participeront aux Jeux qui commenceront le 4 février mais aucun représentant du gouvernement canadien ne se rendra en Chine, a précisé Justin Trudeau.

Si la Chine n'a pas encore réagi aux annonces britannique et canadienne. La décision des Etats-Unis, qui avaient annoncé leur boycott dès lundi, a suscité la colère de Pékin, celle de l'Australie, prise ce mercredi, le mépris.

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Les Etats-Unis "paieront"

Pour expliquer sa décision, l'Australie a invoqué la question du respect des droits humains au Xinjiang, mais d'autres différends existent entre Canberra et Pékin, allant de la question des lois australiennes sur l'ingérence étrangère jusqu'à la récente décision d'acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire.

"L'Australie ne reviendra pas sur la position ferme qu'elle a adoptée pour défendre ses intérêts, et il n'est évidemment pas surprenant que nous n'envoyions pas d'officiels australiens à ces Jeux", a déclaré le Premier ministre Scott Morrison.

Interrogé lors d'un point de presse mercredi, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a assuré que son pays n'avait jamais eu l'intention d'inviter des hauts responsables australiens.

"Tout le monde se fiche de savoir s'ils viennent ou non", a-t-il lancé. "Leur politique politicienne et leurs petits jeux ne changeront rien à la réussite des Jeux olympiques".

La décision de Canberra "montre aux yeux de tous que le gouvernement australien suit aveuglément les pas d'un certain pays", a estimé M. Wang, sans nommer les Etats-Unis.

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Washington a en effet annoncé en début de semaine un "boycott diplomatique" au nom de la défense des droits humains. Pékin a rétorqué que "les Etats-Unis paieront le prix de leur mauvais coup".

Le sort des Ouïghours

Réagissant à la décision australienne, Sophie Richardson, directrice de Human Rights Watch en Chine, a salué une "étape cruciale vers la remise en cause des crimes contre l'humanité commis par le gouvernement chinois à l'encontre des Ouïghours et des autres communautés turques".

Selon des organisations de défense des droits humains, au moins un million de Ouïghours et d'autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont incarcérés dans des camps au Xinjiang. La Chine est accusée d'y stériliser de force les femmes et d'imposer un travail forcé.

Pékin affirme que les camps sont en fait des centres de formation professionnelle pour lutter contre la radicalisation.

Les relations entre l'Australie et la Chine se sont fortement dégradées ces dernières années. La Chine a pris une série de sanctions sur des produits australiens dans le cadre d'un conflit politique qui a plongé les relations bilatérales dans leur plus grave crise depuis la sanglante répression de manifestants pro-démocratie sur la place Tiananmen à Pékin (1989).

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La Chine a notamment été irritée par l'interdiction d'octroyer des contrats 5G à Huawei, et la demande d'une enquête indépendante sur les origines de la pandémie de coronavirus.

Outre les Etats-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni et le Canada, d'autres pays ont fait part de leur intention de boycotter diplomatiquement les JO d'hiver de Pékin.
La Nouvelle-Zélande et la Lituanie ont ainsi également indiqué qu'elles n'enverront aucun représentant officiel en Chine en février prochain.

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