Retour à Calais, 2 semaines après le naufrage meurtrier dans la Manche

Exilés soudanais campant quelque part autour de Calais, France, décembre 2021
Exilés soudanais campant quelque part autour de Calais, France, décembre 2021 Tous droits réservés Anelise Borges/Euronews
Par Anelise Borges
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Deux semaines après la mort de 27 migrants lors d'un naufrage dans la Manche, la détermination des exilés à se rendre en Angleterre est intacte. Les mesures prises par Londres et Paris ne feront qu'empirer les choses affirme le militant Ludovic Holbein. Reportage à Calais.

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L'époque des gigantesques "jungles" de la ville côtière de Calais est révolue, mais la région reste un lieu de transit pour les demandeurs d'asile qui tentent de rejoindre le Royaume-Uni.

Ce groupe a fui l'Afghanistan peu après la prise de pouvoir par les talibans et dit n'avoir rien vers quoi retourner.

"Cela fait plus d'un mois ou deux que je n'ai pas parlé à ma famille. Je ne sais pas où ils sont. Ils se sont échappés et nous, nous avons dû fuir nos maisons. Tout ce que nous avions en Afghanistan, nous l'avons perdu. Et maintenant, je ne sais pas ce que nous allons faire. Nous attendons juste de voir si nous pouvons aller en Angleterre, peut-être qu'il y a de l'espoir pour nous" témoigne un demandeur d'asile afghan qui souhaite rester anonyme.

Selon les chiffres des garde-côtes français, plus de 15 000 personnes ont tenté de traverser la Manche au cours des huit premiers mois de cette année, soit une augmentation de 50 % par rapport au chiffre de l'ensemble de l'année 2020.

La France investit massivement pour décourager les migrants de stationner dans la région, en vain.

"Ces dernières années, des dizaines de milliers de personnes sont passées par Calais dans l'espoir de rejoindre le Royaume-Uni. Selon les ONG, il en reste au moins un millier dans divers campements autour de cette zone. Et ce, malgré les opérations répétées d'expulsion massive, et les restrictions sur la fourniture et l'accès à l'aide humanitaire que dénoncent les ONG" explique notre reporter Anelise Borges.

Il y a un mois, Ludovic Holbein a fait la grève de la faim pendant 30 jours pour dénoncer la politique de la France à l'égard des réfugiés à Calais, des traitements qu'il considère "inhumains et dégradants". Il compare les dernières mesures prises des deux côtés de la Manche à une militarisation de la frontière qui ne servira à rien, si ce n'est à empirer les choses :

"Ils sont sur le fil du rasoir ici à Calais et prêts à tout pour traverser. Les personnes qui veulent aller en Angleterre vont continuer à prendre tous les risques pour aller en Angleterre. Et ajouter un avion et deux hélicoptères ne changera pas les choses. Cela ne fera que pousser les gens à prendre encore plus de risques, à peut-être traverser dans des conditions encore pire..., à partir lorsqu'il y a du brouillard pour ne pas être vus par les avions."

Alors que les hommes d'État se démènent pour stopper, si ce n'est au moins décourager l'afflux migratoire, nombreux sont les exilés qui disent n'avoir pas d'autre choix que de continuer.

Adam a quitté sa femme et ses deux garçons au Soudan pour tenter de donner une vie meilleure à sa famille, il a entendu parler du naufrage qui a tué 27 personnes il y a deux semaines, il sait que c'est dangereux, mais il dit que cela ne change rien.

Il y a huit jours, le premier ministre français envoyait une lettre à Londres, expliquant que le sort des exilés souhaitant se rendre en Angleterre reposait en premier lieu sur la France alors qu'une grande partie de la solution se trouvait au Royaume-Uni.

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