Kazakhstan : la situation reste tendue notamment à Almaty

Un officier armé de la police anti-émeute retient un manifestant dans une rue après des affrontements à Almaty, au Kazakhstan, samedi 8 janvier 2022.
Un officier armé de la police anti-émeute retient un manifestant dans une rue après des affrontements à Almaty, au Kazakhstan, samedi 8 janvier 2022. Tous droits réservés Photo : AP Photo (Vasily Krestyaninov)
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Par Euronews avec AFP
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Après plusieurs jours de violences, notamment à Almaty où les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des émeutiers qui ont incendié plusieurs bâtiments, la situation semblait plus calme samedi, même si la tension restait visible.

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Le Kazakhstan a annoncé samedi l'arrestation de l'ex-chef des services de renseignement soupçonné de "trahison" pendant les émeutes qui ont secoué le pays.

Le Comité national de sécurité (KNB) a annoncé que son ancien directeur, Karim Massimov, 56 ans, avait été placé en détention jeudi après le lancement d'une enquête pour "haute trahison".

Première personnalité politique arrêtée, M. Massimov avait été limogé cette semaine après le déclenchement des manifestations qui ont ébranlé le Kazakhstan et fait des dizaines de morts, notamment à Almaty, capitale économique du pays.

Allié de longue date de l'ancien président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev, dont il fut Premier ministre à deux reprises, Karim Massimov dirigeait le KNB depuis 2016.

Le soutien russe aux autorités politiques du Kazakhstan

Le KNB a annoncé dans un communiqué avoir ouvert jeudi une enquête pour haute trahison, ajoutant que M. Massimov avait été arrêté le même jour, "soupçonné d'avoir commis ce crime".

Par ailleurs, le président russe Vladimir Poutine et son homologue kazakh Kassym-Jomart Tokaïev ont eu une "longue" conversation téléphonique et sont convenus de rester en contact "permanent", a annoncé samedi le Kremlin.

Un contingent de troupes russes et d'autres pays alliés de Moscou est présent au Kazakhstan, ex-république soviétique d'Asie centrale, pour appuyer le pouvoir en place en protégeant les bâtiments stratégiques et en épaulant les forces de l'ordre.

Samedi, Moscou a dénoncé les propos, qualifiés de "grossiers", du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui avait estimé vendredi qu'"une fois que les Russes sont chez vous, il est parfois très difficile de les faire partir".

"Une fois que les Américains sont chez vous, il peut être difficile de rester en vie, de ne pas être pillé ou violé", a rétorqué le ministère russe des Affaires étrangères.

Après plusieurs jours de violences, notamment à Almaty où les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des émeutiers qui ont incendié plusieurs bâtiments, la situation semblait plus calme samedi, même si la tension restait visible.

A Almaty, les forces de l'ordre tiraient ainsi des coups de feu en l'air pour empêcher les gens d'approcher d'une place centrale, a constaté un journaliste de l'AFP.

Leonid Kiselïev, un retraité de 68 ans, raconte, choqué, que sa voiture a été touchée par un tir dans la matinée, alors qu'il roulait près de bâtiments officiels.

"La situation était calme, donc j'ai sorti ma voiture", bredouille ce retraité rencontré dans la file d'attente devant une station-service, en montrant le projectile qui a percé le coffre de son véhicule.

Les forces de sécurité autorisées à "tirer pour tuer"

Fait notable, le porte-parole de Noursoultan Nazarbaïev, qui n'est pas apparu en public depuis le début des émeutes et ne s'était pas exprimé jusque-là, a affirmé samedi que l'ancien président appelait la population à soutenir le gouvernement pour "surmonter cette crise".

Le porte-parole, Aïdos Oukibaï, a en outre qualifié de "fausses informations" les articles de presse affirmant que l'ex-dirigeant âgé de 81 ans avait fui à l'étranger avec sa famille.

La figure de M. Nazarbaïev, qui a dirigé le Kazakhstan de 1989 à 2019, a été au cœur des émeutes de ces derniers jours.

Car au-delà de la hausse des prix du gaz, étincelle qui a mis le feu aux poudres, la colère des manifestants était notamment dirigée contre l'ancien président, qu'ils accusent avec son clan de corruption à grande échelle.

Même après avoir cédé le pouvoir à M. Tokaïev, M. Nazarbaïev a conservé une grande influence et est considéré comme le mentor de son successeur.

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Ce dernier a autorisé vendredi les forces de sécurité à "tirer pour tuer" afin d'étouffer toute rébellion et, fort de l'appui de la Russie, a exclu de négocier avec les manifestants, les qualifiant de "bandits".

4 000 arrestations

Les troubles qui secouent ce pays de 19 millions d'habitants, le plus grand d'Asie centrale, préoccupent les Occidentaux.

L'Allemagne a ainsi annoncé samedi qu'elle arrêtait ses exportations d'armes vers le Kazakhstan.

L'UE avait appelé vendredi à la "retenue", Pékin saluant au contraire les "mesures fortes" prises par le président kazakh.

Les autorités ont affirmé que 26 "criminels armés" avaient été tués et plus d'un millier de manifestants blessés, les forces de l'ordre faisant état par ailleurs de 18 tués et 748 blessés dans leurs rangs. Plus de 4 000 personnes ont été arrêtées.

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Ces chiffres n'ont pas pu être vérifiés de manière indépendante.

Première victime étrangère connue, un ressortissant israélien âgé de 22 ans, vivant au Kazakhstan, a été tué par balle vendredi, a annoncé samedi le ministère israélien des Affaires étrangères.

Signe que la situation n'était pas totalement revenue à la normale, l'aéroport d'Almaty, qui avait annoncé samedi qu'il rouvrirait lundi, restera finalement fermé "pour une durée indéterminée", ont rapporté des médias locaux.

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