Afghanistan : l'appel à l'aide humanitaire record lancé par l'ONU

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Par Euronews avec AFP
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L'Onu a a demandé mardi plus de quatre milliards d'euros -un montant record- pour tenter d'empêcher l'Afghanistan de sombrer dans l'une des plus graves catastrophes humanitaires de son histoire.

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L'ONU a demandé mardi plus de quatre milliards d'euros (cinq milliards de dollars) - un montant record - pour tenter d'empêcher l'Afghanistan de sombrer dans l'une des plus graves catastrophes humanitaires de son histoire.

Plus de la moitié de la population a besoin d'aide

Ce plan d'aide humanitaire est seulement une solution d'urgence, mais "le fait est que sans (ce plan d'aide), il n'y aura pas d'avenir" pour l'Afghanistan, a asséné Martin Griffiths, le sous-secrétaire général de l'ONU aux Affaires humanitaires, au cours d'un point de presse à Genève cette semaine.

L'ONU a besoin de 3,8 milliards d’euros (4,4 milliards de dollars) des pays donateurs pour financer les besoins humanitaires cette année, le plus important montant jamais réclamé pour un seul pays, souligne un communiqué de l'organisation.

"Si le pays s'effondre, implose (...) alors on verra un exode beaucoup plus important de gens. Et ce mouvement de population sera difficile à gérer dans la région mais aussi au-delà, parce que cela ne va pas s'arrêter dans la région"
Filippo Grandi
Haut-commissaire aux réfugiés

Ce montant serait consacré à étendre la livraison de nourriture et le soutien à l'agriculture, financer des services de santé, des traitements contre la malnutrition, des refuges d'urgence, l'accès à l'eau et l'assainissement mais aussi l'éducation. Quelque 22 millions de personnes, plus de la moitié de la population du pays, ont un besoin urgent d'aide.

L'ONU a également demandé 548 millions d'euros (623 millions de dollars) de plus pour venir en aide aux 5,7 millions d'Afghans réfugiés, parfois depuis de longues années, dans cinq pays limitrophes, principalement l'Iran et le Pakistan.

Filippo Grandi, le Haut-commissaire aux réfugiés a mis en garde sans détour : "si le pays s'effondre, implose (...) alors on verra un exode beaucoup plus important de gens. Et ce mouvement de population sera difficile à gérer dans la région mais aussi au-delà, parce que cela ne va pas s'arrêter dans la région".

A Kaboul, les talibans ont salué l'appel de l'ONU.

"Nous avons besoin de nourriture et d'autres types d'aide humanitaire pour le peuple afghan, plus de 90% des gens vivent en-dessous du seuil de pauvreté", a déclaré à l'AFP, un haut responsable taliban, Suhail Shaheen.

Les Etats-Unis -dont le retrait accéléré de l'assistance militaire a précipité l'arrivée des talibans au pouvoir- ont annoncé dans la foulée un premier don de 271 millions d'euros (308 millions de dollars).

Cet argent doit en priorité aider à l'alimentation, la santé ainsi que la protection des rigueurs de l'hiver, a souligné l'Agence américaine d'aide internationale (USAID), dans un communiqué.

Pas d'argent pour les talibans

L'Afghanistan est dirigé depuis la mi-août par les talibans qui ont repris le pouvoir, chassant le gouvernement soutenu à bout de bras par la communauté internationale et la puissance militaire américaine après 20 ans de guérilla.

Le régime de sanctions mis en place pour tenter de faire faire des concessions aux fondamentalistes islamistes, sur les droits des femmes notamment, a précipité le pays - déjà très dépendant de l'aide internationale - dans une profonde crise économique. Elle est encore aggravée par la sécheresse.

Pour rassurer les donateurs, M. Griffiths a souligné que les fonds - qui représentent un quart du PIB officiel du pays - passeront directement par quelque 160 ONG et agences onusiennes sur le terrain. Une distribution facilitée par l'amélioration de la situation sécuritaire.

Pour que cette aide soit la plus efficace, "tous les travailleurs humanitaires, en particulier les femmes, doivent être autorisés à opérer indépendamment, en toute sécurité et avoir la possibilité d'arriver aux femmes et filles sans entraves", a insisté l'USAID.

La décision du Conseil de sécurité en décembre de faciliter pendant un an l'aide humanitaire et des gestes de bonne volonté de Washington ont contribué à rassurer les acteurs financiers, paralysés par la peur de contrevenir aux sanctions et privant ainsi le pays des liquidités indispensables à son fonctionnement.

Fonctionnaires, enseignants, personnels soignants n'ont parfois pas été payés depuis des mois.

Selon le représentant taliban, l'arrivée de dollars aiderait aussi à lutter contre l'inflation dans le pays.

Dialogue de facto

Alors que la communauté internationale cherche toujours un moyen efficace de faire pression sur les talibans pour qu'ils changent en particulier leur manière de traiter les femmes, très rapidement privées de l'essentiel des droits acquis de haute lutte depuis 20 ans, M. Grandi a expliqué que cette aide "créait aussi un espace de dialogue avec les talibans qui est très précieux". Un levier.

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"C'est cet espace que nous devons préserver parce que pour le moment la sphère politique est à la traîne", a-t-il ajouté, reconnaissant toutefois qu'il faudra du temps pour "aller vers la stabilité et qui sait peut-être même une forme de normalisation".

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