Elysée 2022 : quels candidats veulent augmenter les salaires ?

Des manifestants en faveur du pouvoir d'achat à Nantes (France), le 27 janvier 2022
Des manifestants en faveur du pouvoir d'achat à Nantes (France), le 27 janvier 2022 Tous droits réservés LOIC VENANCE/AFP or licensors
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Par Maxime Bayce
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Alors qu'une journée de mobilisation pour les salaires s'est déroulée en France ce jeudi, et que la question du pouvoir d'achat s'impose dans la campagne, on fait le tour des positions des principaux candidats à la présidentielle sur le sujet.

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Des milliers de manifestants à travers la France se sont mobilisés ce jeudi en faveur d'une hausse générale des salaires. Avec une inflation à 2,8% selon l’Insee, la crainte d’un décrochage refait surface dans les catégories populaires. D’autant que les prix du carburant, du gaz et de l’électricité ne devraient pas baisser dans l’immédiat. A moins de trois mois de l’élection présidentielle, la question du pouvoir d’achat et des salaires débarque bruyamment dans la campagne. Quelles sont les principales idées des candidats en matière de rémunération des salariés ? Euronews fait le point.

Complètement étouffé jusqu'ici par le brouhaha ambiant engendré par les polémiques sur l’immigration et la sécurité, le pouvoir d’achat semble finalement s’imposer comme le sujet incontournable des semaines de campagne à venir. Si l'on en croit les sondages, c'est de manière assez stable la thématique qui concerne le plus largement les Français et ce qu'importe la couleur politique de la personne interrogée.

A gauche, où la question salariale est traditionnellement un marqueur fort, ce jeudi Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel ou Yannick Jadot se sont mêlés au cortège parisien.

Jean-Luc Mélenchon, le Smic à 1400 euros

Chez Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis, l’augmentation du salaire minimum fait partie des engagements incontournables. En cas de victoire, il passerait à 1400 euros net par mois, soit 131 € de plus que le Smic actuel (son montant est de 1 269 euros au 1er janvier 2022, Ndlr). Ils prévoient aussi de limiter les écarts de salaire au sein d’une même entreprise de 1 à 20.

Le député de Marseille veut dégeler le point d’indice pour les fonctionnaires qui n’a pas évolué, à l’exception de coups de pouce ponctuels, depuis 2010. Enfin, il a affirmé vouloir créer une allocation autonomie pour les jeunes de moins 25 ans. Elle s’élèverait à 1063 euros par mois et serait financée par la taxation des héritages au-delà de 12 millions d’euros.

Fabien Roussel veut augmenter les fonctionnaires

Absent de la présidentielle depuis deux scrutins, les communistes et leur candidat Fabien Roussel ont fait des salaires le premier point abordé dans leur programme. Avec eux, le Smic passerait à 1500 euros mensuel net (soit 1923 brut). En plus, ils annoncent la tenue d’une convention tripartite (État, organisations patronales, organisations syndicales des salariés) pour une hausse généralisée des salaires. Côté fonction publique, le candidat communiste dit compter augmenter de 30% tous les agents.

"Fin du mois, fin du monde, même combat", le Smic à 1500 euros pour Yannick Jadot

Pour prendre ses distances avec l’image d’un parti souvent qualifié de "bobo", le candidat écologiste Yannick Jadot a musclé son discours sur les petits salaires. "Il y a un enjeu majeur sur le pouvoir d’achat", avait-il estimé lors d'une conférence de presse le 15 décembre. Il s’est ainsi engagé à relever le Smic à 1500 euros, mais d’ici la fin du quinquennat, en 2027. Les écologistes "souhaitent" également dégeler la valeur du point d'indice des 5,6 millions d'agents publics, mais n'ont pas précisé de calendrier.

Un "combat" de Christiane Taubira

La nouvelle venue à gauche dans la course à l’Elysée n’a pas encore publié de programme. Un site référençant ce qu’ils appellent ses "combats", des grands axes esquissés lors de son discours de candidature du 15 janvier, existe bien. On sait donc pour l’instant que, comme Jean-Luc Mélenchon, elle souhaite faire passer le salaire minimum légal à 1400 euros net mensuel. Elle a aussi annoncé vouloir "réunir immédiatement une conférence sur les bas salaires". "Les entreprises qui refuseront de négocier et d’augmenter les rémunérations ne toucheront plus d’aides publiques et ne bénéficieront plus d’exonération de cotisations sociales".

Anne Hidalgo au diapason

Un combat également partagé par son ancienne camarade à la primaire populaire. Dès son arrivée au pouvoir, Anne Hidalgo veut augmenter le Smic de 200 euros - ce qui le ferait passer à environ 1450 euros - et souhaite aussi convoquer des négociations sur une augmentation générale des salaires par branche.

Pas d'augmentation pour le "non-candidat" Macron

Au centre droit, Emmanuel Macron, qui n’est pas encore officiellement candidat, a lui pour l’instant exclu une augmentation du salaire minimum. Sa ministre du Travail avait annoncé endécembre que sa revalorisation n’irait pas au-delà de l’inflation. La dernière hausse décidée par un président remonte ainsi à 2012 au début du quinquennat de François Hollande. En réalité, pour donner un coup de pouce aux travailleurs pauvres Emmanuel Macron compte davantage sur diverses prestations sociales comme la prime d’activité dont les conditions d’accès avaient été assouplies suite à la crise des Gilets jaunes.

Une "priorité absolue" pour Valérie Pécresse

A droite, en feuilletant les programmes, il faut généralement fouiller un peu plus loin pour comprendre ce que proposent en la matière les candidats.

Valérie Pécresse, qui a pourtant affirmé faire de la revalorisation des salaires "une priorité absolue" n’évoque la question qu’en page 8 - après quatre pages de propositions sur l’immigration et la sécurité. Elle dit vouloir augmenter les salaires - inférieurs à 2,2 Smic - de 10%, en imposant dès l’été une baisse des cotisations vieillesse payées par les salariés.

Ce jeudi, alors que les manifestants défilaient à Paris, elle a affirmé vouloir "demander aux entreprises en échange d'une politique de baisse de leurs charges (...) de prendre aussi part à cette hausse des salaires".

Baisse des cotisations pour Marine Le Pen

A l’extrême droite, Marine Le Pen est elle aussi en faveur d’une hausse. Mais comme Valérie Pécresse, elle compte la compenser en réduisant les cotisations. En novembre dans une tribune aux Echos intitulée "Le travail doit payer", la patronne du Rassemblement national avait dit vouloir exonérer de cotisations patronales les entreprises qui augmentent de 10% leurs salariés gagnant jusqu’à trois fois le Smic.

Eric Zemmour contre les "impôts sociaux"

Quant à Eric Zemmour, il semble beaucoup plus disserte au sujet du "grand remplacement" que de la "grande augmentation". Sur son site de campagne, il est tout de même fait mention de sa volonté d’augmenter "jusqu’à plus de 100 euros" net par mois un travailleur au Smic. Comme Valérie Pécresse et Marine le Pen, il le financerait en baissant les cotisations, les "impôts sociaux" comme il les nomme.

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