Mali : la junte militaire décide d'expulser l'ambassadeur de France

De g. à dr. : Joël Meyer, ambassadeur de France au Mali (le 22/01/2022) - Manifestation anti-française à Bamako (14/0 1/2022) - Col. Assimi Goita à Bamako (24/10/2021)
De g. à dr. : Joël Meyer, ambassadeur de France au Mali (le 22/01/2022) - Manifestation anti-française à Bamako (14/0 1/2022) - Col. Assimi Goita à Bamako (24/10/2021) Tous droits réservés AFP Photo : Nicolas Réméné / AP Photo: Harandane Dicko
Par euronews avec AFP
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Les autorités de Bamako ont donné 72 heures à l'ambassadeur français pour quitter le pays. Paris, après avoir "pris note" de cette décision, a rappelé son représentant au Mali.

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Les autorités maliennes dominées par les militaires ont décidé d'expulser l'ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade de la brouille entre Bamako et Paris, a annoncé ce lundi la télévision d'Etat.

"Le gouvernement de la République du Mali informe l'opinion nationale et internationale que ce jour (...) l'ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu'il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l'invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures", a indiqué un communiqué lu par la télévision d'Etat.

JT de 13h du 31 décembre 2022 de la chaîne ORTM1

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Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations "hostiles" de responsables français à leur encontre.

Cette convocation marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, l'ancienne puissance coloniale engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n'ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique.

La ministre française des Armées Florence Parly avait déclaré le 25 janvier dernier que la junte multipliait "les provocations". Son collègue français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la junte d'"illégitime" et ses décisions d'"irresponsables", après que les autorités maliennes eurent poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.

L'expulsion de Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, "fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l'égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées", a également avancé le communiqué lu à la télévision malienne, canal de communication privilégié des autorités.

"Réflexes coloniaux"

"Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations", a ajouté le texte, dans lequel Bamako "réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l'ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence".

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait prévenu vendredi que son pays n'excluait "rien" dans ses relations avec la France.

La junte est entrée ces derniers mois en résistance face à une grande partie de la communauté internationale et des partenaires du Mali, qui pressent pour un retour des civils à la tête du pays.

La France et ses alliés européens s'alarment aussi de l'appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, accusé d'exactions en Centrafrique et engagé sur d'autres théâtres. La junte persiste à démentir.

La junte, qui entend se maintenir plusieurs années à la direction du Mali, s'est braquée face aux pressions en invoquant la souveraineté nationale. Les officiels maliens s'en sont eux-mêmes durement pris à la France, ainsi qu'à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali.

Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement dit de transition, s'était livré mercredi à une charge virulente contre Mme Parly et la France, accusée de chercher à diviser les Maliens, "d'instrumentaliser" les organisations sous-régionales et de conserver ses "réflexes coloniaux". Il avait donné pour "conseil" à Mme Parly de se taire.

Paris "prend note" et rappelle son ambassadeur

Plus tard dans la journée de ce lundi, la France a indiqué "prendre note" de l'expulsion de son ambassadeur au Mali, selon une déclaration de Jean-Yves Le Drian, le ministère français des Affaires étrangères, rappelant sa solidarité à l'égard de ses partenaires européens et son engagement à poursuivre la lutte antiterroriste.

"La France prend note de la décision des autorités de transition (maliennes) de mettre fin à la mission de l'ambassadeur de France au Mali. En réaction, la France a décidé de rappeler son ambassadeur", a indiqué le Quai d'Orsay. Paris a aussi exprimé "sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark", dont le contingent vient d'être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako.

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