Roberto Toledo, quatrième journaliste assassiné au Mexique depuis le début de l'année

Une femme affiche des photos de journalistes assassinés lors d'une manifestation nationale pour dénoncer les meurtres de Lourdes Maldonado et de Margarito Martínez, à Mexico.
Une femme affiche des photos de journalistes assassinés lors d'une manifestation nationale pour dénoncer les meurtres de Lourdes Maldonado et de Margarito Martínez, à Mexico. Tous droits réservés Photo : Eduardo Verdugo (Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.)
Tous droits réservés Photo : Eduardo Verdugo (Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.)
Par Euronews avec AP, AFP
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Roberto Toledo vient d'être tué par balles au Mexique. Il travaillait comme caméraman pour le Monitor Michoacán, un site d'information locale qui enquête notamment sur la corruption gouvernementale au Mexique.

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C'est le directeur du site d'information locale Monitor Michoacán pour lequel travaillait Roberto Toledo comme caméraman et monteur vidéo, qui a annoncé sa mort ce lundi.

Selon Armando Linares qui souligne que son média avait reçu des menaces pour son travail d'enquête sur la corruption gouvernementale au Mexique, trois assaillants auraient abattu Roberto Toledo dans la ville de Zitacuaro.

"Pour avoir dénoncé des administrations, des fonctionnaires et des politiciens corrompus, cela a conduit aujourd'hui à la mort de l'un de nos collègues", a déclaré Armando Linares. "Des gens se sont approchés de lui et l'ont abattu".

"L'équipe du Monitor Michoacán a subi pendant des semaines et des mois des menaces de mort. Nous savons d'où cela vient", a-t-il ajouté sans toutefois nommer précisément les personnes qu'il pense être responsables.

Roberto Toledo est le quatrième journaliste assassiné depuis le début de l'année dans ce pays.

Le Mexique sous le choc après plusieurs assassinats de journalistes

Le 25 janvier dernier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Mexico devant le siège du ministère de l'Intérieur, sous le slogan "Nous exigeons la justice". Des photos de journalistes assassinés avaient alors été projetées sur les murs du bâtiment. 

D'autres rassemblements de ce type avaient également été convoqués dans une quarantaine de villes à travers le pays, dont Tijuana, sous le mot d'ordre: "Ni silence, ni oubli", et tous faisaient suite à l'assassinat mi-janvier de deux journalistes à Tijuana en moins d'une semaine.

Lourdes Maldonado Lopez a été tuée le 23 janvier par "arme à feu alors qu'elle se trouvait à bord d'un véhicule", a indiqué le parquet général de l'Etat de Basse-Californie dans un communiqué. Elle "travaillait comme journaliste", a ajouté le parquet en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Elle travaillait pour Primer Sistema de Noticias (PSN), chaîne de télévision appartenant à Jaime Bonilla, gouverneur de l'Etat de Basse-Californie de 2019 à fin 2021, et proche du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.

La victime avait gagné il y a quelques jours un procès contre PSN, qu'elle poursuivait depuis neuf ans pour licenciement abusif.

Elle avait demandé en mars 2019 au président Lopez Obrador, "appui, aide et justice" affirmant avoir "peur pour (sa) vie", selon une vidéo republiée sur les réseaux sociaux à l'annonce de son assassinat.

Le président Lopez Obrador a qualifié de "lamentable" l'assassinat de la journaliste. "Il faut faire une enquête à fond", a-t-il ajouté lors de sa conférence de presse quasi-quotidienne.

Il a indiqué être resté en contact avec la journaliste après son intervention début 2019.

"On ne peut pas, de manière automatique, lier une plainte en droit du travail à un crime", a-t-il prévenu.

"N'oublions pas, c'est tout ce que je demande, que nous sortons d'une période de décadence, et que la violence a commencé à se manifester il y a 20 ou 30 ans", a conclu le président de gauche investi fin 2018 en promettant de rompre avec le néo-libéralisme de ses prédécesseurs qu'il accuse de tous les maux (corruption, inégalités, violences).

Un autre journaliste, le photoreporter Margarito Martinez, avait été tué le 17 janvier dans la même ville. Il collaborait avec l'hebdomadaire Zeta, le quotidien Jornada et des journalistes étrangers en reportage dans la région. Le parquet a déclaré qu'il n'écartait aucun mobile dans son enquête.

Le Mexique, l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes

Au moins sept journalistes ont été tués en 2021 au Mexique, d'après un décompte de l'AFP, qui tente à chaque fois d'établir si la victime était encore en activité, et si elle a été tuée à cause de son travail journalistique.

Cela semble être le cas dans l'Etat du Veracruz (sud-est), où un homme présenté comme un journaliste, JoséLuis Gamboa, a été retrouvé mort poignardé le 10 janvier, ont indiqué lundi plusieurs sources. "Gamboa avait dénoncé et critiqué fortement les autorités locales pour leur relation avec le crime organisé", d'après l'ONG Reporters sans frontières qui classe le Mexique à la 143e place (sur 180) de son Classement mondial de la liberté de la presse 2021.

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Le Mexique est considéré comme l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, exposés aux représailles des cartels de narcotrafiquants à l'œuvre dans plusieurs des 32 Etats du pays.

Une centaine de journalistes ont été tués depuis 2000, d'après des chiffres de la Commission des droits de l'homme.

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