France : ouverture du procès de l'assassinat du père Hamel par des djihadistes

Une photo du père Jacques Hamel déposée au lendemain de sa mort à Saint-Etienne-du-Rouvray (France), mercredi 27 juillet 2016.
Une photo du père Jacques Hamel déposée au lendemain de sa mort à Saint-Etienne-du-Rouvray (France), mercredi 27 juillet 2016. Tous droits réservés Photo : Francois Mori (Copyright 2016 The Associated Press. All rights reserved.)
Tous droits réservés Photo : Francois Mori (Copyright 2016 The Associated Press. All rights reserved.)
Par Euronews avec AFP
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Près de six ans après l'assassinat du père Hamel en pleine messe, à Saint-Étienne-du-Rouvray, les victimes et leurs proches espèrent que le procès qui s'est ouvert lundi à Paris aidera à la "compréhension" de cet attentat djihadiste.

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Près de six ans après l'assassinat du père Hamel en pleine messe, à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), les victimes et leurs proches espèrent que le procès qui s'est ouvert lundi à Paris aidera à la "compréhension" de cet attentat djihadiste, en dépit de l'absence des principaux responsables et de témoins-clé.

Les deux jeunes assassins, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, 19 ans tous les deux, qui se réclamaient du groupe État islamique (EI), avaient été tués par la police à leur sortie de la petite église de la banlieue de Rouen, le 26 juillet 2016.

Proches des accusés, les trois hommes présents dans le box de la cour d'assises spéciale de Paris, Jean-Philippe Jean Louis, Farid Khelil et Yassine Sebaihia, comparaissent pour "association de malfaiteurs terroriste" et encourent trente ans de réclusion criminelle.

Ils sont soupçonnés d'avoir été au courant de leurs projets, d'avoir partagé leur idéologie ou tenté de rejoindre la Syrie.

Le quatrième accusé, Rachid Kassim, instigateur présumé de l'attaque, sera jugé en son absence. Ce propagandiste français de l'EI est présumé mort dans un bombardement en Irak en février 2017. Il est le seul à être mis en examen pour complicité de l'assassinat du prêtre et la tentative d'assassinat d'un paroissien, accusé d'avoir "sciemment encouragé et facilité le passage à l'acte" des deux djihadistes.

"Que ça se termine de bonne façon"

Présent lundi à l'audience, Guy Coponet, qui assistait à la messe avec sa femme et avait été grièvement blessé, a souhaité que le procès permette "que ça se termine de bonne façon".

Aujourd'hui âgé de 92 ans, il "veut comprendre, à travers le procès, comment des jeunes tout juste sortis de l'adolescence en sont arrivés à commettre de telles horreurs", avait expliqué à l'AFP son avocat, Me Méhana Mouhou.

Photo : Francois Mori (Copyright 2016 The Associated Press. All rights reserved.)
Des habitants rendent hommage au père Hamel devant l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray deux jours après sa mort, en juillet 2016.Photo : Francois Mori (Copyright 2016 The Associated Press. All rights reserved.)

En revanche, les trois religieuses aussi présentes à la messe ont fait parvenir un certificat médical attestant qu'elles n'étaient pas en état de venir témoigner.

"On attend que la vérité soit dite sur le manque de moyens qui n'a pu être donné aux forces publiques pour éviter ce massacre sur le corps de mon frère", a déclaré lundi l'une des sœurs du père Jacques Hamel, Roseline.

L'un des assassins, Adel Kermiche, était placé sous bracelet électronique au moment de l'attentat, après un départ avorté vers la Syrie.

La direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris avait aussi été mise en cause car, selon un article paru en 2018 dans Mediapart, ses enquêteurs avaient eu accès une semaine avant l'assassinat à des messages du jeune homme sur la messagerie cryptée Telegram où il évoquait une attaque dans une église.

"On attend que la vérité soit dite sur le manque de moyens qui n'a pu être donné aux forces publiques pour éviter ce massacre sur le corps de mon frère"
Roseline
L'une des sœurs du père Jacques Hamel

Mais sur les cinq agents de ce service cités à témoigner par un avocat des parties civiles, quatre ne sont "pas aptes psychologiquement à être entendus lors du procès", selon des certificats médicaux cités par le président de la cour. La directrice du renseignement a proposé de venir déposer à leur place, les disant pour certains "brisés psychologiquement" par cette affaire ainsi que par l'attentat survenu en 2019 dans les locaux de la préfecture de police.

"Nous voulons comprendre" si l'attentat aurait pu être évité, a insisté Me Mouhou, craignant "un procès qui ne sera pas définitivement purgé", tandis que Francis Szpiner, avocat de plusieurs proches du prêtre assassiné a regretté une "dérobade" des policiers qui risque d'"alimenter un sentiment de suspicion".

"L'excuse qui est offerte, à savoir que les quatre policiers cités, chargés du renseignement, chargés de la sécurité du pays, seraient à ce point affectés (...) qu'ils ne pourraient pas se déplacer jusqu'ici, franchement c'est très difficile à entendre pour les parties civiles, qui elles aussi ont vécu le drame d'un attentat", a regretté Christian Saint-Palais, avocat de Roseline Hamel, à la suspension d'audience.

La cour décidera ultérieurement si elle passe outre ou non à leur audition.

L'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, s'est lui interrogé auprès de l'AFP sur la responsabilité des trois accusés _"détenus depuis cinq ans" _: "Sont-ils coupables ? De quoi ?"

Pour Béranger Tourné, avocat de Jean-Philippe Jean Louis, la réponse est claire : ces trois accusés ne sont "que trois lampistes (...) que l'on tente de raccrocher" de façon artificielle à l'attentat.

Ils nient tous avoir eu connaissance des projets d'action violente des deux assassins.

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L'audience est prévue pour durer près de quatre semaines.

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