Décès du premier patient greffé avec un cœur de porc deux mois après son opération

Archives : le cœur de cochon avant d'être greffé sur le patient, le 7 janvier 2022, par les équipes de l'école de médecine de l'Université du Maryland aux Etats-Unis
Archives : le cœur de cochon avant d'être greffé sur le patient, le 7 janvier 2022, par les équipes de l'école de médecine de l'Université du Maryland aux Etats-Unis Tous droits réservés Mark Teske/University of Maryland School of Medicine via AP
Par euronews avec AFP
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David Bennett, 57 ans, est décédé ce mardi, après que son état "a commencé à se détériorer il y a plusieurs jours", a déclaré dans un communiqué l'hôpital de l'Université du Maryland.

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Le premier patient au monde à avoir reçu une greffe de coeur d'un porc génétiquement modifié est décédé deux mois après son opération, a annoncé mercredi l'hôpital où il était pris en charge, tout en soulignant que l'expérience représentait malgré tout une grande avancée pour la recherche.

David Bennett, 57 ans, est décédé mardi, après que son état "a commencé à se détériorer il y a plusieurs jours", a déclaré dans un communiqué l'hôpital de l'Université du Maryland. "Lorsqu'il est devenu clair qu'il ne se remettrait pas, des soins palliatifs lui ont été prodigués."

L'opération, réalisée le 7 janvier, avait soulevé de grands espoirs, car de telles xénogreffes -- d'un animal à un humain -- pourraient potentiellement permettre de remédier à la pénurie de dons d'organes.

"Le cœur a très bien fonctionné durant plusieurs semaines, sans aucun signe de rejet", a déclaré l'hôpital. Après l'opération, "le patient a pu passer du temps avec sa famille et participer à des activités de physiothérapie pour l'aider à reprendre des forces". Il avait même pu regarder le très populaire match de finale de football américain, le Super Bowl.

L'expérience peut ainsi être considérée comme un succès, selon les chercheurs.

"Nous avons obtenu des informations de grandes valeurs, et appris qu'un coeur de porc génétiquement modifié peut correctement fonctionner à l'intérieur d'un corps humain lorsque le système immunitaire est adéquatement bridé", a déclaré Muhammad Mohiuddin, directeur scientifique du programme de xénotransplantations de cet hôpital. "Nous restons optimistes et prévoyons de continuer notre travail lors de futurs essais cliniques."

Le porc dont provient le cœur greffé avait été génétiquement modifié afin d'éviter un rejet immédiat. Un nouveau médicament expérimental avait également été utilisé, en plus des médicaments anti-rejet habituels, pour inhiber le système immunitaire. Lors de greffes, le danger est en effet que ce dernier ne détecte l'organe comme un corps étranger et se mette à l'attaquer.

Sans cette greffe, David Bennett était condamné. "C'était soit la mort, soit cette greffe. Je veux vivre", avait-il déclaré la veille de l'opération.

"Jusqu'à la fin, mon père voulait continuer à se battre pour préserver sa vie et passer plus de temps avec sa famille", a déclaré dans un communiqué son fils, David Bennett Jr. "Nous avons pu passer de précieuses semaines ensemble lorsqu'il se remettait de son opération, des semaines que nous n'aurions pas eues sans cet effort miraculeux".

"Nous espérons que cette histoire puisse être un début d'espoir, et non la fin", a-t-il ajouté.

Le porc, donneur idéal

Près de 110 000 Américains sont actuellement sur liste d'attente pour une greffe d'organe et plus de 6.000 personnes qui auraient besoin d'une greffe meurent chaque année dans le pays.

En 1984, un cœur de babouin avait été transplanté sur un bébé mais la petite, surnommée "Baby Fae", n'avait survécu que 20 jours.

Les valves cardiaques de porc sont déjà très utilisées chez les humains, et leur peau peut être utilisée pour des greffes sur de grands brûlés.

Pour beaucoup, les porcs représentent des donneurs d'organes idéaux en raison de leur taille, de leur croissance rapide et de leurs portées, qui comptent beaucoup de petits.

Après l'annonce de l'opération, les médias américains avaient révélé que David Bennett avait été condamné par le passé pour avoir poignardé un homme en 1988. La victime s'était retrouvée paralysée, en fauteuil roulant.

La déontologie médicale interdit que le passé des patients influence la façon dont ils sont soignés.

"Nous sommes dévastés par la perte de M. Bennett", a déclaré mercredi le chirurgien Bartley Griffith, qui avait réalisé la greffe. "Il a démontré être un patient courageux", désormais connu de "millions de personnes dans le monde".

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