Des ONG appellent l'Azerbaïdjan à rétablir l'approvisionnement en gaz dans le Haut-Karabakh

Un soldat arménien tenant le drapeau de la République autoproclamée d'Artsakh (Haut-Karabakh), dans le Haut-Karabakh, le 25 novembre 2020
Un soldat arménien tenant le drapeau de la République autoproclamée d'Artsakh (Haut-Karabakh), dans le Haut-Karabakh, le 25 novembre 2020 Tous droits réservés Sergei Grits/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Stephane Hamalian
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Privé de gaz depuis plusieurs jours et confronté à un froid glacial, le Haut-Karabakh frôle la "catastrophe humanitaire" s'insurge Erevan.

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L'Arménie a mis en garde jeudi contre une "catastrophe humanitaire" dans le Haut-Karabakh, dont l'approvisionnement en gaz, indispensable pour se chauffer est suspendu depuis plusieurs jours. Des ONG pointent la responsabilité de l'Azerbaïdjan.

L'unique gazoduc alimentant la république arménienne autoproclamée du Haut-Karabakh (Artsakh en arménien) provient d'Arménie et passe, depuis la fin de la guerre de 2020, à travers un district dont Bakou a pris le contrôle.

Alors que les températures de ce territoire montagneux restent souvent négatives en cette période, les près de 110 000 personnes qui y vivent se sont retrouvées privées de gaz à deux reprises.

Plus de dix jours sans gaz dans le froid hivernal

Une première interruption a eu lieu du 8 au 18 mars, le tube provenant d'Arménie ayant été endommagé. Erevan et Stepanakert (capitale du Haut-Karabakh) ont accusé l'Azerbaïdjan d'avoir délibérément empêché les équipes techniques de réparer le gazoduc, retardant sa remise en service.

Tout justes rétablies après dix jours d'interruption, les livraisons de gaz ont de nouveau été suspendues le 21 mars, a dénoncé le ministre des Affaires étrangères de la république autoproclamée, Artak Beglaryan.

Il accuse les réparateurs azerbaïdjanais du gazoduc d'y avoir "secrètement installé une valve", permettant de couper l'approvisionnement du territoire enclavé.

Bakou a rejeté les plaintes arméniennes, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères considérant ces accusations "sans fondement".

"Les problèmes techniques rencontrés dans les gazoducs de la région en raison de conditions météorologiques sévères depuis plusieurs jours" sont des outils "de manipulation politique" a dénoncé la diplomatie azerbaïdjanaise dans un communiqué.

Des ONG appellent Bakou à "éviter une nouvelle crise humanitaire"

Malgré ces démentis, des organisations non gouvernementales ont pointé la responsabilité de Bakou, l'ONG Freedom House appelant l'Azerbaïdjan à "prévenir une crise humanitaire en rétablissant l'approvisionnement en gaz sans entrave des habitants" du Haut-Karabakh, qui ont "enduré des semaines de températures glaciales sans chauffage ni eau chaude".

Le directeur associé d'Human Rights Watch pour l'Europe et l'Asie centrale, Giorgi Gogia, a lui aussi souligné que "pour la deuxième fois en deux semaines, les habitants du Haut-Karabakh se retrouvent sans chauffage par des températures glaciales à cause d'un gazoduc traversant le territoire contrôlé par l'Azerbaïdjan".

"Des mesures urgentes sont nécessaires pour éviter une nouvelle crise humanitaire" a-t-il alerté en précisant que des écoles et de nombreuses boulangeries étaient dans l'incapacité de fonctionner, entraînant "une grave pénurie de pain".

Mercredi, l'Union européenne a déclaré qu'il y avait "un besoin urgent d'assurer une reprise immédiate des livraisons de gaz à la population locale affectée".

Paix précaire

Le cessez-le-feu signé sous l'égide de Vladimir Poutine, ayant mis fin à la guerre dans le Haut-Karabakh en novembre 2020, a mené au déploiement de soldats de la paix russes dans ce territoire majoritairement peuplé d'Arméniens.

Cette signature a contraint l'Arménie de céder à l'Azerbaïdjan des districts du Haut-Karabakh, ainsi que trois régions formant un glacis autour du territoire, désormais dépourvu de lien terrestre direct avec l'Arménie. Seul un corridor sécurisé par les forces russes lie le Haut-Karabakh à l'Arménie.

Depuis, Erevan et Bakou ne parviennent pas à s'accorder sur un traité de paix, l'Azerbaïdjan exigeant un contrôle total sur le Haut-Karabakh. L'Arménie, pour sa part, souhaite un règlement du conflit dans le cadre du groupe de Minsk de l'OSCE, garantissant les droits et les libertés des Arméniens.

L'utilisation par Bakou du levier gazier "montre clairement que la politique de l'Azerbaïdjan à l'égard des Arméniens du Karabakh est de rendre leur vie impossible sur leur propre terre", a affirmé le Premier ministre arménien Nikol Pachinian jeudi lors d'une réunion du gouvernement.

"L'Azerbaïdjan terrorise notre population pour que les gens partent du Karabakh", a dénoncé à l'AFP Loussiné Avanessian, porte-parole des autorités de la république auto-proclamée, non-reconnue par la communauté internationale.

Jeudi soir, les autorités arméniennes ont accusé les forces azerbaïdjanaises d'avoir violé le cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh, et d'avoir franchi la ligne de contact pour occuper la localité de Parukh.

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Sans nier ce franchissement, Bakou a affirmé que les positions et les localisations étaient "en cours de clarification" dans ce secteur. Le ministère azerbaïdjanais de la défense a dénoncé une "hystérie" de la part de l'Arménie, qui se livrerait à une "exagération artificielle" de la situation.

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