L'école en France, un cadre sûr et inconnu pour les enfants réfugiés ukrainiens

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Par Monica Pinna
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Environ deux millions d'enfants ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Dans leur pays hôte, on se mobilise pour leur donner accès à l'éducation. Dans le sud de la France, de jeunes Ukrainiens tentent de retrouver une vie d'élève malgré la tragédie qu'ils traversent.

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L'Ukraine comptait 7,5 millions d'enfants au début de l'invasion russe. Plus de 2 millions d'entre eux ont fui le pays. Une fois en sécurité à l'étranger, un élément central de leur accueil, c'est l'accès à l'éducation. En France, plus de 12 000 élèves ukrainiens ont intégré le système scolaire depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Dans l'académie de Grenoble où plus de 800 enfants réfugiés d'Ukraine ont repris le chemin de l'école, notre reporter Monica Pinna a rencontré quelques-uns d'entre eux et constaté leur grande résilience malgré les épreuves qu'ils traversent.

Jamais on ne pourrait s'attendre à ce qu'un adolescent tranquillement installé dans une salle de classe nous dise : "De nombreuses personnes ont été violées ou tuées, simplement par plaisir. Quand on ne veut pas voir ça ou être concerné, il faut fuir." C'est pourtant ce que m'a confié Serhii, âgé de 17 ans et originaire de Dnipro dans l'est de l'Ukraine. Il est arrivé en France sans ses parents. Ses 25 camarades sont tous des adolescents venus de la même ville ukrainienne. Ils ne s'étaient jamais rencontrés auparavant, mais aujourd'hui, pour Serhii, ils forment une famille. "On sait tous qu'on est dans la même situation," explique l'adolescent. "Si l'un d'entre nous apprend le décès de ses parents, ce sera la pire chose pour nous tous et tout le monde sera solidaire," souligne-t-il.

Je rencontre Serhii à la Cité scolaire du Diois à Die, une ville paisible du sud de la France. Pour ces jeunes Ukrainiens, cette région idyllique de montagnes ne pourrait être plus éloignée de l'Ukraine dévastée par la guerre. La direction de l'établissement a mis en place pour eux, des cours intensifs de français en vue de leur faire intégrer progressivement les cours d'autres matières.

Entre rires et larmes

Les discussions au sujet de la guerre s'arrêtent à la porte de la classe, m'assure leur professeure de français. En cours, après les fous rires liés à la prononciation de cette langue, l'atmosphère se fait parfois plus lourde avant de céder de nouveau, la place à l'amusement quand les jeunes Ukrainiens tentent de dire la lettre française "u".

L'objectif des équipes enseignantes ici, c'est non seulement de leur apprendre la langue de leur pays d'accueil, indique le principal de la Cité scolaire Jean-Yves Ebel, mais aussi d'essayer de leur redonner la vie sociale de n'importe quel adolescent. "L'une des missions de l'éducation," ajoute-t-il, "c'est de leur donner un lieu pour développer leur personnalité et leur bien-être."

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La Cité scolaire du Diois a mis en place des cours intensifs de français pour un groupe de 26 adolescents ukrainienseuronews

Un environnement de respect et d'attention

L'intégration des enfants ukrainiens dans les établissements scolaires dans lesquels je me suis rendue s'accompagne d'un profond respect et d'une grande attention à leur égard.

J'ai été touchée par le petit Andrii, 9 ans et originaire de Kyiv, dans sa nouvelle classe à Lyon. Il était le seul élève non francophone sur la vingtaine d'élèves autour de lui. Sa maîtresse utilise une application de traduction sur son smartphone pour communiquer avec lui. Ses camarades lui parlent par gestes et avec bonne volonté. Quand il était en Ukraine, Andrii était l'un des meilleurs élèves de sa classe. Aujourd'hui, il est en train de faire de grands progrès dans sa compréhension du français.

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Une camarade de classe aide Andrri, originaire de Kyiv, dans sa classe à Lyoneuronews

J'ai quitté les écoles que j'ai visitées avec le sourire et une conviction : les enfants réfugiés, qu'ils soient ukrainiens ou non, méritent la même mobilisation pour leur donner accès à l'éducation.

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