Cannes 2022 : 'EO' un film sensible sur la condition animale

Le producteur britannique Jeremy Thomas avec une photo du réalisateur polonais Jerzy Skolimowski et de son âne, à Cannes, le 20 mai 2022.
Le producteur britannique Jeremy Thomas avec une photo du réalisateur polonais Jerzy Skolimowski et de son âne, à Cannes, le 20 mai 2022. Tous droits réservés Photo : LOIC VENANCE/AFP
Tous droits réservés Photo : LOIC VENANCE/AFP
Par Frédéric Ponsard avec AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

L'errance d'un âne en proie à la folie des hommes : en compétition officielle à Cannes, 'EO', du Polonais Jerzy Skolimowski, ose faire de l'animal le personnage principal d'un film à la photographie spectaculaire.

PUBLICITÉ

[A voir ci-dessus le reportage à Cannes de notre envoyé spécial]

L'errance d'un âne en proie à la folie des hommes : en compétition officielle à Cannes, 'EO' traduction anglaise de 'Hi-han', du Polonais Jerzy Skolimowski, ose faire de l'animal le personnage principal d'un film à la photographie spectaculaire.

EO est choyé par sa maîtresse Kadandra, artiste de cirque, dont il affectionne les attentions et les caresses, jusqu'au jour où des militants animalistes, ironie du sort, le font "libérer" en l'envoyant dans une ferme dont il s'échappe.

De là commence un périple solitaire - malgré quelques rencontres équines - des champs polonais aux Alpes italiennes, que Jerzy Skolimowski filme à hauteur de garrot. Au rythme du souffle d'EO, puissant ou saccadé, difficile lorsqu'il se blesse, et dans ses grands yeux tristes, le spectateur partage la détresse de l'âne.

La beauté des images saisit, de forêts oniriques en proie à des flammes imaginaires aux montagnes immortalisées en sépia, autant que dérange la violence des sons, claquements de fouet ou cris bestiaux.

Jerzy Skolimowski inverse les rôles : l'âne, tout en innocence et en sensibilité, est confronté à des humains bestiaux et stupides, comme dépourvus d'âme, ou alors en proie à la folie.

EO, animal domestique, cherche la compagnie humaine pourtant, obstinément, comme dans cette scène burlesque ou il accompagne, bon gré mal gré, une troupe de supporters sportifs avinés dans un bar de campagne.

L'homme qui enferme, soumet, brutalise les animaux, s'invite jusque dans cette scène cauchemardesque où EO parcourt, apeuré, une forêt de nuit, jusqu'à tomber sur un loup agonisant, touché par balles.

Après sept ans loin des écrans, à 84 ans, Jerzy Skolimowski a voulu rendre hommage au "seul film qui (l') avait ému aux larmes": "Au hasard Balthazar" de Robert Bresson (1966), dont il s'inspire largement.

"J'espère que ce film touche le plus de cœurs et de cerveaux humains", a déclaré Jerzy Skolimowski dans une vidéo diffusée vendredi à Cannes, dénonçant aussi "le fait que l'homme utilise l'animal pour sa viande ou sa fourrure". Le réalisateur, victime d'une chute, n'a pu se rendre à Cannes et est actuellement hospitalisé à Varsovie.

La violence dénoncée par le film n'a jamais eu sa place sur le tournage, insiste-t-il, expliquant qu'"avec mon âne, le seul moyen de le persuader de faire quoi que ce soit était la tendresse".

Né en 1938 à Lodz, au centre de la Pologne, Jerzy Skolimowski est profondément marqué par la Seconde Guerre mondiale. Pilier de la Nouvelle vague dans ce pays dans les années 1960, il a notamment tourné "Deep End", "Travail au noir", "Le Succès à tout prix"...

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Rencontre avec Jerzy Skolimovski pour EO, grand film sur la condition animale et notre inhumanité

Un paon s'invite dans un meeting de campagne en Espagne

Wim Wenders présente son film "Perfect Days" à Cannes