Kazakhstan : un référendum pour définitivement tourner la page de Noursoultan Nazarbaïev

Une femme dépose son bulletin de vote dans un bureau au Kazakhstan, le 5 juin 2022
Une femme dépose son bulletin de vote dans un bureau au Kazakhstan, le 5 juin 2022 Tous droits réservés Vladimir Tretyakov/NUR.KZ
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Par euronews avec AFP
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Avec ce référendum, le président Kassym-Jomart Tokaïev veut tourner la page de son prédécesseur, qui perdrait son titre de "Chef de la nation".

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Le Kazakhstan a voté dimanche lors d'un référendum constitutionnel devant clore l'ère de l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev et de son clan, aux commandes pendant 30 ans.

La plus grande ex-république soviétique d'Asie centrale, riche en minerais et en hydrocarbures, a été secouée en janvier par des violences qui ont fait 225 morts.

Ces troubles, les plus meurtriers depuis l'indépendance du pays en 1991, avaient été précédés par des protestations pacifiques contre la hausse du carburant, puis ont dégénéré en affrontements entre forces de l'ordre et civils.

Avant les émeutes, l'actuel président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, 69 ans, était largement considéré comme l'homme de main de M. Nazarbaïev, 81 ans, qui avait démissionné en 2019, en conservant dans l'ombre une grande influence.

Mais les troubles de janvier ont marqué un tournant, le président Tokaïev semblant avoir profité de la crise pour brider l'influence de son prédécesseur et évincer certains de ses proches.

Fin du titre de "Chef de la nation" ?

Le référendum constitutionnel qui se tient dimanche doit modifier environ un tiers des articles de la loi fondamentale kazakhe et, tout particulièrement, retirer à M. Nazarbaïev le titre d'"Elbassy" (Chef de la nation), un statut qui lui donne une autorité considérable.

Un amendement prévoit que les proches des dirigeants ne puissent pas occuper des fonctions gouvernementales majeures, une mesure visiblement destinée à la famille de Nazarbaïev.

Selon M. Tokaïev, la réforme vise à supprimer l'actuel régime "super-présidentiel", longtemps marqué par le culte de la personnalité de Noursoultan Nazarbaïev.

Le "oui" a de fortes chances de l'emporter, aucune campagne pour le "non" n'ayant eu lieu dans un Etat autoritaire connu pour réprimer toute voix critique.

Lutte de pouvoir

Les causes précises des émeutes de janvier restent mystérieuses. Les violences avaient dévasté le centre d'Almaty, mais épargné Nur-Sultan, l'ancienne Astana, rebaptisée en 2018 en l'honneur de M. Nazarbaïev.

Le président Tokaïev a accusé des "terroristes" d'avoir voulu prendre le pouvoir.

L'arrestation, le 8 janvier, d'un proche de M. Nazarbaïev, Karim Massimov, alors chef du Conseil de sécurité nationale, avait toutefois nourri les spéculations sur une lutte de pouvoir.

Après la crise, M. Tokaïev a aussi publiquement critiqué M. Nazarbaïev, l'accusant d'avoir protégé les "riches". Un neveu de l'ex-président, Kaïrat Satybaldy, a été arrêté en mars, accusé de détournements de fonds.

Lors des émeutes, M. Tokaïev avait appelé à l'aide Moscou, qui a envoyé des troupes, dans le cadre d'une alliance militaire. Le Kremlin assure que cette intervention n'a eu aucune contre-partie politique.

Depuis janvier, Noursoultan Nazarbaïev n'a quasiment pas fait d'apparition publique. Mais il a donné lundi une interview où il a appelé à voter en faveur de la réforme.

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