Crise en Italie : le président Sergio Mattarella refuse la démission de Mario Draghi

Le parlement italien.
Le parlement italien. Tous droits réservés Gregorio Borgia/Copyright 2022 The Associated Press.
Par Euronews avec AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

L'avenir du gouvernement de Mario Draghi était compromis après la décision du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), membre de la coalition au pouvoir, de boycotter un vote de confiance sur un texte discuté jeudi au Sénat.

PUBLICITÉ

L'avenir du gouvernement de Mario Draghi était fort compromis après la décision du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), membre de la coalition au pouvoir, de boycotter un vote de confiance sur un texte discuté jeudi au Sénat. Le Premier ministre a donc annoncé ce jeudi sa démission, mais le président italien Sergio Mattarella l'a refusé.

Conformément à l'annonce faite mercredi soir par Giuseppe Conte, prédécesseur de Mario Draghi et actuel patron du M5S, les sénateurs de son parti n'ont pas participé au vote de confiance demandé par l'exécutif à l'occasion du vote sur un décret-loi contenant des mesures d'environ 23 milliards d'euros pour aider les familles et les entreprises face à l'inflation. L'ancien de Banque centrale européenne dispose d'une majorité pour gouverner même sans les 5 Etoiles mais il a affirmé à plusieurs reprises qu'il n'y aurait pas de gouvernement sans eux.

Il était en effet arrivé aux affaires début 2021 pour constituer une coalition d'"unité nationale" susceptible de surmonter l'urgence pandémique et la crise économique qui s'est ensuivie. Or sans le soutien des M5S, il considère que son gouvernement devient "politique" et estime n'avoir pas été mandaté pour conduire un cabinet de cette nature.

"Il semble pour le moment qu'il n'ait pas l'intention de retourner devant le parlement pour voir s'il dispose d'une autre majorité", analysait Franco Pavoncello, professeur de Sciences politiques à l'université américaine de Rome John Cabot.

L'histoire est italienne, et donc compliquée : le décret-loi au centre de la crise politique contient également une mesure pour faciliter la construction d'un incinérateur d'ordures à Rome, à laquelle sont opposés les M5S. Le mouvement s'oppose aux incinérateurs qui selon eux sont coûteux, polluants, peu efficaces et n'incitent pas la population au tri sélectif. Ils réclament aussi l'instauration d'un salaire minimum et d'un revenu citoyen.

Manoeuvres politiques

Mais le mouvement a aussi, voire surtout, des arrière-pensées électoralistes, selon les analystes. "Le M5S s'écroule dans les sondages et a besoin de récupérer de la visibilité (...). Il veut être au centre de l'attention", explique Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et professeur invité à la London School of Economics.

Le M5S, vainqueur des dernières élections législatives, en 2018, avec 32% des voix et une majorité relative au Parlement, n'a cessé depuis de dégringoler dans les intentions de vote, aujourd’hui à 10%-11%, et nombre de ses élus l'ont quitté depuis.

Un tiers de ses députés, environ 50, a fait scission et a suivi l'ancien chef du M5S, l'actuel ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a récemment créé son propre parti, Ensemble pour l'avenir (IPF).

L'incertitude régnant sur l'avenir du gouvernement Draghi n'a pas manqué de causer des turbulences sur les marchés: la Bourse de Milan chutait de plus de 3% jeudi après-midi et le coût de la dette de l'Italie est reparti à la hausse, signe de la nervosité ambiante.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Italie : l'avenir de Mario Draghi se jouera au Parlement ce mercredi

En Irlande aussi, l'accueil des migrants commence à diviser la société

La crise politique polonaise s'approfondit