Tunisie : 94,6% pour le oui à la nouvelle Constitution controversée (résultats préliminaires)

Farouk Bouasker, le président de l'Isie , annonçant les résultats à Tunis, le 26 juillet.
Farouk Bouasker, le président de l'Isie , annonçant les résultats à Tunis, le 26 juillet. Tous droits réservés Hassene Dridi/Copyright 2022 The Associated Press.
Par Euronews avec AFP
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La nouvelle loi fondamentale, adoptée lors d'un référendum qui s'est tenu lundi, accorde de vastes pouvoirs au chef de l'Etat, en rupture avec le système parlementaire en place depuis 2014.

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Le "oui" à la nouvelle Constitution imposée par le président Kais Saied en Tunisie l'a emporté à une majorité écrasante de 94,6%. C'est ce qu'a annoncé mardi le président de l'autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, sur la base de résultats officiels préliminaires.

Le taux de participation, considéré comme très faible, a un peu augmenté "à 2,756 millions d'électeurs", soit 30,5% des inscrits, selon de nouveaux chiffres de l'Isie, contre 2,46 millions de votants et une participation de 27,54% annoncés la veille.

La coalition d'opposants Front du salut national (FSN), qui avait appelé à boycotter le scrutin dénonçant un texte "taillé sur mesure" pour Kais Saied, a accusé l'Isie d'avoir "falsifié" en les amplifiant les chiffres sur l'affluence au scrutin.

Pour le FSN, dont fait partie le mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président, en n'allant pas aux urnes, "75% des Tunisiens ont refusé de donner leur approbation au projet putschiste lancé il y a un an par Kais Saied".

La Tunisie, confrontée à une crise économique aggravée par le Covid et la guerre en Ukraine dont elle dépend pour ses importations de blé, est très polarisée depuis que Kais Saied, élu démocratiquement en 2019, s'est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, arguant d'une "ingouvernabilité" du pays.

Mise en garde

Dans la première prise de position étrangère sur ce référendum contesté, les Etats-Unis ont mis en garde contre le risque que la Constitution ne garantisse pas suffisamment les droits et libertés des Tunisiens.

La nouvelle Constitution inclut des mécanismes de contrepoids affaiblis, qui pourraient compromettre la protection des droits humains et des libertés fondamentales.
Ned Price

"La nouvelle Constitution inclut des mécanismes de contrepoids affaiblis, qui pourraient compromettre la protection des droits humains et des libertés fondamentales", s'est inquiété Ned Price, porte-parole du département d'Etat américain.

Said Benarbia de l'ONG Commission internationale des juristes a émis des doutes "sur la légitimité" du vote avec une aussi faible participation. Pour l'analyste Youssef Cherif, "la plupart des gens ont voté pour l'homme (Kais Saied) ou contre ses opposants, pas pour son texte".

Après 10 ans de déceptions et de faillite totale dans la gestion de l'Etat et de l'économie, les Tunisiens veulent se débarrasser du vieux système et marquer un nouveau tournant.
Noureddine al-Rezgui

C'est le cas de Noureddine al-Rezgui, un huissier qui travaille à Tunis: "Après 10 ans de déceptions et de faillite totale dans la gestion de l'Etat et de l'économie, les Tunisiens veulent se débarrasser du vieux système et marquer un nouveau tournant". Pour lui, "le fait que le niveau de participation ne soit pas génial, c'est normal et comme dans le reste du monde, par exemple aux dernières législatives en France".

L'expert Abdellatif Hannachi relativise aussi la faible affluence, la jugeant "tout à fait respectable compte tenu de l'organisation du scrutin en été, pendant les vacances et en pleine chaleur".

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