Renvois illégaux de migrants en Grèce : un rapport accable Frontex

Archives : agents de Frontex, à Kos en Grèce, le 27 novembre 2021
Archives : agents de Frontex, à Kos en Grèce, le 27 novembre 2021 Tous droits réservés ARIS MESSINIS/AFP
Tous droits réservés ARIS MESSINIS/AFP
Par euronews avec AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Plusieurs média européens ont pu consulté un rapport confidentiel de l'Office européen de la lutte contre la fraude qui indique que l'ancienne direction de Frontex était au courant très tôt de ces renvois illégaux, parfois brutaux, de demandeurs d'asile vers la Turquie.

PUBLICITÉ

L'ancienne direction de l'agence de surveillance des frontières Frontex avait connaissance des renvois illégaux de migrants en Grèce et aurait même co-financé des refoulements, selon un rapport accablant dont "Der Spiegel" publie ce jeudi des extraits.

Frontex était au courant très tôt de ces renvois illégaux, parfois brutaux, de demandeurs d'asile vers la Turquie, affirme ce rapport encore confidentiel de l'Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf), également consulté par le journal français "Le Monde" et le site d'investigation néerlandais "Lighthouse Reports".

"_Au lieu d'empêcher les pushback, l'ancien patron Fabrice Leggeri et ses collaborateurs les ont dissimulés. Ils ont menti au Parlement européen et ont masqué le fait que l'agence a soutenu certains refoulements avec de l'argent des contribuables européen_s", résume le magazine allemand. Les conclusions des enquêteurs avaient provoqué la démission de Fabrice Leggeri fin avril. Le Français avait pris ses fonction à la tête de l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures en janvier 2015. 

JANEK SKARZYNSKI/AFP
Archives : Fabrice Leggeri, l'ancien dirigeant de Frontex, à Varsovie le 16 novembre 2021JANEK SKARZYNSKI/AFP

Le rapport dévoile de nombreux détails. Comme quand les garde-côtes grecs ont, le 5 août 2020, traîné un canot pneumatique avec 30 migrants à son bord non vers la Grèce, mais vers la Turquie. Un avion de Frontex qui patrouillait a filmé la scène.

Au lieu de s'adresser aux autorités grecques, Frontex a arrêté de faire patrouiller des avions au dessus de la mer Egée, au motif qu'elle en avait besoin ailleurs.

Les enquêteurs citent des témoignages de collaborateurs de Frontex mettant en cause M. Leggeri pour avoir fermé les yeux sur ces actes illégaux. Et ils ont trouvé une note écrite évoquant le retrait des avions de surveillance "pour ne pas être témoin".

L'Olaf rapporte aussi qu’au moins six bateaux grecs, cofinancés par Frontex, auraient été impliqués dans plus d’une dizaine de refoulements entre avril et décembre 2020, ce que l'ancien directeur a toujours rejeté.

Interrogé sur la publication, une porte-parole de la Commission européenne a souligné qu'"une série de mesures" avaient déjà été mises en place pour régler la question de la gouvernance de l'agence, dirigée depuis début juillet par la Lettonne Aija Kalnaja.

"En terme de travail sur place avec les autorités grecques, il y a des progrès sur le terrain", a ajouté Anitta Hipper, pointant aussi "une nouvelle proposition de loi pour garantir un système de surveillance solide" du traitement des demandeurs d'asile en Grèce.

En sept ans à la tête de Frontex, Fabrice Leggeri avait accompagné le renforcement de l'agence, qui a été considérablement musclée et dont les effectifs - avec des agents désormais armés - doivent atteindre 10.000 gardes-côtes et gardes-frontières d'ici 2027.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Une quarantaine de migrants coincés à la frontière gréco-turque, une enfant de 5 ans morte

Géorgie : 20 000 personnes contre la "loi russe"

Législatives croates : les conservateurs pro-européens en tête