Sermonné, le président de l'Assemblée générale de l'ONU retire un tweet sur le génocide arménien

Le président de l'Assemblée générale de l'ONU Abdulla Shahid au siège de l'ONU, le 28 février 2022, New York
Le président de l'Assemblée générale de l'ONU Abdulla Shahid au siège de l'ONU, le 28 février 2022, New York Tous droits réservés John Minchillo/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.
Par Stephane HamalianEuronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Mis sous pression par Ankara, le président de l'Assemblée générale de l'ONU retire un tweet sur le génocide arménien.

PUBLICITÉ

Le président de l’Assemblée générale de l’ONU Abdulla Shahid a effacé mercredi un tweet évoquant sa visite au mémorial du génocide des Arméniens à Erevan. Le retrait de cette publication coïncide avec un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères dénonçant "des déformations de faits historiques".

Des photos d'Abdulla Shahid déposant une gerbe de fleurs au mémorial avaient été postées mercredi sur le compte twitter officiel du président de l'Assemblée générale des Nations unies accompagnées d'un court texte : "Dépôt d'une gerbe au mémorial des victimes du génocide arménien. Remerciements particuliers au directeur du Musée-Institut Harutyun Marutyan et à Hasmik Martirosyan pour cette visite".

Bien que retiré, le tweet a été capturé par des internautes. La publication a été reprise notamment par l'organisation arméno-américaine ANCA (Armenian National Committee of America), qui dénonce une "honte" pour le diplomate.

La Turquie refuse toujours de reconnaître le génocide

Dans un communiqué publié mercredi, le ministère turc des Affaires étrangères a dénoncé une visite "manipulée au profit des thèses unilatérales des Arméniens".

"On aurait attendu de M. Shahid, qui assume une fonction qui requiert une approche équitable et impartiale telle que la présidence de l'Assemblée générale des Nations unies, qu'il soit plus prudent et qu'il agisse de manière responsable" indique le communiqué.

"Nous condamnons et rejetons les tentatives de déformation des faits historiques et du droit international par le biais d'une manipulation politique" a précisé Ankara.

Bien que reconnu par une vingtaine d'États dont la Russie, les États-Unis et l'Allemagne, alliée de l'Empire ottoman durant la Première guerre mondiale, la Turquie refuse de reconnaître le génocide, et ce malgré le consensus académique ainsi que l'authentification des télégrammes de l'époque donnant ordre de déporter et de massacrer les Arméniens (ndlr : authentification effectuée par l'historien Taner Akçam).

D'après un article de l'agence de presse Anadolu, La Turquie s'oppose à la présentation de ces incidents comme un "génocide", les décrivant comme une tragédie dans laquelle les deux parties ont subi des pertes.

Contexte de normalisation des relations arméno-turques

Cette communication du ministère turc des Affaires étrangères intervient alors que des pourparlers de normalisation des relations sont actuellement en cours entre Erevan et Ankara. Le 11 juillet dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ont échangé par téléphone, une prise de contact rare entre les deux pays qui n'entretiennent plus de liens diplomatiques depuis près de trente ans.

Des représentants spéciaux pour ces pourparlers avaient été nommés par les deux États en décembre 2021, et quatre réunions ont déjà eu lieu entre les deux délégations, débouchant notamment sur la reprise en février des liaisons aériennes directes entre Istanbul et Erevan.

Lors d'une rencontre à Vienne le 1er juillet dernier, les deux Etats ont accepté de rouvrir leur frontière commune aux citoyens de pays tiers, une mesure qui doit encore être mise en œuvre. Cette frontière a été fermée unilatéralement par Ankara en 1993, en solidarité avec l'Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabagh, amplifiant l'isolement de l'Arménie, enclavée géographiquement.

La Turquie a d'ailleurs fait savoir que son proche allié, Bakou, était sa ligne rouge dans ce processus de normalisation, mettant ainsi une pression supplémentaire sur l'Arménie, qui pour sa part s'est dite ouverte à la reprise sans condition des relations diplomatiques avec Ankara.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Syrie : des milliers de Kurdes manifestent contre les frappes turques

L'Arménie et l'Azerbaïdjan promettent de normaliser leurs relations, une avancée majeure ?

Manifestation de soutien aux Arméniens du Haut-Karabakh à Bruxelles