Euroviews. Le suicide d'une médecin harcelée par les Antivax choque l'Autriche

Manifestation en hommage à la médecin Lisa-Maria Kellmayer, le 2 août 2022
Manifestation en hommage à la médecin Lisa-Maria Kellmayer, le 2 août 2022 Tous droits réservés ORF via EBU
Par Euronews
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Harcelée depuis des mois par les Antivax parce qu'elle conseillait à ses patients de se faire vacciner, Lisa-Maria Kellermayr a mis fin à ses jours dans son cabinet médical.

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Une minute de silence, au son des cloches de la cathédrale Saint-Etienne à Vienne, en Autriche: c'est ainsi que les Autrichiens ont rendu un dernier hommage lundi 1er août à Lisa-Maria Kellermayr, médecin de 36 ans, qui s'est donné la mort ce weekend dans son cabinet médical. 

Un harcèlement qui a duré des mois

La jeune praticienne s'est fait connaître dès 2020 avec ses conseils et rapports sur le développement de la pandémie de COVID-19 diffusés sur les plateaux de chaînes de télévision. Elle critiquait les manifestations d’opposants à la vaccination et au masque, nombreuses en Autriche ces deux dernières années. Elle est devenue la bête noire des antivax, se faisant violemment harceler, en ligne comme au travail. 

Après avoir rendu publiques des menaces de mort à son encontre, la médecin a décidé, en juin, de fermer son cabinet "jusqu'à nouvel ordre", sans pour autant renoncer à son engagement médiatique. C'est là qu'elle se serait donné la mort dans la nuit du du 29 au 30 juillet.

Tweet du rédacteur en chef du Magazine Falter: "C’est incroyablement triste. ⁦Le Dr. Lisa-Maria est morte. Nous passions des heures au téléphone, la peur de ses harceleurs ne l’ont pas lâchée. Elle se sentait abandonnée. Des autorités. Quel drame."

De nombreuses personnalités médiatiques et politiques lui ont rendu hommage. Florian Kenk, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Falter, commente: "_C’est incroyablement triste. ⁦La docteure Lisa-Maria est morte._Nous passions des heures au téléphone, mais la peur de ses harceleurs ne l’avait pas lâchée. Elle se sentait abandonnée. Par les autorités. Quel drame."

Le président autrichien, Alexander van der Bellen, a lui appelé à prendre plus au sérieux les conséquences dangereuses de la haine en ligne: "Arrêtons cette intimidation et cette peur. La haine et l’intolérance n’ont pas leur dans notre Autriche. Enfin, trouvons toujours un moyen de vivre ensemble en paix. Renforçons la cohésion."

Tweet du président autrichien Alexander van der Bellen: "Arrêtons cette intimidation et cette peur. La haine et l’intolérance n’ont pas leur dans notre Autriche. Enfin, trouvons toujours un moyen de vivre ensemble en paix. Renforçons la cohésion."

Un malaise sociétal profond

Selon l'association des médias autrichiens, le suicide de cette médecin reflète une tendance plus large de menaces contre le personnel médical. Le mois dernier, l'Autriche a abandonné sa volonté d'introduire l'obligation vaccinale contre le Covid-19 pour les adultes, constatant qu'il était peu probable que la mesure augmente l'un des taux de vaccination les plus bas d'Europe occidentale. Des dizaines de milliers de personnes avaient régulièrement manifesté contre la mise en place de ces mesures, mettant en évidence une fracture sur les mesures de santé publique que de nombreux pays ont connu.

Cet acte de désespoir remet également la haine en ligne au centre des débats. Le quotidien Der Standard rapporte ainsi un dernier entretien avec Lisa-Maria Kellermayr la veille de son décès et la cite : "Ce qui m’arrive peut arriver à n’importe quel citoyen". L’application spécialisée BanHate indique que 2 817 cas d’attaques en ligne lui ont été rapportés en Autriche l’année dernière. Un chiffre en hausse de 66 % par rapport à la période pré-pandémie.

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