Incendies en France : ils enquêtent comme sur une scène de crime

Des pompiers se tiennent à côté d'un camion de pompiers à La Teste-de-Buch, près d'Arcachon, dans le sud-ouest de la France, mardi 19 juillet 2022.
Des pompiers se tiennent à côté d'un camion de pompiers à La Teste-de-Buch, près d'Arcachon, dans le sud-ouest de la France, mardi 19 juillet 2022. Tous droits réservés AP Photo/Bob Edme
Par Euronews avec AFP
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Dans le Gard, gendarmes, pompiers et forestiers partent à la recherche du moindre indice qui pourrait leur permettre de découvrir l’origine des feux.

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Après le passage des flammes, un "travail de fourmi" . En France_, _gendarmes, pompiers et forestiers enquêtent sur les feux de forêt en appliquant à grande échelle une "méthode criminalistique", à la recherche du plus petit indice et de précieux témoignages.

A Générac, dans le département du sud de pays du Gard, les agents de la cellule départementale de Recherche des causes et circonstances des incendies de forêt (RCCI), gilet fluo sur le dos, entouraient mercredi une zone calcinée de ruban rouge et jaune.

Avançant à petits pas, penchés sur le sol brûlé, ils posaient des drapeaux rouges pour indiquer le chemin du feu dans son sens de propagation, puis des drapeaux jaunes là où il était passé "à reculons".

Des fanions blancs signalent des traces de passage humain, comme des empreintes de pas.

"Comme sur une scène de crime", les agents "balisent" puis "ratissent" l'endroit, à la recherche de "tout élément qui pourrait éclairer l'origine du feu", explique Pascal Sperandio, lui-même membre de la RCCI de la gendarmerie de Nîmes.

"Notre rôle est de déterminer l'endroit exact où l'incendie a pris. Puis de savoir s'il est naturel, accidentel ou criminel. C'est un travail de fourmi", précise l'adjudant-chef Christophe Peigne, responsable de la RCCI du Var, qui intervient sur tous les sites d'incendies "d'origine inconnue ou suspecte".

Dans un été à risque d'incendies en raison de la chaleur et de la sécheresse, ces cellules composées de gendarmes, pompiers et de forestiers de l'Office national des forêts (ONF) sont "particulièrement occupées", ajoute-il.

D'après l'ONF, neuf incendies sur dix sont d'origine humaine et trois sur dix en moyenne sont intentionnels.

Mégots et carburant

Avant l'arrivée de l'équipe sur site, les pompiers ont pour consigne de "geler les lieux", soit d'éteindre le feu "avec un jet diffus" pour ne pas détruire de potentiels indices, explique le colonel Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).

Les agents de la RCCI, appelés sur place dès le signalement de l'incendie, déterminent en premier lieu d'où le feu est parti.

"On obtient entre les drapeaux une forme plus ou moins grande : c'est là que se situe notre zone de départ. Elle se réduit au fil de l'investigation. L'année dernière, sur le grand feu de Gonfaron, on était partis de 2.300 m2 et on a terminé sur moins de 20 m2", raconte Christophe Peigne.

Les agents y cherchent notamment des mégots pouvant ouvrir la piste d'un incendie accidentel et des traces de carburant, aiguillant plutôt vers un feu criminel.

Outre la recherche d'indices au sol, les enquêteurs misent aussi sur les témoignages des riverains ou de promeneurs.

"Dès qu'on parle de nature et de lutte contre le feu, les gens viennent parler, plus qu'avec un gendarme en tenue classique", affirme Christophe Peigne, qui porte lors de ses interventions une chasuble marquée "RCCI".

Après un incendie en début de semaine à Gajan (Gard) une mère de famille a été arrêtée après avoir été aperçue à proximité de l'incendie. A Pont-Saint-Esprit, dans le même département, deux enfants de 10 et 12 ans ont été interpellés sur indications du voisinage.

Zones à risque

"Une à deux fois par an", la RCCI du Var tombe sur un système incendiaire, objet maison ou manufacturé qui peut provoquer un incendie avec retardement. Chaque trouvaille est enregistrée dans une base de donnée à laquelle seule la RCCI a accès, pour ne pas "donner de mauvaises idées".

Plusieurs départs de feu au même endroit tendent aussi à indiquer le passage à l'acte d'un pyromane.

"Les gens qui mettent le feu ont tendance à le faire plusieurs fois. Quand on voit plusieurs départs suspects à la même heure, dans la même zone, on peut quasiment classer comme incendie volontaire sans y aller", affirme Christophe Peigne.

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Une fois le rapport de la RCCI rendu au procureur de la République, il revient à la gendarmerie ou à la police d'enquêter sur l'identité du pyromane.

Les observations de la cellule permettent par ailleurs aux pompiers de connaître les zones à risques, et d'adapter leur dispositif de surveillance, voire de positionner par avance des camions prêts pour intervention.

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