Emmanuel Macron attendu en Algérie, avec défiance : le souvenir de la colonisation reste vif

Les journaux algériens annoncent la visite d'Emmanuel Macron
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Par Laurence Alexandrowicz
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Le déplacement en Algérie d'Emmanuel Macron intervient après une année riche en symboles : le 60ème anniversaire des Accords d'Evian qui mirent fin à plus de sept ans de guerre, et 60 ans d'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation française.

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Les journaux ne parlent que de cela, sur l'autre rive de la Méditerranée. La visite du 25 au 27 août d'Emmanuel Macron en Algérie. Le président français s'était déjà déplacé en 2017, et à Alger on attend sa venue avec un peu de défiance. La colonisation est encore dans les mémoires :

"La France a des intérêts avec nous, et l'Algérie a des intérêts avec la France aussi. Mais notre problème ce n'est pas ces intérêts, c'est que nos archives sont toujours en France et nous n'avons aucune nouvelle d'elles. Elles appartiennent aux martyrs de la guerre. Les discussions ne doivent pas porter uniquement sur les protocoles et le commerce", dit un passant à Alger.

 Ce déplacement intervient après une année riche en symboles : le 60ème anniversaire des Accords d'Evian qui mirent fin à plus de sept ans de guerre, et 60 ans d'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation française.

Un coup de froid en septembre 2021

Emmanuel Macron a multiplié depuis les gestes mémoriels, mais a aussi fâché Alger en septembre dernier, reprochant au système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle" autour de la guerre. L'Algérie avait rappelé son ambassadeur à Paris, jusqu'à ce qu'Emmanuel Macron fasse part de ses "regrets". Les Algériens de France ont aussi leur avis sur les relations entre les deux peuples :

"Il faut avancer ; il ne faut pas rester toujours en arrière, ça fait 62 ans qu'on reste toujours en arrière. Regardez la preuve, il y a le chômage au bled. Ils pleurent, ils disent qu'ils n'aiment pas la France mais la moitié habite en France, dit Moulay, Algérien d'origine. J'attends de la visite d'Emmanuel Macron des ouvertures commerciales, des touristes, que ça revienne comme avant, plein de choses... Il faut que l'Algérie s'ouvre. Elle va pas rester toujours enfermée, c'est vrai ou pas ? L'Algérie, c'est un pays très, très riche, elle a des potentiels, malheureusement, à cause de ceux qui sont au pouvoir..."

"Il y en a qui disent que les Algériens et les Français, ils ne s'aiment pas, dit Mohamed, immigré algérien. Mais on a des intérêts qu'il faut faire avancer. Même, je ne vous aime pas, vous ne m'aimez pas, mais on a des intérêts, il faut les faire. On laisse l'amour, les sentiments, on le laisse de côté, business is business. L'Algérie, c'est la petite fille de la France, ça c'était à l'ancienne mais maintenant, l'Algérie, c'est un Etat, la France, c'est un Etat. Ce sont deux Etats, deux Etats forts, les deux sont forts dans leur territoire, dans la Méditerranée. Cette visite, j'espère qu'il (le président Emmanuel Macron, ndlr) va trouver une solution pour les immigrés qui sont ici parce que la première des choses dont il va parler avec le président algérien, c'est le sujet des immigrés qui sont ici."

Une douzaine d'organisations de la diaspora algérienne ont écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de ne pas "occulter" lors de sa visite en Algérie la question de la "dégradation" des droits humains dans ce pays et "à ne pas cautionner "la dérive despotique du régime algérien".

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