Tigré : les rebelles accusent l’Éthiopie et l’Érythrée d'avoir déclenché une offensive "conjointe"

Sur cette photo d'archive prise le 11 décembre 2020, des jeunes marchent à côté d'un tank abandonné et détruit au sud de la ville de Mehoni, en Éthiopie.
Sur cette photo d'archive prise le 11 décembre 2020, des jeunes marchent à côté d'un tank abandonné et détruit au sud de la ville de Mehoni, en Éthiopie. Tous droits réservés Photo : EDUARDO SOTERAS (AFP)
Tous droits réservés Photo : EDUARDO SOTERAS (AFP)
Par Euronews avec AFP
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Les autorités de la région rebelle du Tigré accusent les armées éthiopienne et érythréenne d'avoir lancé une offensive "conjointe" depuis l'Erythrée, déclenchant "une guerre totale" une semaine après la reprise d'hostilités dans le nord de l'Ethiopie.

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Les autorités de la région rebelle du Tigré ont accusé jeudi les armées éthiopienne et érythréenne d'avoir lancé une offensive "conjointe" depuis l'Erythrée, déclenchant "une guerre totale" une semaine après la reprise d'hostilités dans le nord de l'Ethiopie.

L'Ethiopie, "après avoir repositionné une force militaire massive en Erythrée, a désormais lancé une offensive conjointe avec les forces d'invasion de l'Erythrée", a annoncé le commandement des forces rebelles dans un communiqué.

Les deux armées "attaquent depuis l'Erythrée", qui borde la frontière nord du Tigré, a précisé à l'AFP Kindeya Gebrehiwot, un porte-parole des autorités rebelles.

L'AFP n'est pas en mesure de vérifier ces affirmations. Les journalistes n'ont accès ni au nord de l'Ethiopie ni à l'Erythrée et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière aléatoire.

"L'ennemi (...) allié avec une force étrangère (...) a entamé une guerre totale", accuse le commandement tigréen.

Le gouvernement éthiopien n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Dans un communiqué, il a simplement indiqué que l'armée restait en "posture défensive" pour "contrer les attaques lancées dans toutes les directions" par les rebelles.

Il s'est indigné de la "rhétorique des deux camps" de la communauté internationale, qui met sur le même pied "le gouvernement et une clique belligérante".

Ennemi historique

Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août autour de la pointe sud-est du Tigré entre gouvernement fédéral éthiopien et autorités rebelles du Tigré, en conflit depuis novembre 2020 et qui s'accusent mutuellement d'avoir déclenché ces nouvelles hostilités.

Lors de la première phase du conflit, les forces érythréennes avaient déjà épaulé l'armée éthiopienne envoyée au Tigré par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed pour déloger les dirigeants de la région, qui contestaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

Les militaires érythréens ont été accusés de multiples exactions.

Les autorités rebelles du Tigré sont les dirigeants du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui a gouverné de fait l'Ethiopie durant près de 30 ans jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018.

De 1998 à 2000, un conflit meurtrier a opposé l'Ethiopie et la jeune Erythrée - ancienne province éthiopienne indépendante depuis 1993 - autour de différends sur le tracé de la frontière avec le Tigré et enraciné une haine tenace entre Asmara et le TPLF.

Après l'avoir longtemps nié, M. Abiy - Nobel de la paix en 2019 pour sa réconciliation avec l'Erythrée - a admis en mars 2021 la présence de troupes érythréennes au Tigré, assurant qu'elles étaient sur le départ sans que cela pu être vérifié.

Mercredi, les rebelles avaient dit être attaqués, déjà, par des troupes éthiopiennes et érythréennes dans le Wolkait, un district de l'ouest du Tigré.

Dans la région de l'Amhara, au sud du Tigré, l'armée éthiopienne - épaulée par les forces régionales et des milices locales - a mené jeudi des "tentatives répétées de percée", ont indiqué les rebelles tigréens qui, ces derniers jours y avaient progressé d'une cinquantaine de kilomètres.

Londres jugé "catastrophique" le retour des combats en Ethiopie

Si toutes ces affirmations sont exactes, les combats, initialement localisés autour de la pointe sud-est du Tigré, se déroulent désormais sur trois fronts : au sud, dans l'ouest et dans le nord de la région.

La capitale Mekele a en outre été la cible de deux raids aériens depuis la reprise des combats.

Largement inaudible, la communauté internationale a multiplié depuis une semaine les appels à l'arrêt des combats. Mais les espoirs de négociations entrevus depuis juin semblent désormais loin.

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Londres a jugé jeudi "catastrophique" le retour des combats en Ethiopie et estimé que les "forces tigréennes doivent cesser de combattre en Amhara" et "les forces érythréennes doivent quitter le Tigré".

Rapidement défaits en novembre 2020 par les troupes envoyées par M. Abiy pour déloger l'exécutif du Tigré, les rebelles ont repris mi-2021 la quasi-totalité de la région - à l'exception de l'ouest - lors d'une contre-offensive qui les a vus s'approcher d'Addis Abeba.

Ils se sont ensuite repliés vers le Tigré et accusent depuis le gouvernement "d'assiéger" la région, ce que ce dernier dément.

Le bilan de cette guerre meurtrière est inconnu. Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.

Le Tigré est en outre privé depuis plus d'un an d'électricité, de télécommunications, de services bancaires ou de carburant.

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