La reine Elizabeth et l'Europe, amour et turbulences

La reine Elizabeth II lors d'une visite dans la ville de Poundbury dans le sud-est de l'Angleterre - 27.10.2016
La reine Elizabeth II lors d'une visite dans la ville de Poundbury dans le sud-est de l'Angleterre - 27.10.2016 Tous droits réservés JUSTIN TALLIS/AFP
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Par Valentine Hullin
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🇪🇺 Elle a été pendant des décennies le témoin privilégié de la construction européenne. La reine Elizabeth II s'est éteinte ce jeudi à 96 ans. Quelle relation avait-elle avec l'Europe ?

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Elle avait tout juste 25 ans en 1951 lors de la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, première pierre de l’édifice européen. Depuis, Elizabeth II est aux premières loges de la construction de l'Union européenne. Retour sur une relation entre la reine et l’Europe faite de respect, tumultes et d'inconnues.

Le Royaume-Uni rentre officiellement dans la Communauté économique européenne (CEE) le 1er janvier 1973. Quelques mois avant, en mai 1972, la reine Elizabeth se rend à Paris. C’est alors la deuxième visite officielle de la souveraine dans l’Hexagone. Elle prend la parole, en français, au palais de l’Elysée devant le président Georges Pompidou.

AFP
La reine Elisabeth II and le président français de l'époque Georges Pompidou devant le palais de l'Elysée lors d'une visite d'Etat - 19.05.1972AFP

"Une bonne part du destin de l’Europe a coulé à travers Londres et Paris, comme y coule la Tamise et la Seine", déclare-t-elle. Elle poursuit : "je ne doute pas que ces deux grandes cités différentes par bien des aspects mais qui sont attachées aux mêmes valeurs et partagent les mêmes espérances, continueront toujours à exercer leur influence sur l’orientation et les caractères duprogrès européen"

"Notre famille européenne"

Elizabeth II est aussi au rendez-vous de l'histoire européenne en 1992, trois mois après de la signature du traité de Maastricht qui entérine la création de l'Union européenne. Le 12 mai, elle atterrit sur le tarmac de l'aéroport de Strasbourg-Entzheim (nord-est de la France), dans son tailleur "bleu Europe". Quelques heures plus tard, elle monte à la tribune de l'hémicycle du Parlement européen et prononce un discours ouvertement pro européen. 

Elle cite tour à tour deux des pères fondateurs de l'UE, l'ancien Premier ministre britannique Winston Churchill et Jean Monnet, président français du Conseil. Elle insiste "nous essayons tous de préserver la riche diversité des pays européens. Car si cette diversité venait à être supprimée, nous affaiblirons l’Europe au lieu de la renforcer », avant de conclure "nous construisons ensemble, notre famille européenne"

Prise de parole de la reine devant le Parlement européen à Strasbourg le 12 mai 1992

Brexit et devoir de neutralité

Année après année, la reine se tient à son devoir constitutionnel de neutralité auquel elle est soumise. Sujets nationaux ou européens, elle garde toujours ses distances avec les débats et polémiques qui agitent le Vieux continent.

Pourtant en mars 2016, alors que le Royaume-Uni se déchire à propos du Brexit, The Sun, tabloïd notoirement eurosceptique, remet en doute cette sacro-sainte neutralité. Le journal décrit une scène datant de 2011 lors d'un déjeuner au château de Windsor. La souveraine aurait alors confié à ses convives que l'UE se dirigeait "dans le mauvais sens". 

La réaction de Buckingham Palace est immédiate. « La reine reste neutre sur le plan politique, comme c'est le cas depuis 63 ans, déclare alors un porte-parole du palais royal. Nous ne commentons pas des ragots fallacieux basés sur des sources anonymes."

JOHN MACDOUGALL/AFP
La reine Elizabeth II lors de sa visite à Berlin en 2015JOHN MACDOUGALL/AFP

Le chapeau de discorde

Était-elle favorable à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ? Les camps pro et anti-Brexit n'ont pas cessé de rechercher des indices pour élucider le mystère, et ce jusque dans ses tenues et ses couvre-chefs. 

Lors de son discours d'ouverture du Parlement en juin 2017, Elizabeth II arbore un chapeau bleu, orné de fleurs jaunes. Il n'en fallait pas plus pour que certains internautes et commentateurs y voient un hommage déguisé à l'Europe

En 2019, sa styliste Angela Kelly met fin aux spéculations en expliquant, dans un livre, qu'il s'agissait d'un pur hasard. Simple coïncidence ou message subliminal, le mystère reste entier, encore à ce jour...

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