Cambodge : perpétuité pour le dernier dignitaire khmer rouge vivant

Khieu Samphan à l'énoncé du jugement par la Cour spéciale chargée de juger les Khmers rouges - Phnom Penh, le 22/09/2022
Khieu Samphan à l'énoncé du jugement par la Cour spéciale chargée de juger les Khmers rouges - Phnom Penh, le 22/09/2022 Tous droits réservés AP/Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia
Tous droits réservés AP/Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia
Par euronews avec AFP, AP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Le tribunal spécial chargé de juger les Khmers rouges a confirmé en appel ce jeudi la condamnation à la prison à perpétuité pour Khieu Samphan. Condamné pour génocide, il est le dernier dignitaire en vie du régime des Khmers rouges.

PUBLICITÉ

Le tribunal spécial chargé de juger les Khmers rouges a confirmé en appel ce jeudi la condamnation à la prison à perpétuité pour Khieu Samphan.
Condamné pour génocide, il est le dernier dignitaire en vie du régime des Khmers rouges.

A 91 ans, Khieu Samphan est le dernier dignitaire du régime Khmer rouge encore en vie. Le tribunal spécial chargé de le juger l'a condamné ce jeudi à Phnom Penh, à la prison à perpétuité pour génocide. La justice a en fait confirmé en appel, le jugement rendu en 2014.

L'ancien chef d'Etat du Kampuchéa démocratique a aussi été reconnu coupable de crimes contre l'humanité -- meurtres, mises en esclavage, mariages forcés, viols -- et de graves violations aux Conventions de Genève.

Khieu Samphan "avait connaissance directe des crimes et il partageait l'intention de les commettre avec les autres participants de l'entreprise criminelle commune" qui a tué près de deux millions de personnes entre 1975 et 1979, a rappelé le juge Kong Srim.

Khieu Samphan a assisté au jugement, au tribunal, sur son fauteuil roulant, écoutant le prononcé de deux heures et demie par un casque audio.

Il a déjà été condamné à la perpétuité en 2014 - verdict confirmé en appel en 2016 - pour des crimes contre l'humanité commis lors de l'évacuation forcée des habitants de Phnom Penh, dans le premier volet de son procès fleuve, démarré en 2011.

Près de 500 personnes, dont des familles de victimes, des moines bouddhistes et des diplomates, ont assisté à l'audience, un "jour historique" selon le porte-parole de la Cour Neth Pheaktra.

Khieu Samphan a toujours nié son implication dans les faits qui lui sont reprochés, notamment dans le génocide contre les Vietnamiens.

"Il a dit qu'il ne savait pas qu'ils tuaient des gens, mais il était chef d'Etat, comment pouvait-il ne pas savoir ? Je veux lui demander", a déclaré à l'AFP Chum Mey, 91 ans, un survivant de la prison S21.

Khieu Samphan et les autres chefs Khmers

  • Khieu Samphan est le troisième dignitaire khmer rouge à être condamné par cette Cour spéciale.

  • Kaing Guek Eav, alias Douch, a été condamné à la perpétuité pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'ancien tortionnaire, chef du plus redoutable centre de détention du pays à l'époque, S21, est mort en 2020, à 77 ans.

  • Nuon Chea, l'idéologue du mouvement, avait, lui aussi, été condamné à la perpétuité pour génocide, contre les Vietnamiens et les musulmans chams, et crimes contre l'humanité. Il est décédé en août 2019 à l'âge de 93 ans.

  • Pol Pot, leader de ce sinistre régime khmer, est lui décédé en 1998, sans être jugé.

La fin de la Cour spéciale

Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) s'apprêtent désormais à fermer leurs portes sans avoir dissipé les controverses qui les minent depuis le début.

L'abandon ces dernières années des poursuites contre trois personnes accusées de génocide ou de crimes contre l'humanité a rappelé leur fragilité dans un pays dirigé par un ancien commandant khmer rouge repenti, Hun Sen, qui s'est prononcé contre tout nouveau procès au nom de la stabilité nationale.

Heng Sinith/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.
Vue de la Cour spéciale chargée de juger les Khmers rouges - Phnom Penh, le 22/09/2022Heng Sinith/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.

Son coût, plus de 330 millions de dollars, rapporté au nombre de condamnations, a également alimenté les suspicions.

Mais les juges ont réussi à "redynamiser le processus de réconciliation nationale", nuance auprès de l'AFP Craig Etcheson, un expert du pays qui a témoigné à l'un des procès. 

Sa dernière affaire close, la Cour doit se dissoudre dans trois ans, après avoir terminé son travail d'archivage, entre autres.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Le Cambodge, 40 ans après les Khmers rouges

Cambodge : des cas d'esclavagisme dans des usines de briques

Cambodge : en finir avec les mines antipersonnel grâce au Japon