Nucléaire : l'Allemagne prolonge deux centrales et pointe du doigt la France

Tour de refroidissement de la centrale nucléaire Isar, non loin de Landshut dans le sud de l'Allemagne, le 3 août 2022
Tour de refroidissement de la centrale nucléaire Isar, non loin de Landshut dans le sud de l'Allemagne, le 3 août 2022 Tous droits réservés CHRISTOF STACHE/AFP
Par euronews avec AFP
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Deux centrales nucléaires allemandes devaient rester en veille jusqu'au printemps 2023, pour n'être utilisées qu'en dernier recours. Mais en raison de "la situation en France", ces dernières vont probablement rester branchées jusqu'au premier trimestre prochain explique maintenant Berlin.

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L'Allemagne a ouvert la voie ce mardi à la prolongation, cet hiver, de l'activité de ses deux dernières centrales nucléaires, blâmant la France pour son piètre réseau, dans un contexte de pénurie d'énergie orchestrée par la Russie après l'invasion de l'Ukraine.

Début septembre, le gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz, au sein duquel siègent des écologistes, était déjà revenu sur la fermeture définitive de deux des trois réacteurs du pays prévue pour fin 2022.

Il s'agissait alors de les maintenir "en veille" jusqu'au printemps 2023 et de ne les utiliser qu'en dernier recours seulement, en cas de situation d'urgence énergétique.

Mais Berlin va désormais plus loin, affirmant que la situation chez son voisin français, qui a fait depuis toujours du nucléaire une source majeure de son approvisionnement, "n'était pas bonne et s'est considérablement détériorée les semaines passées".

Comme début septembre, c'est au ministre allemand de l'Economie, l'écologiste Robert Habeck, qu'est revenue la tâche d'annoncer cette décision.

Pour assurer l'approvisionnement énergétique en Allemagne, "la centrale Isar 2 (Bavière) et celle de Neckarwestheim (Bade-Wurtemberg) vont probablement rester branchées au premier trimestre 2023", en raison de "la situation en France plus mauvaise que prévue", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

INA FASSBENDER/AFP or licensors
Centre nucléaire d'Emsland, non loin de Lingen, dans le Land de Basse-Saxe, le 12 janvier 2022INA FASSBENDER/AFP or licensors

Jusqu'ici, le gouvernement allemand a renoncé à prolonger la troisième et dernière centrale centrale nucléaire encore exploitée, à Emsland (Basse-Saxe), située dans le nord du pays. Elle ne sera pas non plus placée en situation "de veille".

Le nucléaire produit actuellement 6% de la production nette d'électricité en Allemagne. Le calendrier de sortie du nucléaire avait été décidé par Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima, au Japon, en 2011.

Face à la menace d'une pénurie d'énergie cet hiver, le gouvernement allemand a déjà décidé d'un recours accru au charbon, une énergie particulièrement polluante.

Comme dans d'autres pays de l'UE, la hausse des prix nourrit l'inquiétude de la population et les appels à manifester, essentiellement à l'initiative de l'extrême droite ou de l'extrême gauche, inquiètent le gouvernement allemand.

La France veut lancer au plus vite de nouveaux réacteurs

Le gouvernement français a, lui, dévoilé le projet de loi visant à lancer au plus vite de nouveaux réacteurs nucléaires, avec la volonté de poser une première pierre avant la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.

Alors que les besoins en électricité vont exploser pour que la France puisse se passer d'énergies fossiles, le président français veut ainsi construire six réacteurs de nouvelle génération, avec une option pour huit autres, tout en accélérant le déploiement des énergies renouvelables avec priorité au solaire et aux éoliennes en mer. Pour expliquer cette décision, Paris invoque la nécessité de produire 60% d'électricité en plus en 2050 par rapport à aujourd'hui.

En pleine crise énergétique, plus d'une vingtaine des 56 réacteurs du parc nucléaire français, sont actuellement à l'arrêt. La production nucléaire du groupe EDF en 2022 devrait ainsi connaître un plus bas historique en raison de cette indisponibilité.

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