Migration : Paris a des relations tendues avec Rome, mais signe un accord historique avec Londres

Le poste-frontière de Menton
Le poste-frontière de Menton Tous droits réservés Daniel Cole/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
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Par Laurence AlexandrowiczAFP et AP
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La France et le Royaume-Uni signent un accord historique pour lutter ensemble contre les traversées de migrants dans la Manche. Londres versera 72,2 millions d'euros pour que Paris augmente ses forces de sécurité notamment.

La France demande à Bruxelles d'intervenir dans le conflit qui l'oppose à l'Italie, au sujet de la politique migratoire et des navires de secours humanitaires, et met en place sa riposte après l'épisode de l'Ocean Viking.

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Dimanche, de longues files d'attente se sont formées à la frontière franco-italienne. Le passage de Vintimille-Menton, le long de la pittoresque côte méditerranéenne, a souvent été un point chaud du débat sur les migrants, avec des camps de fortune offrant un abri aux migrants qui tentent de passer en France après être arrivés en Italie. Dimanche matin, plusieurs dizaines de migrants dormaient sur des matelas sous un viaduc d'autoroute - un nombre qui pourrait augmenter à mesure que la France réprime les traversées.

Représailles françaises

 Paris renforce les contrôles, en représailles au refus de Rome d'accueillir l'Ocean Viking qui a finalement accosté à Toulon. Le bateau et ses migrants a bord avait été contraint de errer en mer des semaines. Autre mesure, Paris se retire d'un mécanisme de "solidarité" de l'Union européenne pour relocaliser 3 000 migrants depuis l'Italie. Rome estime seul supporter tout le poids des arrivées de migrants et qualifié la réponse de la France de "disproportionnée" et d'"agressive".

L'Italie a justifié sa ligne dure en faisant remarquer qu'elle a déjà accueilli près de 90 000 migrants cette année, bien plus que tout autre pays européen. Cependant, seule une fraction d'entre eux reste en Italie et demande l'asile, la plupart continuant leur voyage vers le nord dans l'espoir de rejoindre des proches et des communautés de migrants mieux établies en France, en Allemagne, en Suède et ailleurs.

La France dépasse de loin l'Italie en termes de traitement des demandes d'asile. Les données de janvier à août montrent que l'Allemagne a reçu le plus grand nombre de demandes cette année, dépassant les 100 000, suivie de la France avec 82 535. L'Italie talonne l'Espagne et l'Autriche en cinquième position avec 43 750 demandes.

"L'Italie ne tient pas un engagement qui est fondamental dans le mécanisme de solidarité européen, a regretté Olivier Véran, porte-parole du gouvernement français. Nous ne tiendrons pas le rôle que nous avions prévu, qui était d'accueillir les 3 000 migrants actuellement sur le territoire italien."

Dimanche, l'ambassadeur d'Allemagne en Italie, Viktor Elbling, a défendu les groupes d'aide, affirmant qu'ils contribuent à sauver des vies et que "leur engagement humanitaire justifie notre reconnaissance et notre soutien."

"En 2022, 1 300 personnes sont déjà mortes ou disparues en Méditerranée. Les ONG ont sauvé 12% des survivants", a-t-il tweeté

Un accord conclu historique entre Paris et Londres 

La France qui partage aussi avec le Royaume-Uni la problématique migratoire, a conclu avec Londres un accord historique pour stopper les petits bateaux. Cet accord prévoit notamment que les Britanniques versent 72,2 millions d'euros en 2022-2023 à la France qui, en contrepartie, augmentera de 40% ses forces de sécurité (350 policiers et gendarmes supplémentaires dont des réservistes) sur ses plages, d'où partent les migrants à destination du Royaume-Uni. 

 Londres et Paris vont déployer "des ressources technologiques et humaines", dont des drones, sur le littoral français pour mieux détecter, surveiller et intercepter les bateaux.

Les deux pays veulent également collecter et utiliser des renseignements, notamment "provenant de migrants interceptés", pour mieux démanteler les réseaux de passeurs et dissuader les traversées par un travail conjoint "le plus en amont possible", en lien avec les pays d'origine et de transit des exilés.

 Pour la première fois, des équipes d'observateurs seront déployées de part et d'autre de la Manche afin "de renforcer la compréhension commune" entre les deux pays.

L'accord prévoit aussi le financement de "chiens de détection" dans les ports et l'installation de caméras de surveillance aux principaux points de passage frontaliers le long du littoral.

Des centres d'accueil pour migrants doivent aussi être créés dans le sud de la France pour dissuader les exilés  de remonter jusqu'à Calais et leur "proposer des alternatives sûres".

Il y a eu plus de 40 000 traversées de la Manche depuis janvier. Plus de 200 personnes sont mortes ou ont été portées disparues, en mer ou sur terre, en tentant de rejoindre l'Angleterre au départ du nord de la France depuis 2014.

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