France : vent de révolte contre le Black Friday

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Capture du site de la Camif Tous droits réservés Camif.fr
Par Vincent Coste avec AFP
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De plus en plus d'entreprises françaises prennent position contre le Black Friday, pour dénoncer les effets de la surconsommation induite par cette opération commerciale.

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Après Halloween, un autre rendez-vous "made in USA" tente de faire sa place depuis quelques années sur le Vieux Continent : le fameux "Black Friday". Mais accusé de pousser à la surconsommation, cette vaste opération commerciale est de nouveau boudée en France par plusieurs marques et plateformes, qui se privent de l'une des journées les plus lucratives de l'année.

Ce vendredi, pour la première fois, eBay France ne proposera aucune remise sur les produits neufs pour le Black Friday et ce malgré des prévisions qui promettent encore un beau succès à cet évènement commercial mondial.

Plus de la moitié des Français envisagent d'acheter lors du Black Friday ; 30% s'y refusent et 15% sont encore indécis, a dévoilé en début de semaine l'institut Harris Interactive, dans le cadre d'une étude co-financée par la société d'assurance mutuelle d'assurance MAIF et le collectif Green Friday.

Le site eBay France a bien jaugé le sacrifice financier de son initiative mais "à long terme, mise sur la croissance" des produits de seconde main, explique Sarah Tayeb, sa directrice générale adjointe.

Pour autant, cette initiative ne concerne que la vitrine française d'Ebay. En effet, en faisant un tour sur les autres déclinaisons européennes de la firme, si le nom "'Black Friday" n'apparaiî pas en toutes lettres, des opérations commerciales ont été mises en place, comme sur la version espagnole d'Ebay où une "EbayWeek" trône sur la page d'accueil à grand renfort de couleur noire.

ebay
Capture d'écran du site ebay.comebay

Quant à Ebay.com, la campagne Black Friday bat son plein sur le site étendard de la Compagnie. Les client des Etats-Unis (et d'ailleurs) sont aguichés par d'alléchantes remises...

Un non au Black Friday qui touche de nombreux secteurs

Dans le secteur de la mode émergent des initiatives similaires comme celle de Vestiaire Collective, plateforme de vente de produits de seconde main, qui a banni 27 marques d'"ultra fast fashion" (SheIn, Topshop, etc.) "à l'aube du Black Friday", laissant filer 5% de son catalogue.

D'autres sites de vente en ligne, tels Back Market et Leboncoin, ont lancé des campagnes de marketing expliquant que "le Black Friday, c'est toute l'année" sur leur site de produits d'occasion. Bon, en faisant un petit tour dans le code HTML de la page du Boncoin, l'œil averti découvre toutefois quelques "Black Friday" dans le code.

L'une des enseignes pionnières de ce boycott, la Camif, une entreprise d'ameublement qui puise ses origines dans le mouvement mutualiste et solidaire, participe à nouveau à ce boycott du "Black Friday" (cf photo en tête d'article) et appelle à "des pratiques plus éthiques". 

Un engagement salué par les associations, et notamment Extinction Rébellion (XR), qui se "réjouit" de cette "étape franchie dans le regard que porte la société sur le Black Friday", a déclaré Isabelle, alias MegaPinthea, de XR.

"Le fait de communiquer sur ce boycott est aussi un argument de vente pour les enseignes, il est donc loin de favoriser la sobriété, mais il participe d’une prise de conscience", a toutefois nuancé la militante.

Fierté et Jeu dangereux

Depuis 2018, les 500 structures qui composent le collectif du Green Friday participent à une vaste opération de boycott de l'événement, bannissant les remises de leurs boutiques et reversant 10% de leur chiffre d'affaires de ce jour-là à des associations.

Un choix qui va "peut-être parfois à l'encontre de l'économie" mais qui rend "fier", estime Thibaut Ringo, directeur général d'Altermundi et cofondateur du Green Friday. Le responsable du réseau de boutiques de commerce responsable souligne que le fait de ne pas avoir d'actionnaires à rémunérer est un modèle qui permet "d'investir dans de nouveaux projets".

Et du côté des consommateurs, peut-on se permettre de ne pas acheter moins cher ? "Achetez moins mais achetez mieux", répondent en cœur les entreprises interrogées.

Une injonction à laquelle répondent déjà positivement une partie des consommateurs, comme Mickaël Adioko, 27 ans, analyste de données, qui dit à l'AFP "acheter quand il en a besoin". Devant une Fnac de l'Ouest parisien au moment de la "Black Friday Week", Alexis Garin, qui travaille dans le marketing, refuse l'événement pour des raisons "éthiques".

Cependant, subissant une conjoncture économique difficile, les marques semblent davantage réticentes à jouer au "jeu dangereux" du boycott cette année, analyse Edouard Nattée, fondateur et président de Fox Intelligence par NielsenIQ, panel de consommateurs sur le commerce en ligne.

Pour recueillir ses données, ce panel se base sur les reçus électroniques anonymisés de millions de consommateurs dans le monde.

"En 2020 et 2021, on était dans un contexte d'e-commerce absolument dingue, avec des chiffres anormaux (…) et des limites sur les stocks", alors qu'en 2022, c'est le contraire, explique Edouard Nattée.

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Et de conclure : "Cette année, c'est plus dur pour tout le monde, (…) plus dur de prendre de (telles) décisions".

Traditionnellement, le Black Friday lance la la saison des achats de Noël aux Etats-Unis. Lors de cette journée organisée le vendredi après la fête religieuse de Thanksgiving, les grands magasins proposent de très importantes promotions où la foule se retrouve en nombre pour en profiter.

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