Assaut du Capitole : les dix temps forts de l’enquête parlementaire sur le rôle de Donald Trump

Donald Trump risque de ne pas pouvoir se représenter à l'élection présidentielle de 2024, s'il est jugé coupable de conspiration, et d'obstruction des activités du Congrès.
Donald Trump risque de ne pas pouvoir se représenter à l'élection présidentielle de 2024, s'il est jugé coupable de conspiration, et d'obstruction des activités du Congrès. Tous droits réservés Andrew Harnik, Jose Luis Magana / AP
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Par Margaux Racaniere
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Les révélations d'une assistante de Donald Trump, du harcèlement contre une mère et sa fille qui ont dépouillé les bulletins en Géorgie et l'avocat Rudy Giuliani "alcoolisé" lors qu'il conseillait à Donald Trump de clâmer la victoire. Retour sur les moments marquants de l'enquête parlementaire.

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La commission parlementaire chargée d'enquêter sur les responsables de l'assaut du 6 janvier 2021 sur le Capitole a rendu son verdict ce lundi. Donald Trump et plusieurs Républicains de la Chambre des représentants sont accusés d'avoir encouragé l'assaut et voulu invalider la victoire électorale de Joe Biden. Retour sur les moments qui ont marqué ces 16 mois d'enquête.

Le 6 janvier 2021, une foule survoltée parvient à percer les barrières de sécurité et pénètre dans le Capitole. Les images font le tour du monde, et cinq personnes perdent la vie dans les bousculades et les affrontements avec la police. Après la stupeur, la Chambre des représentants décide de mener l'enquête pour déterminer la responsabilité de Donald Trump et des politiques qui nient toujours les résultats de l'élection de 2020. 

Été 2021 : une création mouvementée

En février 2021, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, annonce la création d'une commission d’enquête parlementaire sur le modèle de celle des attentats du 11 septembre 2001. Elle compterait autant de membres républicains que de Démocrates. Cette proposition est adoptée par la Chambre des représentants, à majorité démocrate, mais rejetée par le Sénat, à majorité républicaine, le camp de Donald Trump.

En juillet, la Chambre annonce de nouveau la création d’une commission d’enquête parlementaire. Celle-ci n’est finalement pas paritaire. Elle compte sept Démocrates et seulement deux Républicains dont Liz Cheney, l'ex-numéro trois du parti. 

J. Scott Applewhite/ AP
L'ex-tête de file du parti républicain est devenue vice-présidente de la "Commission du 6 janvier". Audience du 13 octobre 2022J. Scott Applewhite/ AP

27 juillet 2021 : une première audience d’ouverture très suivie

La “Commission du 6 janvier” tient sa première audience publique, le 27 juillet. Consacrée à l’expérience des forces de l’ordre qui ont défendu le Capitole contre les manifestants, elle est suivie par près de 20 millions d’auditeurs à la télévision.

Dans son discours d’ouverture, Liz Cheney a clarifié le rôle de la Commission : il ne s’agit pas de juger ceux qui ont pénétré dans le Capitole, mais bien plus de comprendre la responsabilité des politiques dans cette attaque : "Nous devons savoir ce qu'il s'est passé ici, au Capitole. Nous devons comprendre, chaque minute de cette journée à la Maison Blanche - chaque appel téléphonique, chaque conversation, chaque réunion avant, pendant et après l'attaque".

Octobre-décembre 2021 : le temps des assignations à comparaître

La “Commission du 6 janvier” a recueilli des milliers de témoignages sous serment. Mais plusieurs personnes proches de l'affaire ont refusé de répondre aux convocation ou de fournir des documents clés.

Au moins trois personnes ont été condamnées pour "entrave au travail de la Chambre des représentants" :

  • Steve Bannon : ex-président du site d’information “alternative” Breitbart et conseiller stratégique de Donald Trump. En octobre 2022, il a été condamné à quatre mois de prison ferme pour “entrave au processus d’enquête du congrès”. Il prévoit de faire appel.
  • Jeffrey B. Clark, procureur général adjoint des Etats-Unis sous Donald Trump. Il aurait aidé Donald Trump dans sa tentative de renverser les résultats de l’élection.
  • Peter Navarro, un ancien conseiller économique de Donald Trump. Il aurait mis en relation Donald Trump et Jeffrey Clark.

20 janvier 2022 : la Cour suprême autorise le transfert de documents de la Maison blanche à la "commission du 6 janvier"

Donald Trump a sollicité la Cour suprême (la plus haute instance judiciaire des États-Unis) pour bloquer le transfert de plus de 700 pages de documents présidentiels liés au 6 janvier 2021. La Cour, pourtant à majorité conservatrice, a rejeté sa demande. Une importante victoire pour la Commission.

9 juin 2022 : deuxième audience publique

L’ancien procureur général sous la présidence de Donald Trump, William Barr, déclare sous serment que Donald Trump a perdu l’élection présidentielle de 2020. La séquence a été visionnée plus d’un million de fois sur Twitter.

Une affirmation confirmée par la propre fille de Donald Trump, Ivanka, qui ne reconnaît pas de fraude électorale : "Je respecte le procureur général Barr ,donc j’ai accepté ce qu’il disait".

13 juin 2022 : 3ème audience publique, le “grand mensonge” de la fraude électorale

L'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Jason Miller, affirme que l'avocat de l'ex-président, Rudy Giuliani, était "définitivement alcoolisé" quand il a encouragé le Président à revendiquer la victoire à l'élection présidentielle.

21 juin 2022 : quatrième jour d’audience, intimidation et harcèlement

Deux personnes chargées du dépouillement des scrutins en Géorgie, Ruby Freeman et sa fille Shaye Moss, ont raconté le harcèlement qu’elles ont subi après les accusations de fraude électorale lancées par le camp de Donald Trump. "Je ne me sens en sécurité nulle part", décrit Ruby Freeman. "J'ai perdu mon nom et ma réputation [...].Tout ça parce qu'un groupe de gens, à commencer par [Donald Trump] et son allié Rudy Giuliani, a décidé de faire de ma fille et de moi leurs boucs émissaires." 

28 juin 2022 : le témoignage de Cassidy Hutchinson, "petite main" de l'équipe de Donald Trump

L'ancienne assistante du chef de cabinet de Donald Trump, Mark Meadows, a témoigné devant la "commission du 6 janvier". Elle a apporté deux éléments nouveaux sur les réactions de l'ex-Président à l'émeute. Face au refus de son agent de sécurité de l'emmener devant le Capitole, il aurait essayé de prendre de force le volant pour rejoindre les manifestants. 

De plus, il aurait demandé aux agents de sécurité présents sur place d'arrêter de vérifier si les manifestants étaient armés : "ils ne sont pas là pour me faire du mal. Lâchez vos détecteurs de métaux, laissez rentrer mes gens", aurait-il déclaré.

19-21 décembre 2022 : le comité rend ses conclusions

La publication du rapport est prévue pour deux jours après, le mercredi 21 décembre.

21 janvier 2023 : dissolution du comité

Lors de la constitution du comité, il avait été prévu prévu que ce comité serait dissout trente jours après la publication du rapport final. C'est donc ce qui est prévu le 21 janvier prochain.

Et après ?

La Commission parlementaire n'a pas de pouvoir punitif. Cependant les conclusions du rapport sont suivies de près par le procureur général Merrick Garland et son conseiller spécial Jack Smith. Ils sont en charge de l'enquête judiciaire sur l'assaut du 6 janvier. En tout, plus de 900 personnes ont déjà été jugées pour leurs agissements aux abords du Capitole.

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Donald Trump pourrait être jugé pour deux chefs d'accusation : conspiration pour tromper les Etats-Unis et obstruction d'une procédure officielle du Congrès.

Sources additionnelles • AP

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