Tunisie : très faible participation aux législatives et nouveau désaveu pour le président

Le président tunisien Kais Saied à Bruxelles, le 18 février 2022.
Le président tunisien Kais Saied à Bruxelles, le 18 février 2022. Tous droits réservés Photo : Johanna Geron (AP)
Tous droits réservés Photo : Johanna Geron (AP)
Par Euronews avec AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Très peu de Tunisiens et Tunisiennes se sont déplacés dimanche pour élire un Parlement dénué de réels pouvoirs, infligeant un nouveau désaveu au président Kais Saied et aux réformes politiques qu'il impose depuis son coup de force de 2021.

PUBLICITÉ

Très peu de Tunisiens et Tunisiennes se sont déplacés dimanche pour élire un Parlement dénué de réels pouvoirs, infligeant un nouveau désaveu au président Kais Saied et aux réformes politiques qu'il impose depuis son coup de force de 2021, dans un pays surtout préoccupé par ses problèmes économiques.

Le président de l'autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, a annoncé un taux de participation provisoire de 11,3% au deuxième tour des législatives, à comparer à un chiffre préliminaire de 8,8% au premier tour.

La participation était le principal enjeu du scrutin après une abstention de quasi 90% au premier tour, un record depuis l'avènement de la démocratie dans le pays berceau du Printemps arabe il y a 12 ans.

Les jeunes qui avaient porté au pouvoir M. Saied, en 2019, ont massivement boudé les urnes avec un peu moins de 5% de votants ayant entre 18 et 25 ans.

L'élection de 131 députés (sur 161 sièges dont 30 déjà pourvus) représente l'ultime étape du processus lancé il y a 18 mois par le président Kais Saied pour revenir à un système hyper-présidentialiste, similaire à celui d'avant la révolution de 2011 et la chute du dictateur Ben Ali.

Estimant le pays ingouvernable, M. Saied s'est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, puis a révisé la Constitution l'été dernier pour abolir le système parlementaire hybride en vigueur.

L'attention des 12 millions de Tunisiens et Tunisiennes est ailleurs

Les Tunisiens ont vu leur pouvoir d'achat dégringoler avec une inflation supérieure à 10% et endurent des pénuries de denrées subventionnées comme le lait, le sucre ou l'huile.

Pour les économistes, elles proviennent de ruptures d'approvisionnement car l'Etat manque de liquidités pour régler ces achats centralisés.

La croissance est poussive (moins de 3%), le chômage élevé (plus de 15%), la pauvreté s'accroît et plus de 32 000 Tunisiens ont émigré clandestinement l'an passé.

Motif d'inquiétude supplémentaire : des négociations avec le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, clef d'autres aides étrangères, piétinent depuis des mois. Ce qui a amené l'agence états-unienne Moody's à dégrader samedi d'un nouveau cran la note de la dette à long terme tunisienne, jugeant "plus élevé" le risque d'un défaut de paiement.

Le blocage des pourparlers viendrait de désaccords entre le président Saied et son gouvernement sur le programme soumis au FMI en échange de son aide.

M. Saied hésite, selon les experts, à adopter des mesures impopulaires comme la levée des subventions sur les produits de base et une restructuration des entreprises publiques surendettées et aux effectifs pléthoriques.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Migrants bloqués à la frontière : la Tunisie et la Libye parviennent à un accord

La Tunisie et l'UE scellent un "partenariat stratégique" sur l'immigration

Tunisie : des ONG appellent à secourir des migrants chassés de Sfax