Géorgie : la police a utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants près du Parlement

Situation très tendue ce mercredi soir dans les rues de Tbilissi
Situation très tendue ce mercredi soir dans les rues de Tbilissi Tous droits réservés Zurab Tsertsvadze/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par Euronews
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Des incidents ont éclaté entre manifestants et policiers près du Parlement à Tbilissi après la publication d'une loi critiquée par les médias et les ONG.

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La police géorgienne a fait usage ce mercredi soir de canons à eau pour tenter de disperser les nombreux manifestants réunis près du Parlement à Tbilissi en opposition à une loi qui menacerait médias et ONG.

Certains manifestants ont tenté de s'introduire dans le bâtiment, avant d'être refoulés à ce stade. La police antiémeute est ensuite arrivée près de l'entrée latérale du Parlement, dans le centre-ville de la capitale géorgienne.

Des drapeaux de la Géorgie et de l'Union européenne étaient brandis par les manifestants.

"Non à la loi russe !", scandait la foule rassemblée à l'appel de plusieurs ONG et formations d'opposition, en référence au projet de loi adopté mardi en première lecture par les députés de ce petit pays du Caucase voisin de la Russie.

Ce texte prévoit que les organisations recevant plus de 20% de leur financement de l'étranger soient obligées de s'enregistrer en tant qu'"agents de l'étranger", sous peine d'amende.

Ses détracteurs observent que ce projet est calqué sur une loi adoptée en Russie en 2012 et que le Kremlin utilise depuis pour réprimer les médias et les voix critiques.

La Géorgie, une ex-république soviétique marquée par une intervention militaire russe en 2008, ambitionne officiellement de rejoindre l'UE et l'Otan, une orientation prise après la "révolution des roses" de 2003 qui avait amené au pouvoir le pro-occidental Mikheïl Saakachvili, aujourd'hui en détention. 

Mais plusieurs mesures récentes du gouvernement actuel ont jeté le doute sur le maintien de ces aspirations.

"Agents de l'étranger"

L'adoption du projet de loi sur les "agents de l'étranger" en première lecture avait entraîné le rassemblement de milliers d'opposants à Tbilissi dès mardi soir, des protestations déjà dispersées à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

Le ministère géorgien de l'Intérieur a affirmé mercredi qu'au moins 77 personnes avaient été interpellées et 50 policiers blessés la veille.

Mardi, le parti d'opposition Girch avait indiqué dans un communiqué que son chef, Zourab Japaridze, avait été violemment matraqué par des policiers, et placé en détention.

Le président du parti au pouvoir, Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze a dénoncé l'action de "radicaux".

Critiques internationales

Signe de l'inquiétude grandissante en Occident, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a condamné le projet de loi, le jugeant "incompatible" avec les valeurs de l'UE et l'objectif de rejoindre le bloc européen.

Les Etats-Unis ont appelé Tbilissi à respecter "la liberté de rassemblement et les manifestations pacifiques", le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, réitérant la "préoccupation" des Etats-Unis face à cette loi.

La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili - une ancienne diplomate française, aux pouvoirs limités - a elle demandé que la loi soit "abrogée", promettant d'y apposer son veto.

Ce veto pourra toutefois être surmonté par le parti au pouvoir, qui contrôle plus de la moitié des sièges au Parlement.

Selon M. Kobakhidze, la deuxième et la troisième lecture du texte ne pourraient toutefois avoir lieu qu'après avis de la Commission de Venise, un organe consultatif du Conseil de l'Europe.

Ces dernières années, les autorités géorgiennes ont dû faire face à des critiques internationales croissantes sur un recul présumé de la démocratie qui a porté atteinte aux liens de Tbilissi avec Bruxelles.

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La Géorgie a déposé formellement sa candidature pour l'UE avec l'Ukraine et la Moldavie quelques jours après l'invasion russe du territoire ukrainien le 24 février 2022.

En juin, l'UE avait accordé un statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie, mais demandé que la Géorgie procède à plusieurs réformes avant d'obtenir un statut similaire.

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