Le festival du film de Genève, les yeux grands ouverts sur la condition humaine

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Par Euronews
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Le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains s’est achevé ce dimanche à Genève. Le festival sélectionne des films qui viennent

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Le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains s’est achevé ce dimanche à Genève. Le festival sélectionne des films qui viennent susciter le débat et apporter un éclairage sur des situations parfois méconnues aux quatre coins de la planète. “On cherche des films qui nous surprennent, des films qui nous bouleversent, des films avec un regard de cinéaste”, explique Isabelle Gattiker, directrice du festival. “C’est ce genre des films qu’on montre pour nous plonger dans des débats de haut niveau”. Le Grand Prix de Genève a été décerné au documentaire “Among the Believers”, de Hemal Trivedi et Mohammed Ali Naqvi. Ce documentaire aborde la question de l’intégrisme dans la société pakistanaise et de l’enseignement religieux. Il évoque l’aura d’un prêcheur fondamentaliste de la Mosquée Rouge, le mollah Abdul Aziz, qui avait appelé à instaurer la Charia. Une mosquée devenue le théâtre de violents affrontements entre les fidèles et l’armée pakistanaise à Islamabad en 2007. Ce fief extrémiste a gardé des liens étroits avec les Talibans, certaines de ses recrues ont rejoint les rangs du groupe Etat Islamique. “Ce qu’on a voulu faire avec ce film, c’est changer la façon dont le monde occidental investit la lutte contre le terrorisme”, souligne Hemal Trivedi. “Aujourd’hui, les puissances investissent dans des bombes, encore et toujours. Ce que nous attendons d’elles, c’est qu’elles investissent dans des livres et non pas dans des armes lourdes, car ce n’est pas la solution. Nous sommes convaincus que la guerre contre le terrorisme ne peut pas être remportée ainsi”.
La fondation Barbara Hendricks pour la Paix et la réconciliation a distingué Nanfu Wang pour “Hooligan Sparrow”. Ce film militant suit le parcours de ceux qui prennent le risque de se battre pour les Droits de l’Homme en Chine, et luttent contre l’impunité. Une activiste réclame justice, après l’agression sexuelle de six fillettes par leur directeur d‘école. Le documentaire, tourné en grande partie en caméra cachée, retrace le parcours d’une militante de ville en ville, et la façon dont elle est poursuivie par les autorités locales, le renseignement, et même ses voisins. La réalisatrice est devenue elle aussi une cible pour la police chinoise. “Sur le tournage, on étais suivis tous les jours par des agents du renseignement qui restaient dehors pendant que nous étions à l’intérieur”, précise Nanfu Wang, “mais ils pouvaient entrer à tout moment et emmener quelqu’un. J’avais peur en permanence qu’ils nous prennent les enregistrements, ou que quelqu’un soit arrêté. Il y a trois personnes qui apparaissent dans le film, qui sont toujours incarcérées et encourent la prison à perpétuité”.
“A Syrian Love Story”, de Sean McAllister, a été récompensé par le Prix Spécial du Jury. Le réalisateur a suivi pendant cinq ans un couple en proie aux déchirements de la guerre en Syrie, parti sur les chemins de l’exode.
Le documentaire français “Voyage en Barbarie”, de Cécile Allegra et Delphien Deloget, a remporté le Grand Prix de l’Organisation Mondiale contre la Torture. Il suit le parcours d’Erythréens fuyant le régime sanguinaire d’Afeworkis et ses camps, et tombent à la merci d’un vaste trafic d‘être humains dans le Sinaï. Un commerce juteux pour les tortionnaires qui demandent des rançons sans cesse plus élevées aux familles. Dans ce film, récompensé par le prix Albert Londres l’an dernier, un homme a été suspendu au plafond de sa cellule par les mains jusqu‘à l’arrachement. “Ce qui était extrêmement dur, c‘était de convaincre les Erythréens de parler”, indique la co-réalisatrice Cécile Allegra. “On leur a appris à ne jamais parler, à ne jamais révéler ce qui se passe à l’intérieur du pays, sous peine de mesures de rétorsion pour leurs familles restées au pays.Etc’est pour cette raison qu’ils ne parlent pas des camps de torture une fois sortis. Avoir une parole claire, avec un visage, des vraies blessures, le vrai nom, c’est quelque chose, a ma connaissance qui n’a jamais été fait, et c’est pour cela qu’il faut rendre hommage à ces garçons qui ont eu le courage politique immense de raconter leur histoire”.

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