Le nouveau visage culturel de la Bosnie-Herzégovine

Le nouveau visage culturel de la Bosnie-Herzégovine
Tous droits réservés 
Par Wolfgang Spindler
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

À l'approche du prochain festival Balkan Trafik ! à Bruxelles fin avril, nous partons en Bosnie-Herzégovine découvrir la nouvelle scène culturelle bosnienne qui aide à surmonter les clivages du passé.

PUBLICITÉ

À l'approche du festival Balkan Trafik ! à Bruxelles fin avril, nous partons en Bosnie-Herzégovine découvrir la nouvelle scène culturelle bosnienne qui aide à surmonter les clivages du passé.

Vingt-quatre ans après la fin de la guerre de Bosnie dont les traces sont encore visibles aujourd'hui, Sarajevo, capitale multi-ethnique de la Bosnie-Herzégovine, montre un nouveau visage à travers sa scène culturelle même si la réconciliation entre Serbes orthodoxes, Bosniaques musulmans et Croates catholiques reste difficile dans le pays.

"Nous avons trois camps ethnico-nationaux et trois groupes ethniques qui appuient leurs récits et leurs idées de construction nationales sur la guerre," fait remarquer Elma Hašimbegović, directrice du Musée d'histoire de la Bosnie-Herzégovine. "Tout dans cette société contribue à transformer les jeunes d'aujourd'hui en nationalistes professionnels," dénonce-t-elle.

Tradition et modernité

Dans ce contexte, la musique peut aider à surmonter les clivages. Divanhana est un groupe bosnien star de la musique Sevdah, formé en 2009. Son credo : mêler les influences slaves, tziganes et orientales présentes sur son territoire.

"Il y avait un tel manque artistique dans notre histoire récente dans les années 90 à cause de la guerre et de tout ce qui avait suivi qu'on a senti le besoin des jeunes de pouvoir chérir et promouvoir la musique traditionnelle de Bosnie-Herzégovine," explique Neven Tunjić, musicien de Divanhana, avant de préciser : "On la joue avec des arrangements modernes."

Dans la mode aussi, la Bosnie fait parler d'elle. Adnan Hajrulahović HAAD est l'un des stylistes emblématiques du pays. Il présente ses collections à l'international et a habillé Angelina Jolie notamment. "J'essaie toujours de reprendre des éléments traditionnels dans mes créations pour les connecter à la nouvelle génération parce que la tradition, c'est aussi une question d'identité et si nous ne conservons pas nos racines, alors nous sommes perdus sur le marché mondial," affirme-t-il.

"Des racines européennes"

Traduire ce dynamisme en prospérité, c'est l'objectif du Conseil de coopération régionale qui réunit 13 pays de l'Est de l'Europe et qui mène des actions de développement dans la région.

"Nous partageons une histoire, des racines européennes," estime Majlinda Bregu, secrétaire générale du Conseil de coopération régionale. "Les choses ont été très difficiles pendant quelques années à cause de la guerre dans l'ex-Yougoslavie," reconnaît-elle. "Mais concernant les grands changements en termes de transformation et de démocratisation," poursuit-elle, "je crois que la culture peut réunir toutes ces valeurs qui ont été quelque peu négligées dans la région."

Engagement politique

Autre groupe bosnien, autre style... Dubioza Kolektiv est connu en Bosnie et à l'étranger pour son dub rock d'avant-garde et ses textes politiques. Certains de ses clips ont dépassé les 10 millions de vues sur YouTube.

"Dans ce type de pays et de société qui sont jeunes," insiste Brano Jakubović, musicien du groupe, "je crois que c'est très important d'être actif au plan politique. C'est pour ça qu'on a décidé de monter le groupe et d'agir au niveau politique et puis, on participe tout le temps à la contestation, on organise des manifestations, on essaie de faire pleinement partie de la société civile," dit-il.

"Les rappeurs ont été les premiers à casser les murs qui nous séparaient"

De Sarajevo à Srebrenica où le club Sound Wave est un tremplin pour les artistes locaux. Ce soir-là, les rappeuses belges Nephtys et Gloria Boateng partagent la scène avec la star du rap bosnien Frenkie et des rappeurs serbes.

"Le hip hop est arrivé en premier dans les Balkans par la Serbie et la Croatie, et ses artistes sont arrivés jusqu'ici," fait remarquer Adnan Hamidović alias Frenkie. "Et nous les rappeurs, on a été les premiers à essayer de casser les murs qui nous séparaient et à reconstruire les liens qui étaient détruits," souligne-t-il.

À noter que quelques-uns des groupes et artistes que nous avons croisés seront présents au prochain festival Balkan Trafik ! à Bruxelles fin avril.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

La nouvelle génération culturelle balkanique

Exposition à Paris : trente ans de musique influencés par les migrations

Marek Halter : "Si je réussis mon projet, il y aura la paix au Proche-Orient"