Biennale de Venise : l'Ouzbékistan met en avant la "mahalla", lieu de communauté et de voisinage

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Par Marta Brambilla
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Biennale 2021 d'architecture de Venise : l’Ouzbékistan, premier pays d'Asie centrale à tenir son propre pavillon.

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Avec un an de retard en raison de la pandémie de coronavirus, la 17e édition de l'exposition internationale d'architecture de Venise a finalement démarré le samedi 22 mai 2021. Cette année est marquée par la participation del’Ouzbékistan, premier État d'Asie centrale à tenir son propre pavillon.

Le pays souhaite faire découvrir le concept de la "Mahalla", un "lieu unique, une façon de vivre et un mode de comportement du peuple ouzbek" indique Aziz Abdukhakimov, ministre du tourisme, présent lors de l'inauguration. "Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous redécouvrons l'Ouzbékistan", avance-t-il.

La Mahalla est "un phénomène architectural et social unique, un mode de vie traditionnel en communauté et un moyen de gouvernance locale", ajouteSaida Mirziyoyeva, vice-présidente du conseil d'administration de la Fondation pour le développement de l'art et de la culture relevant du ministère de la Culture de la République d'Ouzbékistan. "C'est notre histoire et_ même temps, c'est un aspect crucial de la réalité urbaine actuelle."_

Historiquement, la vie sociale ouzbèke a toujours tourné autour des "Mahallas", prenant diverses formes en fonction des régions et des différents climats du pays. Initialement construites autour des familles, elles sont les lieux de regroupement de quartiers où se tiennent les mariages, les funérailles ainsi que tous événements marquants d'une société.

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On dénombre actuellement 10 000 "Mahallas" en Ouzbékistan, chacune ayant une population moyenne d'environ 2 000 habitants.

Mêlant architecture urbaine et vie communautaire, les "Mahallas" sont des lieux où se mélangent les "religions, les langues, les cultures et les nationalités" explique Aziz Abdukhakimov, qui ne cache pas l'ambition de son pays d'en faire un repère culturel à travers le monde.

"Cela peut être utile à l'Europe, comme un exemple de la façon dont des personnes différentes peuvent vivre dans la paix et la tranquillité", ajoute-t-il. Cette vision inclusive semble d'ailleurs répondre au thème de cette biennale, défini par l'architecte libanais Hashim Sarkis : "Comment va-t-on vivre ensemble" ?

Immersion dans un quartier en 3D

L'exposition intitulée "Mahalla : urban rural living" a été inaugurée à l'Arsenal de Venise le 20 mai et met en immersion les visiteurs dans l'un de ces quartiers. La cour, typique de ces ensembles d'habitations, y est représentée comme une abstraction grandeur nature avec des tubes en acier jaune prenant vie grâce à une application 3D.

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La structure est complétée par douze photographies de Bas Princen ainsi que par un fond sonore créé par Carlos Casas pour importer à Venise l'atmosphère sonore de la vie quotidienne des "Mahallas".

"L'architecture n'est rien en soi et la vie a besoin d'un environnement construit, d'un abri, d'un cadre et ces maisons à cour intérieure en sont de beaux exemple" explique Christoph Gantenbein commissaire de l'exposition.

"Dans la Mahalla, nous avons appris que la vie et l'architecture ne fonctionnent qu'ensemble. Cette très belle architecture est tellement liée à une forme de vie traditionnelle" souligne-t-il.

Les "Mahallas", menacées

Avec les changements de modes de vie, la pression économique et le manque d'infrastructures, les "Mahallas" risquent de disparaître ; ce projet permet donc de documenter cet aspect de la société ouzbèke, et suit des objectifs éducatifs, comme l'explique Gayane Umerova, qui a fait travailler des étudiants dans l'élaboration de l'exposition.

"Fondamentalement, il était très important pour nous d'ouvrir l'esprit de nos étudiants. Il s'agissait simplement d'une collaboration, d'une sorte d'échange d'énergie" indique la directrice exécutive de la fondation pour le développement des arts et de la culture du ministère ouzbek de la culture.

"Ces étudiants pourront probablement créer des projets ensemble à l'avenir et apprendre les uns des autres" souligne-t-elle.

"Je crois que c'est une indication forte de la méthode : apprendre du passé pour construire le présent et le futur" indique Roberto Cicutto, président de la Biennale.

"Le projet est beau : ce type d'architecture est une vision humaine qui parle vraiment du vivre ensemble, tant du point de vue d' l'habitation que de celui de la communauté. Il me semble donc que ce projet s'inscrit pleinement dans l'époque dans laquelle nous vivons et dans les intentions de la Biennale".

Cette édition accueille 46 pays jusqu'au 21 novembre 2021.

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