Arctique : l'impact du réchauffement climatique sur l'Ile de Baffin

Étangs de la toundra dans le Haut-Arctique près de l'Icefjord d'Ilulissat, au Groenland.
Étangs de la toundra dans le Haut-Arctique près de l'Icefjord d'Ilulissat, au Groenland. Tous droits réservés  Wildnerdpix / iStock / Getty Images Plus
Par Rosie FrostEmmy Arpin Alotto
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Les preuves historiques de la vie végétale dans l'Arctique prédisent un résultat similaire à l'avenir si nous ne freinons pas le changement climatique.

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Il y a environ 125 000 ans, certaines parties de l'Arctique étaient couvertes de végétation et d'arbustes. A cause du changement climatique qui réchauffe la zone, les scientifiques affirment qu'elle pourrait redevenir verte.

Située au nord-est du Canada, au-dessus du cercle polaire, l'île de Baffin est la cinquième plus grande île du monde. Sa température annuelle moyenne est inférieure à -9,5 degrés et peu de choses y poussent. Toutefois, selon de nouvelles données fournies par l'université de Boulder (Colorado), cela n'a pas toujours été ainsi.

Les chercheurs ont analysé des centaines d'échantillons d'ADN végétal provenant du fond d'un lac situé sur l'île. Ces échantillons de sédiments donnent un aperçu des espèces végétales qui vivaient dans l'Arctique il y a 116 000 à 25 000 ans.

L'analyse leur a permis de découvrir que le bouleau nain, qui est originaire de certains écosystèmes canadiens, avait autrefois poussé 400 km plus au nord. Selon les auteurs de l'étude, ces découvertes pourraient "non seulement être un aperçu du passé, mais aussi un aperçu de notre avenir ".

"Nous disposons d'un aperçu exceptionnel sur une période où il faisait plus chaud qu'aujourd'hui dans l'Arctique", explique la scientifique Sarah Crump.

"Cela en fait un analogue très utile de ce à quoi nous pouvons nous attendre à l'avenir".

Pietro Pazzi iStock / Getty Images Plus
L'île de Baffin vue du ciel.Pietro Pazzi iStock / Getty Images Plus

Selon les scientifiques, bien qu'il existe de nombreux scénarios sur l'évolution des écosystèmes de l'Arctique, peu d'entre eux tiennent compte de l'impact de ces végétaux.

Mme Crump et ses collègues soulignent que, lorsque les températures se réchauffent au printemps et à l'automne, les arbustes peuvent dépasser la neige et transformer la région principalement blanche en vert foncé. Cela signifie que la surface de la Terre absorberait davantage de chaleur du soleil, accélérant ainsi le réchauffement de l'Arctique.

"C'est une rétroaction de la température similaire à la perte de glace de mer", ajoute M. Crump.

"Alors que nous réfléchissons à la façon dont les paysages vont s'équilibrer face au réchauffement actuel, il est vraiment important que nous tenions compte de la façon dont ces étendues végétales changeront."

Des échantillons qui témoignent de l'histoire du Groenland

Des plantes fossilisées ont également été découvertes dans une carotte de glace oubliée jusqu'alors, extraite à environ 1,5 km sous la calotte glaciaire du Groenland. Après analyse, près de 50 ans après l'avoir extraite de la glace, les scientifiques ont trouvé des résidus de brindilles et de feuilles.

Cette découverte suggère qu'à un moment donné au cours du dernier million d'années, la zone située à environ 1300 km du pôle Nord aurait pu être recouverte de forêt boréale.

Selon l'équipe, cela signifie que des endroits comme le Groenland pourraient être plus sensibles au réchauffement climatique qu'on ne le pensait. Les résidus de plantes intacts indiquent que la glace qui recouvre la région pourrait être relativement jeune en termes géologiques et pourrait avoir fondu plusieurs fois au cours du dernier million d'années. 

"Le Groenland peut sembler lointain, mais il peut fondre rapidement et déverser suffisamment d'eau dans les océans pour que New York, Miami ou Dhaka soit submergée", explique Paul Bierman, de l'université du Vermont, codirecteur de l'étude.

"Ce n'est pas un problème qui concerne les 20 prochaines générations. C'est un problème urgent pour les 50 prochaines années".

Article traduit de l'anglais

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