Les méduses méritent qu'on s'y intéresse

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Méduse Tous droits réservés NOAA Office of Ocean Exploration and Research/'National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) | Office of Exploration and Research (OER)'
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Par Ophélie Barbier avec AFP
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Euronews répond à trois questions sur les méduses, ces espèces à l’apparence gluante à qui profite le réchauffement climatique.

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Les méduses traversent les mers et les océans au gré des courants. Et ces espèces, à l’apparence gluante, gâchent parfois nos étés. Entre reproduction accélérée et prolifération des méduses dans certaines zones, Euronews revient sur ces êtres à qui profite le réchauffement climatique.

Apparues il y a 600 millions d’années, les méduses étaient là bien avant nous : elles font partie des premiers habitants de la planète. Constituées de 95 à 98% d'eau, dépourvues de cerveau, capables de flotter et de nager, elles font partie de ce que l’on appelle le zooplancton. 

Fabien Lombard, enseignant-chercheur au centre d'océanographie de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), confie à l’AFP que les méduses sont notamment “présentes toute l'année, dans un courant qui fait le tour de la Méditerranée et qui a tendance à rester au large”. Et ces animaux, qui perturbent parfois les baignades sur le littoral, se multiplient avec facilité. 

Que se passe-t-il quand une méduse pique ?

Les méduses sont des animaux aveugles, qui piquent en couvrant leurs proies de cellules urticantes. Avec leurs tentacules, elles libèrent de minuscules harpons injectés de venins. En fait, ces espèces marines piquent pour manger : elles immobilisent leurs proies en leur injectant des neurotoxines. Pour l’être humain, ces piqûres sont inoffensives, même si certaines espèces de méduses tropicales peuvent causer la mort.

Pour pallier la douleur, l’Institut de recherche du bien-être, de la médecine et du sport (IRBMS) recommande aux victimes "d'utiliser de l’eau de mer et non de l’eau douce, de saupoudrer du sable pour assécher les filaments, puis de gratter très doucement sur la zone touchée”.

La société nationale française de sauvetage en mer (SNSM) préconise également d’appliquer du sable chaud sur la plaie et de gratter à l’aide d’un objet rigide (une carte bancaire, par exemple) ou d'une pince à épiler pour retirer les filaments.

LIONEL CIRONNEAU/AP
Des méduses lunaires dans un aquarium du Musée océanographique de Monaco, décembre 2010.LIONEL CIRONNEAU/AP

Peut-on quantifier les méduses présentes dans l'eau ?

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) informedans son rapport de 2019 que la prolifération des méduses pourrait générer, à terme, un phénomène de “gélification” des océans.

Et 2022 correspond à la 25ème année où les méduses n'ont cessé d'augmenter, affirme Fabien Lombard. Mais quantifier ces espèces avec précision s’avère complexe. Aucune donnée fiable ne permet de dénombrer avec exactitude leur présence dans l’eau salée. 

Pour l'enseignant chercheur, le nombre de méduses en mer est disparate selon les périodes. Par exemple, des années 80 à 90 dans la zone de Villefranche-sur-Mer, elles ont été très nombreuses sur une période de cinq ans. Mais les cinq années suivantes, elles ne proliféraient pas.

Le site internet meduseo.com recense un nombre approximatif des méduses présentes sur les côtes, grâce aux observations des habitués du littoral. Ce site fournit ce qu'il appelle une "météo des méduses" pour la France, l’Italie, l’Espagne, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Le portail internet du réseau ACRI, dédié uniquement à la France, recueille également des données sur ces espèces urticantes à destination des baigneurs les plus précautionneux.

Comment explique-t-on la multiplication des méduses dans certaines zones ?

En 2013, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation recommandait aux populations de manger les méduses afin de lutter contre leur invasion. Mais pour Fabien Lombard, déguster ces espèces sous-marines afin d'en diminuer la surpopulation dissimulerait le véritable problème : celui de la surpêche.

La raréfaction de certaines sortes de poissons produit un déséquilibre dans la chaîne alimentaire. Lovina Fullgrabe, scientifique de la station de recherche sous-marine et océanographique Stareso, précise alors que “la surpêche élimine les prédateurs des méduses, comme les thons ou les tortues, ce qui leur permet de pulluler dans certains espaces maritimes.

Plusieurs facteurs contribuent à la multiplication des méduses au même titre que la surpêche, selon une étude de l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). La première raison est celle d’une fécondité accrue dans les zones où la nourriture est abondante” car des nutriments s'y accumulent, ce qui permet une meilleure survie des méduses et de leurs larves. 

La seconde raison est celle des effets de l’augmentation des températures et de la pollution, qui accélèrent le système de reproduction des méduses. D'après l'Institut océanographique de Monaco, ces espèces s'adaptent facilement aux pollutions marines et ont donc tendance à former des concentrations locales. 

Julio Cortez/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.
MéduseJulio Cortez/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.

Si ces êtres aux tentacules vous empêchent parfois de mettre le pied dans l’eau, ils recèlent tout de même des spécificités physiologiques dont l'étude fait avancer la science ! Le mucus de méduse favorise par exemple la repousse des cartilages humains, le collagène des méduses est utilisé dans les cosmétiques, les tampons hygiéniques, les couches-culottes et permet aussi d'assouplir le béton d’installations antisismiques. Les méduses ont même permis l’obtention de deux Prix Nobel, l’un de médecine en 1913 et l’autre de chimie en 2008.

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