JO 2024 : la promesse de Jeux "verts" ne convainc pas les experts

Les anneaux olympiques sur la place du Trocadéro à Paris, 14.09.2017
Les anneaux olympiques sur la place du Trocadéro à Paris, 14.09.2017 Tous droits réservés AP Photo//Michel Euler, File
Par Angela Symons avec AFP
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Malgré ce qu'affirment les organisateurs de l'événement à Paris, les Jeux Olympiques ne peuvent pas être présentés comme "durables". Nos explications :

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Les organisateurs des Jeux olympiques de Paris 2024 affirment qu'ils réduiront de moitié les émissions de carbone et qu'ils apporteront une "contribution positive au climat", affirmation que les groupes de défense de l'environnement qualifient de "trompeuse".

Le bilan climatique des Jeux olympiques est depuis longtemps un des points négatifs de l'événement, qui suppose des infrastructures massives et des déplacements internationaux.

Pourquoi les Jeux olympiques de Paris 2024 se déclarent-ils "durables" ?

"Nous voulons montrer que nous pouvons organiser ces Jeux avec deux fois moins d'émissions", a déclaré Georgina Grenon, directrice de l'Excellence Environnementale de Paris 2024.

La directrice de l'Excellence Environnementale Paris 2024 promet des Jeux neutres en carbone

Les organisateurs affirment que l'événement émettra environ 1,6 million de tonnes d'équivalent CO2, contre 3,5 millions de tonnes en moyenne pour Londres 2012 et Rio 2016. Les émissions sont réparties entre les déplacements, la construction et les opérations, notamment l'hébergement, la sécurité et la restauration.

Paris limite son empreinte en matière de construction en utilisant des infrastructures existantes ou temporaires pour 95 % de ses besoins. Nombre de ces sites ont été choisis pour leur desserte par les transports en commun, ce qui, espèrent les organisateurs, permettra de réduire les émissions.

L'électricité proviendra de sources renouvelables, dans la mesure du possible. Des menus à faible teneur en carbone seront proposés aux spectateurs, avec des plats contenant moins de viande.

"Dans les limites de ce qui est techniquement possible en 2024, nous aurons fait tous les efforts pour réduire, réduire, réduire", déclare Georgina Grenon.

Les pistes cyclables se développent à l'approche des Jeux.

Mais la stratégie repose aussi largement sur la compensation carbone, une solution problématique qui, selon les défenseurs de l'environnement, ne s'attaque pas à la racine du problème.

L'illusion de la compensation carbone

Les organisateurs de Paris 2024 affirment que la compensation carbone permettra de faire des Jeux un leader mondial en matière de développement durable. "En compensant encore plus d'émissions de CO2 que celles que nous émettrons, nous deviendrons le premier grand événement sportif à contribuer positivement au climat", prétendent-ils.

La compensation consiste à investir dans des projets écologiques, tels que la reforestation, conçus pour réduire de manière équivalente les émissions de CO2 dans l'atmosphère. Cependant, les impacts de ces projets sont difficiles à qualifier et conduisent à se détourner d'options plus durables, selon l'organisme de surveillance indépendant Carbon Market Watch. Ils peuvent même avoir un impact négatif sur les agriculteurs et les populations autochtones.

Madeleine Orr, experte en écologie du sport et professeur à l'université britannique de Loughborough, estime que la compensation est une "option acceptable" mais qu'on ne peut pas pour autant qualifier les Jeux de "durables".

"Même s'ils font tout ce qu'il faut, un grand événement international ne peut pas être parfaitement durable", déclare-t-elle. "L'événement le plus durable est celui qui n'a pas lieu."

Dire qu'un événement a un impact positif sur le climat est trompeur. L'événement lui-même génère des gaz à effet de serre qui sont néfastes pour le climat. Le soutien financier apporté par les organisateurs à des projets extérieurs n'y change rien
Lindsay Otis Nilles
Carbon Maket Watch

Lindsay Otis Nilles, de Carbon Market Watch, partage cet avis. "Dire qu'un événement a un impact positif sur le climat est trompeur", déclare-t-elle. "L'événement lui-même génère des gaz à effet de serre qui sont néfastes pour le climat. Le soutien financier apporté par les organisateurs à des projets extérieurs n'y change rien".

Les Jeux olympiques pourraient-ils être plus respectueux de l'environnement ?

Dans une étude publiée dans la revue Nature en 2021, des chercheurs ont présenté trois actions qui pourraient rendre les Jeux olympiques plus durables :

  • réduire considérablement la taille de l'événement
  •  alterner les Jeux entre les mêmes villes
  • mettre en place des normes de durabilité indépendantes

Madeleine Orr envisage également un événement de taille réduite, avec moins de spectateurs venant de loin. En réduisant "la taille et la portée de l'événement", moins d'infrastructures et de déchets seraient nécessaires, affirme-t-elle.

"Le monde a adoré regarder Tokyo [2021] et Pékin [2022], même sans public", analyse-t-elle. Si les téléspectateurs suivaient les retransmissions télévisées au lieu de se déplacer pour assister aux Jeux, ceux-ci pourraient être plus durables.

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