Crystal Meth : la cocaïne du pauvre se propage en Europe

Petrovice, en République Tchèque… La petite ville est toute proche de l’Allemagne, au sud de Dresde.
Patrick, dont nous avons changé le nom par mesure de sécurité, est un policier infiltré. Tous les jours, il traque les trafiquants de Crystal Meth …
Une drogue de synthèse hyper addictive et dangereuse, aussi surnommée la cocaïne du pauvre.
Dans ces bazars frontaliers, tenus par des Vietnamiens, des t-shirts, des cages à oiseaux, des cartouches de cigarettes…, et du Crystal Meth.
Selon la police tchèque, qui nous a fourni ces images, le business est florissant : 12 tonnes de Crystal sont produites chaque année en République Tchèque pour le marché européen.
Nous longeons la frontière et nous traversons : direction Bayreuth, en Allemagne, au nord-est de Nuremberg.
Dans ce groupe des Narcotiques anonymes, beaucoup de jeunes viennent chercher de l’aide parce que dépendants du Crystal Meth. Nous rencontrons Johannes, ce jeune homme au t-shirt rouge.
C’est sa première réunion ce soir, ici.
L’accueil est chaleureux :
“Johannes, tu es nouveau, voici ta pièce de bienvenue…”
Il témoigne :
Dans les parcours de désintoxication, on retrouve toutes les strates de la société, toutes les catégories sociales : ouvriers, jeunes diplômés, ingénieurs, cuisiniers. Autant de femmes que d’hommes.
Le Crystal Meth est une drogue facile d’accès et facile à produire.
Plus d’un millier de laboratoires serait en service en République Tchèque…
La police en démantèle quelques-uns, pas assez…
La recette de la métamphétamine est connue depuis les années 30.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes les armées y ont eu recours ou presque. Mais ce sont les Nazis qui ont favorisé sa diffusion.
Sous forme de comprimés de Pervitin, et même dans du chocolat, ils la distribuaient largement, à tous les niveaux : trois millions de soldats en auraient pris régulièrement.
Le Crystal Meth d’aujourd’hui en est un dérivé beaucoup plus puissant. Il contient 10 à 20 fois plus d’amphétamines que son ancêtre.
Il tient les consommateurs éveillés plusieurs jours et plusieurs nuits d’affilée.
C’est ce qui a attiré Willy, 20 ans, en cure de désintoxication.
Il a commencé à en consommer pendant son apprentissage d‘électricien :
Willy est suivi par le docteur Abiodun Bernard Joseph, médecin-chef en clinique de désintoxication à Wermsdorf. Il a été l’un des premiers à alerter sur l’expansion du Crystal Meth en Allemagne.
Pour lui, c’est une drogue qui s’adapte parfaitement à notre société et nos modes de vie :
En Saxe, le nombre de consommateurs a décuplé en 5 ans. Aujourd’hui, ils sont 5 000.
Après plusieurs overdoses et des épisodes psychotiques, Willy veut reconstruire une nouvelle vie… Mais il sait que 75 % des personnes dépendantes du Crystal Meth rechutent.
Et ce fléau est en train de s‘étendre géographiquement. Chaque jour, ces douaniers allemands effectuent des contrôles à la frontière tchèque, ils témoignent :
Les autorités allemandes ont mis plusieurs années à prendre la mesure du problème. Aujourd’hui, le Crystal Meth, fabriqué dans les laboratoires tchèques, s’exporte en Belgique, aux Pays-Bas, ou encore en Grande-Bretagne.
Reportage d’Adeline Percept et Kilian Davy-Baujard.