L'ethnopsychiatrie au secours des réfugiés en exil

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Par Valérie Gauriat avec Sandrine Delorme
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Dans un quartier calme de Milan, un petit écrin de verdure où se niche le centre de consultations ethnopsychiatriques de l’hôpital public Niguarda

Dans un quartier calme de Milan, un petit écrin de verdure où se niche le centre de consultations ethnopsychiatriques de l’hôpital public Niguarda, un des rares en Italie.

L’“ethnopsychiatrie”:https://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnopsychiatrie est un territoire de recherche où la psychologie se mêle à l’anthropologie culturelle, la sociologie à la géographie, la théologie à la médecine…

Ici, quelques 300 réfugiés et demandeurs d’asile viennent chercher de l’aide.

Jawan est d’origine kurde.
Il a fui la Syrie pour raisons politiques il y a 15 ans.

Loin de sa famille qui a trouvé refuge en Turquie, il vit dans un centre d’accueil en Italie, et désespère de trouver du travail…

“Je me sens comme enterré vivant, je te jure, je suis enterré vivant ! Mon pays me manque trop… Je dois faire preuve de patience. Ma mère me manque aussi beaucoup… J’ai perdu toutes mes illusions sur l’Europe, vraiment…”, nous raconte Jawan Kais.

L‘écoute qu’il a trouvée dans ce centre ouvert depuis l’an 2 000 l’a empêché de sombrer dit-il.

Une écoute, et des méthodes adaptées aux spécificités des patients étrangers.

Psychiatres et psychologues s’appuient notamment sur des médiateurs culturels.

Ce jour-là, Istarlin assistait une jeune somalienne, qui a été victime d’abus et de tortures dans les prisons libyennes, et a enduré les souffrances du voyage vers l’Europe,après avoir fui le conflit dans son pays.

Interprètes, les médiateurs aident aussi à gagner la confiance des patients.

“Dès que nous intervenons, il y a d’autres médiateurs et médiatrices, hommes et femmes, ils se sentent vraiment bien accueillis et parlent de tous leurs problèmes”, explique Istarlin Abdulle Yusuf, médiatrice culturelle.

Plus facile dès lors, d‘établir diagnostics et traitements adaptés.

Psychologues, médecins, psychiatres, assistants sociaux, travaillent conjointement, pour prendre en compte les réalités de ceux qui font appel à eux.

En lien avec les services de la ville, les centres d’accueil, et les organisations humanitaires, ils les accompagnent aussi dans leur difficile parcours d’intégration :

“Il y a une prise en charge globale de la personne. Que ce soit du point de vue des désordres psychiques, et des maladies physiques que l’on rencontre aussi. Mais il y a, à la base, une prise en charge sociale. Parce que ces personnes sont souvent privées de tout soutien social”, explique Carlo Pagani, chef du centre psychosocial.

Une aide globale qui renforce la démarche thérapeutique d’une équipe pluridisciplinaire.

Des ateliers d’ergothérapie ou d’art-thérapie, comme celui-ci, visent à libérer des émotions parfois difficiles à exprimer en mots :

“Lorsqu’ils viennent d’arriver, ce sont clairement des émotions à tendance dépressive. Au début, elles s’expriment souvent en noir et blanc, et ensuite, elles commencent à prendre des couleurs”, témoigne Eleonora Bolla, art-thérapiste.

Guerre, torture, viol, misère… Qu’il s’agisse des souffrances vécues dans leurs pays d’origine, puis lors du voyage vers l’Europe, ou liées aux conditions de vie difficiles qu’ils y trouvent, les traumatismes sont multiples.

Difficile alors de se reconstruire. Mais pas impossible.

“En général, la capacité de résilience, c’est-à-dire de surmonter la crise, est très forte chez ces personnes, qui ont traversé mille difficultés…, et vont sans doute encore en traverser beaucoup d’autres. Parce que c’est difficile de dire quand se termine le voyage. Pour ces gens, le voyage, parfois, ne s’achève jamais”, conclu Carlo Pagani.

These Syrian refugees from across the globe reflect on what it's like to be so far away from home: https://t.co/25bZdNKUEN

— AJ+ (@ajplus) 5 mai 2016

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