Crise du coronavirus : l'inquiétude des entreprises, partout en Europe

Crise du coronavirus : l'inquiétude des entreprises, partout en Europe
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Par Hans von der BrelieAsim Bešlija, Gábor Kiss, Damian Vodénitcharov
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L’épidémie de coronavirus est une catastrophe pour les petites et moyennes entreprises européennes, et notamment dans les pays du sud et de l’est du continent. Cet épisode d'Unreported Europe vous emmène en Hongrie, en Bulgarie et en Bosnie-Herzégovine.

L’épidémie de coronavirus est une catastrophe pour les petites et moyennes entreprises partout en Europe, et notamment dans les pays du sud et de l’est. Cet épisode d'Unreported Europe vous emmène en Hongrie, en Bulgarie et en Bosnie-Herzégovine.

En Bosnie, la crainte d’une fuite massive des travailleurs

Lopare est une petite ville du Nord du pays. De part sa situation géographique et des mauvaises liaisons routières, la commune est très isolée du reste du pays. Près de 5 000 habitants ont déjà migré vers l’Europe occidentale.

Aujourd’hui, la crise du coronavirus menace de détruire de nouveaux emplois, ce qui pourrait pousser davantage de gens à partir - transformant Lopare en une ville fantôme.

Sur les 10 000 habitants que compte la ville, 1 300 travaillent dans des PME, tournées principalement vers l’export pour le marché français, autrichien, suisse, allemand et néerlandais.

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La ville de Lopare, en Bosnie-Herzégovine.Euronews

Euronews a pu assister à la réunion d’urgence du Conseil municipal. Le maire de Lopare, Rado Savić, a été l'un des premiers à appeler les autorités de l'État à intervenir en urgence dans sa commune. Son équipe demande une aide pour les entreprises frappées par la crise, comme des garanties pour les salaires.

La mairie dispose d'un budget très modeste et ne peut pas aider directement l'économie. Mais si les autorités n’apportent aucun soutien, la municipalité serait prête à contracter un prêt bancaire ou à restructurer le budget local, pour sauvegarder les emplois.

L'État doit intervenir et créer un fonds pour aider les employeurs, afin qu'ils sachent clairement qu'ils peuvent garder leurs travailleurs, et qu'ils n'ont pas à payer de cotisations sociales pendant l'état d'urgence.
Rado Savić
maire de Lopare

Zvjezdan Maksimovic et sa femme sont inquiets : pourront-ils rembourser le prêt bancaire qu'ils ont signé l'an dernier pour acheter leur appartement à Lopare ? Zvjezdan travaille dans une usine locale de production de systèmes de chauffage. Mais à cause de la crise du coronavirus, il a été licencié.

"Maintenant, on peut s’inscrire à l'agence pour l'emploi, se désole Zvjezdan. Je ne sais pas si nous allons recevoir une indemnisation, avant d'avoir reçu un papier officiel. Ma femme travaille toujours. Elle touche un petit salaire, et j'espère que ça couvrira au moins nos dépenses de base".

Pour l’heure, il n’existe encore aucune aide gouvernementale pour les travailleurs. Dans le nord de la Bosnie-Herzégovine, les autorités de la "Republika Srpska" ont annoncé qu'elles allaient mettre en place un fonds de 250 millions d'euros, versant ainsi entre 150 et 200 euros de chômage par travailleur ayant perdu son emploi. L'Union européenne, elle, a promis 73 millions d'euros à la Bosnie afin de soutenir l'économie.

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L'usine Termal, vide.Euronews

Habituellement, 100 travailleurs travaillent à Termal, un constructeur de systèmes de chauffage. Mais désormais, l'usine est presque vide. Le directeur de l’entreprise, Mahir Hamzić, a l’impression d’être en plein cauchemar : “ Ce matin, quand je me suis réveillé, je me suis demandé : est-ce réel, ou est-ce un rêve ? Ça m’a pris une, deux minutes pour réaliser. La situation est vraiment terrible.La plupart des composants dont nous avons besoin sont fabriqués en Italie . C'est le plus gros problème aujourd'hui et c'est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas continuer à produire”, souligne le directeur.

Désormais, Mahir Hamzić lance un appel à l’aide aux autorités pour éviter de devoir mettre la clé sous la porte : “Nous avons besoin de soutien financier de la part de l’Etat, de l’Union européenne, et du gouvernement.”

En Hongrie, les constructeurs automobiles à l’arrêt

Comme pour l’ensemble de l’industrie en Europe et dans le monde, c’est une période troublée pour Audi, Mercedes, Opel ou encore Suzuki. Les constructeurs automobiles ont tous gelé leur production.

Un coup dur pour la Hongrie, où la construction automobile représente un tiers de la production industrielle du pays, et environ 20 % des exports totaux.

Le constructeur Daimler - qui détient notamment Mercedes - a suspendu la production dans presque toutes ses usines en Europe. Pendant cette période, le programme de travail flexible de l'entreprise est appliqué, sur la base d'un accord collectif. De nombreux salariés sont donc obligés de prendre leurs congés payés maintenant.

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Les usines automobiles en Hongrie.Euronews

Une situation qui concerne près de 4 000 employés de l’usine Mercedes de Kecskemét, en Hongrie. Ces derniers continuent donc de recevoir leur salaire. Mais les constructeurs automobiles font largement appel à des intérimaires, pour qui ces dispositions ne s’appliquent pas.

Ainsi, Suzuki a convoqué tous ses intérimaires un vendredi soir, pour leur annoncer que l’entreprise n’aurait plus besoin d’eux le lundi.

Je pense que les petites et moyennes entreprises hongroises ne peuvent survivre au maximum qu'un mois dans ces conditions. Je ne crois pas qu'une entreprise moyenne ait davantage de trésorerie.
Attoma Szatyina
Directeur de Szatyina

Nagy Mihályné est la responsable des ressources humaines dans l'agence d'intérim qui emploie ces travailleurs ponctuels. Certains travaillent pour Suzuki depuis des années. Aujourd'hui, 600 d'entre eux ont été licenciés. Selon Nagy Mihályné, des négociations sont en cours avec Suzuki pour verser une indemnité aux travailleurs intérims. “Bien sûr, nous verserons à tout le monde les montants prévus par les lois hongroises", précise-t-elle. 

La porte-parole de Suzuki, Zsuzsanna Bonnar a toutefois confirmé à Euronews que les intérimaires ne recevrait rien de la part du groupe automobile : "Les travailleurs permanents qui sont directement employés par notre entreprise reçoivent leur salaire. Les intérimaires n'ont pas de contrat avec notre société. Suzuki Hongrie ne les paye donc pas.

Suzuki est aussi le principal client de nombreuses petites entreprises hongroises, comme Szatyina, qui fabrique des fixations et des vis.

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L'usine Szatyina, en Hongrie.Euronews

Au total, 170 000 personnes travaillent dans des entreprises sous-traitantes liées aux constructeurs automobiles en Hongrie.

Attila Szatyina, le directeur de Szatyina, souhaite obtenir une aide financière du gouvernement : "Je pense que les petites et moyennes entreprises hongroises ne peuvent survivre au maximum qu'un mois dans ces conditions. Je ne crois pas qu'une entreprise moyenne ait davantage de trésorerie.”

Coup dur dans le secteur de la publicité en Bulgarie

En Bulgarie, l’un des Etats les plus pauvres de l’Union européenne, la crise sanitaire a aussi un lourd impact sur les entreprises. À Sofia, notre journaliste Damian Vodénitcharov a rencontré Boyan Banov, employé d’une petite société d’affichage publicitaire.

D'ordinaire, l’équipe placarde de nombreuses affiches dans les rues de la capitale bulgare, mais aujourd’hui, tout a changé.“Bien sûr que je suis inquiet. C’est impossible de ne pas l’être. J’espère que ça s’arrangera bientôt”, témoigne Boyan Banov, dont la masse de travail a chuté ces dernières semaines.

Les publicitaires internationaux ont en effet mis leurs activités à l’arrêt, et presque toutes les campagnes sont annulées jusqu’en septembre.

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Boyan Banov dans les rues de Sofia.Euronews

Maya Solakova travaille pour une société d’affichage. De chez elle, elle tente de renégocier le prix de location des panneaux, pour économiser de l’argent. Alors que son entreprise essaye de conserver tous ses employés, d’autres ont dû licencier. Le gouvernement a promis des mesures, mais pour l'heure, de nombreuses interrogations demeurent.

"Une loi a été adoptée à cet effet et le gouvernement a promis de payer jusqu'à 60 % des salaires des travailleurs, ainsi, les employeurs doivent seulement verser 40 % des salaires, explique Maya Solakova. Cependant, on ne sait toujours pas quelles entreprises peuvent demander cette aide et quels secteurs économiques sont concernés".

Comme Maya, beaucoup de travailleurs en Bosnie-Herzégovine, Hongrie et Bulgarie peuvent passer désormais plus de temps avec leur famille. Toutefois, tous s’inquiètent pour leurs revenus. Ils espèrent que des bouées de sauvetage financières pourront les aider aujourd’hui comme dans les mois à venir.

Video editor • William Vadon

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