Les 27 ont donné jusqu’au mois de décembre à Ankara pour donner des gages d’apaisement en Méditerranée orientale. Mais la Turquie continue sa stratégie de tension.
La Turquie est à nouveau au centre des préoccupations européennes. Le retour d'un navire de forage dans les eaux contestées en Méditerranée ravive les tensions avec la Grèce. A cela s'ajoute l'annonce par un responsable chypriote turc de la réouverture de la ville fantôme de Varosha à Chypre, ce qui provoque la colère de Nicosie.
Ankara semble ignorer les appels de l'Union européenne. De plus en en plus de voix demandent donc des mesures contre la Turquie. "J'appelle fortement le Conseil européen à sortir d'une forme de naïveté et de passivité et à exprimer par des actes la solidarité avec la Grèce et avec Chypre. Ces actes, ça doit d'être des mesures, des sanctions", insiste l’eurodéputée Nathalie Loiseau.
L'Union menace de sanctionner en décembre la Turquie si Ankara ne met pas un terme à ses forages et à aux explorations de réserves d'hydrocarbures en Méditerranée orientale. Les dernières décisions turques ont provoqué la colère de Berlin. Le ministre allemand des Affaires étrangères a annulé son déplacement à Ankara. Heiko Maas s'est tout de même rendu en Grèce et à Chypre pour soutenir le dialogue. "Nous avons besoin d'une atmosphère caractérisée par la confiance et la fiabilité. Au regard de l'évolution de ces derniers jours ce n'est pas le cas pour le moment", précise le chef de la diplomatie allemande.
Certains s'interrogent sur les mesures qui permettraient de convaincre le président turc de ne pas poursuivre sa stratégie de tension. Selon Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche turc au Washington Institute, la solution ne viendra pas de l’UE mais de l’Otan. "La Turquie voit plus l'Otan comme un arbitre, une puissance neutre ", précise-t-il. D’après Soner Cagaptay, Ankara estime que l’UE est trop sous l’influence de la France, elle-même jugée trop proche d’Athènes et de Nicosie.
Les chefs d’Etat et de gouvernement prendront leur décision sur d’éventuelles sanctions contre la Turquie lors du Conseil européen de décembre. Le sujet pourrait cependant s'inviter dès vendredi lors du sommet des 27. Mais il ne faut pas attendre de décision formelle lors de cette rencontre souligne un diplomate européen.