Après l’accord politique il faut maintenant passer à la phase pratique pour permettre à l’UE de devenir d’ici 30 ans le premier continent neutre en carbone.
La neutralité carbone en 2050 et au moins 55% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Voilà le coeur du compromis de la loi climat convenu entre les trois institutions de l’Union européenne.
Ces objectifs contraignants vont pousser les industries les plus polluantes à emboîter le pas même si elles assurent avoir déjà engagé leur transition. Ce compromis politique est "le signe que nous devons accélérer les efforts en matière de recherche et d’efficacité", explique Laurent Donceel directeur politique chez Airlines for Europe. Il salue la prise en compte de l’approche sectorielle de ce projet. "Aucun acteur dans chaque secteur ne pourra pas agir seul", assure-t-il.
Différentes industries insistent sur cet effort conjoint. Les entreprises de transport aérien estiment par exemple qu’une baisse des émissions signifie une meilleure efficacité du carburant. Le secteur du pétrole dit déjà travailler sur cette question. "Notre réponse est de trouver de nouvelles façons de fabriquer des carburants liquides sans pétrole", précise John Cooper directeur général de Fuels Europe.
Une grande partie du pétrole sera remplacée par l’électricité et l’hydrogène mais cette transition ne sera pas possible dans tous les secteurs. "L’aviation, le transport maritime ou certains transports routiers lourds bénéficieront de carburants liquides faits de façon renouvelable et sans pétrole", prédit John Cooper.
Le ton est très différent auprès des ONG environnementales. Pour Greenpeace Europe, le compromis entre la Commission, le Parlement et le Conseil est "vide" et dénonce un manque d’ambition. Silvia Pastorelli, responsable de la campagne climat pour l’ONG, souligne que les scientifiques appellent à "une diminution des émissions d’au moins 65% d’ici 2030 si nous voulons empêcher l’impact le plus fort du changement climatique". Elle déplore d’ailleurs un jeu de dupe sur ces objectifs. "L’UE fixe pour 2030 une baisse de 55% net des émissions, ce qui veut dire dans les faits une baisse de 52,8% donc très loin des indications scientifiques", regrette Silvia Pastorelli.
Cette différence dans le calcul des émissions s’explique par l’inclusion dans les schémas européens des puits de carbones, ces espaces comme les forêts qui captent le CO2.