"L'avenir de la sécurité européenne ne peut pas être décidé sans les Européens"

Josep Borrell en visite dans l'est de l'Ukraine
Josep Borrell en visite dans l'est de l'Ukraine Tous droits réservés Andriy Dubchak/AP
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Par Stefan GrobeEuronews
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Euronews a interrogé Wolfgang Ischinger, président de la Conférence de Munich sur la sécurité. Il fait part de ses craintes et de ses espoirs, alors que la crise s'intensifie à l'est de l'Ukraine.

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Ce début d'année est marquée par la poursuite de la pandémie et la crise à l'est de l'Ukraine. Dans la région du Donbass, l'armée est toujours en état d'alerte, prête à faire face à une invasion russe.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell s'y est rendu pour afficher son soutien au pays, une première depuis le début du conflit en 2014. Le responsable européen en a profité pour fustiger Washington et Moscou qui ont mis à l'écart l'Union européenne dans leurs discussions à Genève sur l'Ukraine. Il a déclaré que si l'on parle de sécurité de l'Europe, "les Européens doivent être autour de la table."

Depuis Washington, la nouvelle ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a averti le Kremlin : "Les actions et les activités russes ne peuvent rester impunies. Et une nouvelle violation de la souveraineté ukrainienne par la Russie aura de graves conséquences."

Interrogé par Euronews, Wolfgang Ischinger**,** le président de la Conférence de Munich sur la sécurité, soutient cette vision, même s'il admet la faiblesse de l'Europe.

Qu'attendez vous des négociations en cours entre Washington et Moscou sur l'Ukraine ?

Wolfang Ischinger **:** "Nous devons espérer qu'il s'agit du commencement et non de la fin pour la diplomatie, que nous trouverons un moyen pour amener la Russie dans la voie de la discussion et dans la négociation, et que, espérons le, nous aurons finalement un accord sur ce que nous appelons l'architecture de la sécurité européenne".

L'UE veut faire partie de ces négociations, mais Joe Biden comme Vladimir Poutine ne sont pas intéressés. Est-ce un autre signe de la faiblesse de l'Europe sur la scène mondiale ? Si oui, comment l'Union peut-elle changer cela ?

Il n'y a aucun doute, l'Europe est faible. Nous sommes un groupe de 27 nations où, en matière de commerce, nous parlons d'une seule voix. Mais en politique étrangère, chacun a un droit de veto.

En d'autres termes, il est très difficile pour l'Union européenne, sur presque toutes les questions de politique étrangère, de parler d'une seule voix et d'être respectée comme un acteur international respectable. Nous ne pouvons pas rivaliser avec les puissances nucléaires. Et c'est pourquoi je trouve tout à fait normal qu'il y ait maintenant une entame de conversation entre les États-Unis et la Russie.

Mais une chose, bien sûr, doit être claire : l'avenir de la sécurité européenne ne peut pas être décidé sans les Européens. L'avenir ne peut pas être décidé en l'absence de ceux qui sont membres de l'Union européenne ou membres européens de l'OTAN.

Vous avez proposé la création d'un responsable européen de la sécurité. Pourquoi l'Union européenne a-t-elle besoin d'un tel poste ?

Chaque fois qu'une nouvelle loi ou règle est proposée, quelqu'un s'interroge : cette règle est-elle compatible avec nos objectifs climatiques ? Pouvons-nous faire ce que nous avons promis en matière de climat si nous adoptons cette législation ?

Mon idée est donc qu'avant que l'Union européenne n'adopte une nouvelle législation ou un nouveau règlement sur la sécurité, le responsable européen y jette un coup d’œil et donne son opinion : ce projet est-il compatible avec nos intérêts sur la sécurité ?

Vous êtes à la tête de la Conférence de Munich sur la sécurité depuis 2008, la prochaine édition sera votre dernière en tant que président. Depuis le monde a changé de façon spectaculaire. Quel est, selon vous, le principal risque pour la sécurité à l'avenir ?

Nous, l'Occident, les nations démocratiques, sommes menacés. Nous sommes sur la défensive. Le nombre de pays qui sont gouvernés par des gouvernements démocratiques légitimes est plus bas qu'il ne l'a jamais été au cours des 20 dernières années. Essayons donc de renforcer les pays démocratiques libres dans le monde. C'est notre avenir. C'est important pour nos enfants.

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