Aux portes d’une crise alimentaire mondiale

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Par Stefan GrobeEuronews
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L’économiste en chef de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ne parle pas encore de crise alimentaire à cause de la guerre en Ukraine. Mais ce danger pourrait devenir réalité dans les prochains mois.

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L’UE accuse la Russie d’utiliser l’énergie et la production alimentaire comme une arme. Lors de son intervention à Davos, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, expliquait que la Russie thésaurise ses propres exportations alimentaires en guise de chantage.

La responsable allemande estime que les autorités russes gardent leurs stocks pour intensifier la pression mondiale sur les prix ou pour négocier du blé en échange d'un soutien politique.

Dans ce contexte, les Etats qui dépendent fortement des approvisionnements en céréales venus d'Ukraine sont immédiatement affectés, principalement les pays d'Afrique et du monde arabe.

Euronews a interrogé Maximo Torero, économiste en chef de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), sur les risques alimentaires liés à la guerre en Ukraine.

Euronews :

A quel point la situation est-elle sérieuse ?

Maximo Torero :

La situation est actuellement très sérieuse. Je ne parle pas encore de crise alimentaire, voici pourquoi. Essentiellement, le problème que nous rencontrons cette année est un problème d'exportation venu d'Ukraine et de Russie concernant le blé, le maïs et le tournesol. A ce jour, les exportations de blé en attente sont d'environ 3 millions de tonnes métriques, et les exportations de maïs en attente sont d'environ 8 millions de tonnes métriques. Voilà l'écart. Notre principale inquiétude, où nous pensons que cela pourrait devenir une crise alimentaire, c'est pour l'année prochaine. Cela est lié aux engrais et au fait que la Russie est le premier exportateur mondial d’engrais. Cela pose une contrainte qui pourrait réduire les rendements dans le monde.

Euronews :

L'UE pourrait répondre à sa propre demande pour la plupart des cultures. Mais les inquiétudes concernent les répercussions dans des régions plus pauvres comme l'Afrique et le Moyen-Orient. Que peut faire l'Europe pour empêcher ce scénario ?

Maximo Torero :

Nous pensons qu'il faut soutenir les pays les plus vulnérables et qui sont profondément endettés à cause du covid-19. Pour cela nous proposons la facilité de financement de l'aide alimentaire, qui est essentiellement un mécanisme que le Fonds monétaire international peut mettre en œuvre et qui permet de financer une partie de l'augmentation des factures d'importation en raison de cette énorme augmentation des prix. Cela aidera les pays à faire face pendant un certain temps et cela empêchera le mécontentement social. Ensuite, à propos des fertilisants, c'est un problème d'approvisionnement car il y a moins d'exportations de Russie. Nous regardons comment nous pouvons améliorer l'efficacité de l'utilisation des engrais. Une nouvelle carte des sols permet de réduire le gaspillage des engrais. Nous cherchons aussi, si techniquement c'est possible, de reporter les fortes utilisations au début lors, de la plantation, à des périodes ultérieures du processus de croissance des cultures.

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