Récupérées auprès de la mafia, ces propriétés hébergent des réfugiés d'Ukraine

Une famille ukrainienne a emménagé dans une propriété récupérée par la mafia italienne.
Une famille ukrainienne a emménagé dans une propriété récupérée par la mafia italienne. Tous droits réservés Euronews
Tous droits réservés Euronews
Par Giorgia OrlandiJulie Gaubert
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Dans la ville de Rescaldina, en Lombardie, les réfugiés ukrainiens sont hébergés dans des propriétés récupérées auprès de la mafia.

PUBLICITÉ

Fuir l'Ukraine et les horreurs de Bucha, symbole des atrocités de guerre qui auraient été commises par les soldats russes en Ukraine, c'est que ce que Tetiana et sa famille souhaitait de plus cher.

L'endroit où ils pourraient éventuellement se sentir en sécurité s'est révélé se situer en Italie, à quelques encablures de Milan. 

Là, la famille ne semble aucunement préoccupés par l'histoire de leur nouvelle maison. C'est un endroit qui ne ressemble à aucun autre, car la propriété appartenait autrefois à la 'Ndrangheta italienne, l'une des organisations mafieuses les plus puissantes du pays. Selon le maire et à la suite de la décision prise par le ministère de l'intérieur, cette maison de Rescaldina est le premier exemple de propriété saisie auprès de la mafia qui est désormais utilisée pour accueillir des réfugiés ukrainiens.

Le maire de la petite ville, Gilles Andrè Ielo, raconte avec émotion la première fois qu'il est allé chercher Tetiana et sa famille en voiture. Il pensait que la lutte contre le covid-19 dans l'une des régions les plus touchées d'Italie était le défi le plus difficile à relever en tant que nouveau maire, mais les effets de la guerre en Ukraine se sont également fait sentir dans toute l'Italie, jusque dans sa ville.

La municipalité de Rescaldina, une ville d'environ 14 000 habitants, était prête à accueillir des réfugiés, 50 d'entre eux vivant déjà dans la ville. La région de Lombardie compte l'une des plus grandes communautés de familles ukrainiennes en Italie.

Pour Ielo, plus que tout, avoir une maison où la famille pouvait s'installer a changé la donne. "Le fait qu'ils ne soient pas dans un centre d'accueil avec trop de monde, mais plutôt dans une vraie maison les a fait se sentir beaucoup plus apaisés", a déclaré Ielo.

Un accueil chaleureux perceptible lorsque nous avons sonné et que Tetiana a ouvert la porte. Entre le maire et cette famille, c'est un lien fort qui s'est tissé, souligné par les rires et blagues des enfants. Le père des enfants, lui, est resté au pays pour se battre.

Pour Tetiana et sa mère, se souvenir des tout premiers jours de l'occupation russe reste une épreuve difficile. Elles ne souhaitent pas évoquer le passé car elles ont vu trop de leurs amis mourir et il est trop douloureux pour elles de revenir sur cette époque.

Un message fort face au crime organisé

Bien que ce soit la première fois que le gouvernement décide d'utiliser ces propriétés pour accueillir des réfugiés, les autorités sont en charge d'une grande quantité de ce type de biens. 

Rien qu'en 2021, les autorités ont saisi 1,9 milliard d'euros d'actifs provenant des organisations criminelles italiennes.À ce jour, l'Agence nationale pour l'administration des biens confisqués au crime organisé gèreun total d'environ 40 000 propriétés.

Pour le directeur de l'agence, Bruno Corda, "le fait même que le bien ait été rendu à la communauté envoie un message très fort au crime organisé". Il a ajouté que l'utilisation du bien à des fins sociales est une façon de défier ces organisations proches de la mafia et, en quelque sorte, d**'effacer une fois pour toutes un passé douloureux.**

Pour Tetiana ainsi que pour la communauté locale, c'est donc une nouvelle vie qui s'annonce.En lui demandant si sa nouvelle maison lui faisait penser à son ancienne, Tetiana réponds que les deux étaient assez semblables, mais elle ajoute qu'elle aimerait bien retourner en Ukraine et voir là où elle vivait auparavant. 

"Même juste une semaine, pour récupérer quelques documents, ce serait suffisant", dit-elle. "Peut-être que lorsque je serai là-bas, mon nouveau chez-moi à Rescaldina me manquera même".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Fuir l'Ukraine pour se réfugier dans les colonies israéliennes

Tuer l'ennui dans les limbes d'un centre pour réfugiés ukrainiens en Pologne

L'Arménie face à une crise des réfugiés, qui pourrait basculer en crise politique