"Lorsque les chocs s'atténueront nous pourrons nous attendre à ce que l'inflation diminue"

Mario Centeno, membre du conseil des gouverneurs de la BCE et gouverneur de la Banque du Portugal
Mario Centeno, membre du conseil des gouverneurs de la BCE et gouverneur de la Banque du Portugal Tous droits réservés Andrew Medichini/AP
Par Stefan GrobeEuronews
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Le directeur de la Banque du Portugal et ancien président de l’Eurogroupe, Mario Centeno, estime que les prix pourraient baisser dans les mois à venir.

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La Banque centrale européenne a augmenté ses taux d'intérêt de 0,75 point, un record. L’institution financière veut ainsi contenir les retombées inflationnistes provoquées par la guerre en Ukraine.

Mais derrière ce choix se cache un dilemme pour l’UE. Cette hausse menace d'exacerber une récession imminente. L'inflation élevée fait déjà des ravages économiques, des enquêtes récentes indiquent que l'activité commerciale a reculé en août pour le deuxième mois consécutif.

À l'heure où l'Union s'efforce de protéger ses citoyens contre l'explosion des prix de l'électricité, l'économie de la zone euro pourrait sombrer dans la récession. Euronews a interrogé Mario Centeno, membre du conseil des gouverneurs de la BCE et gouverneur de la Banque du Portugal.

Euronews : L'inflation a connu un niveau historique en août à 9,1% et devrait bientôt atteindre un taux à deux chiffres. Quand les consommateurs vont-ils voir les prix à nouveau baisser ?

**Mario Centeno :**Le développement de l'inflation en Europe et à travers le monde est le résultat d'une séquence de chocs. Lorsque les chocs s'atténueront nous pourrons nous attendre à ce que l'inflation diminue. Il y a eu plusieurs chocs énergétiques, avant la guerre et après la guerre. Il y a aussi les goulots d'étranglement concernant les approvisionnements à la suite de la pandémie. Nous nous attendons à ce que ces mouvements s'estompent au cours des prochains trimestres, pour s'améliorer au moins. Ce seront des bonnes nouvelles pour l'inflation. Bien sûr, nous, les banquiers centraux, sommes toujours inquiets par les effets secondaires. (…) Je dirai que plus tard dans l'année, sûrement au cours de la première moitié de l'année prochaine, nous verrons les prix diminuer.

Cette concomitance d'inflation élevée et de faible croissance vont pousser les responsables à prendre des décisions douloureuses. Comment faire face à cette situation ?

Ma recette, et particulièrement en Europe où nous n'avons pas vraiment cette tradition, est un appel à la coordination fiscale et à l'effort monétaire. Cela doit être un effort combiné de toutes sortes de domaines de la politique économique. Ainsi, nous savons tous que la politique fiscale doit être ciblée, temporairement, afin de ne pas ajouter de pression supplémentaire sur la demande et sur les prix. Mais une politique monétaire doit garantir que les procédures de normalisation se poursuivent de façon ordonnée afin que nous puissions éventuellement sortir de ce cycle dans lequel nous sommes et ce sans une récession.

Peut-on encore éviter une récession ?

Une récession n'est pas nécessairement dans les cartes. Si vous regardez nos scénarios, nos projections macroéconomiques, nous n'avons pas de récession dans notre scénario de base. Nous avons très bien réussi à faire face à la crise de la pandémie. Nous avons très bien réussi à nous remettre de ces très grandes crises que nous avons connues en 2020. Donc, nous devons maintenant agir avec force pour faire face à l'inflation tout en maintenant l'économie et le marché du travail ensemble. L'Europe a été mesurée en terme budgétaire lorsqu'elle a réagi à la pandémie. Et en fait, nous avons fait preuve d'un énorme sens de la solidarité et d'action commune. Donc, je pense que nous pouvons faire mieux à ce stade si nous agissons ensemble.

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