Élections italiennes : l'UE peut travailler avec n'importe quelle démocratie mais dispose d'outils

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen Tous droits réservés Evan Vucci/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
Par Jorge LiboreiroEuronews
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Les propos de la présidente de la Commission européenne sur le scrutin de dimanche en Italie provoque la colère de la droite radicale transalpine.

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La Commission européenne est prête à travailler avec tout gouvernement démocratique dans l'ensemble de l'Union. Mais elle dispose "d’outils" si les choses prennent une "direction difficile", explique la présidente de l’institution.

Les propos d’Ursula von der Leyen s’inscrivent dans le cadre des élections ce dimanche en Italie. Les derniers sondages suggèrent qu'une coalition de trois partis de droite, emmenée par l’extrême droite des Frères d'Italie, est en passe de remporter le plus grand nombre de sièges.

Giorgia Meloni, la dirigeante de ce mouvement eurosceptique dont les racines remontent directement à un mouvement néo-fasciste, est pressentie pour devenir la première femme à occuper le poste de Premier ministre.

Elle dénonce dans sa campagne ce qu'elle appelle les bureaucrates de Bruxelles et les lobbies LGBT.

Le scrutin en Italie intervient après des élections législatives très serrées en Suède. Dans le royaume scandinave, l’extrême droite représentée par les Démocrates de Suède a réussi une percée pour devenir la deuxième force politique du pays.

La coïncidence de ces progressions nationalistes inquiète les institutions européennes.

"La démocratie est un travail constant en cours. Nous n'en avons jamais fini, ce n'est jamais sûr. La question est de savoir comment les gens défendent la démocratie", a déclaré la présidente de la Commission européenne, interrogée sur les élections italiennes lors d'une séance de questions-réponses à l'université de Princeton, aux États-Unis.

"Nous verrons le résultat des élections. Nous venons d'avoir des élections en Suède également. Mon approche est que, quel que soit le gouvernement démocratique qui est prêt à travailler avec nous, nous travaillons ensemble."

Ursula von der Leyen précise que lorsque les chefs d'État et de gouvernement participent au Conseil européen, ils réalisent que leur "avenir et leur bien-être" dépendent de l'ensemble des 26 autres États membres, ce qui reflète ainsi le sens de la négociation et du compromis qui caractérise le processus décisionnel européen.

"C'est la beauté de la démocratie. Nous sommes parfois lents. Nous parlons beaucoup, je sais. Mais c'est aussi cela la démocratie", ajoute la responsable allemande.

"Donc, nous verrons bien. Si les choses vont dans une direction difficile - j'ai parlé de la Hongrie et de la Pologne - nous avons des outils", poursuit-elle.

La Commission a déclenché récemment, et pour la première fois, un mécanisme budgétaire qui a permis de geler 7,5 milliards d'euros de fonds européens alloués à la Hongrie en raison de problèmes de corruption.

Lors de son discours d'ouverture à Princeton, Ursula von der Leyen a longuement évoqué le choc entre démocratie et autocratie dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

"En Europe, nous avons appris que nous devons toujours travailler à l'amélioration de la démocratie - car nous savons à quel point l'histoire peut changer rapidement et de manière dévastatrice", a-t-elle déclaré.

La présidente de la Commission n'a exprimé aucune préférence pour l'un ou l'autre des candidats en lice en Italie.

Néanmoins, ses commentaires ont déclenché une réaction de la droite italienne, qui voit dans ses propos une ingérence politique.

"Arrogance honteuse. Respectez le vote libre, démocratique et souverain du peuple italien ! Amis de tous, serviteurs de personne", a réagi sur Twitter Matteo Salvini, leader du parti d’extrême droite la Ligue et membre de la coalition avec Frères d’Italie et Forza Italia.

Il ajoute que son groupe au Parlement européen allait lancer une motion de censure contre la présidente. La procédure nécessite un dixième de l'hémicycle pour être soumise et une majorité des deux tiers pour aboutir.

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"La dame représente tous les Européens, son salaire est payé par nous tous", a-t-il déclaré. "C'était une menace dégoûtante et arrogante".

L'ancien Premier ministre social-démocrate, Matteo Renzi, qui se présente cette année sous la bannière libérale, a également pris part au débat.

"Même si la droite gagne, l'Europe doit respecter le résultat des élections", a-t-il déclaré lors d’une interview radio. "Je dis ceci à la présidente [Ursula] von der Leyen : vous ne devez pas du tout entrer dans les affaires italiennes".

Enrico Letta, le principal candidat de gauche, a tenté d'atténuer la controverse et a défendu Ursula von der Leyen comme une "personne absolument raisonnable."

Ursula "von der Leyen vient du même parti que [Silvio] Berlusconi et [Antonio] Tajani", a-t-il précisé. "Ce n'est pas comme si nous parlions d'un dangereux communiste".

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Face à la polémique, un porte-parole de la Commission précise que la présidente n'avait interféré "en aucune façon" dans les élections italiennes et qu'elle ne faisait qu'expliquer le rôle de la Commission dans le respect du droit européen.

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