Selon les experts, les sécheresses pourraient devenir la norme dans l'UE d'ici 2050

La sécheresse et la canicule ont frappé l'ensemble de l'Europe
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Par Alice TideyEuronews
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L’été caniculaire de 2022 pourrait ne plus être une exception. Les experts appellent les 27 à s’adapter à ces nouvelles conditions qui se répéteront.

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La sécheresse que connaît l'Europe pourrait devenir la norme d'ici le milieu du siècle si des mesures efficaces et transfrontalières ne sont pas rapidement mises en œuvre, selon une analyse présentée en début de semaine aux eurodéputés.

Des sécheresses répétées et sévères auront des répercussions importantes sur un nombre croissant d'activités économiques : l'agriculture, les transports, l'énergie et les soins de santé, soulignent les experts qui sont intervenus lundi devant la commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire du Parlement européen.

Selon Andrea Toreti, de l'Observatoire européen de la sécheresse, les événements extrêmes dont l'Europe a souffert cet été "pourraient devenir la norme" d'ici 2050 "si des actions d'atténuation efficaces ne sont pas mises en place."

"Ces événements vont frapper l'Europe presque chaque année", ajoute-t-il.

La sécheresse qui frappe actuellement l'Europe serait la pire depuis 500 ans. 64 % du territoire du continent est désormais, à des degrés divers, en situation de stress hydrique.

"Des impacts sévères ont déjà été signalés dans plusieurs régions", précise Andrea Toreti.

Une approche européenne est nécessaire

L'agriculture figure parmi les secteurs les plus touchés. Les récoltes de maïs, de soja, de tournesol et de riz sont en forte baisse cette année.

Mais la sécheresse a également mis à rude épreuve les secteurs du transport et de l'énergie.

L’utilisation des principales voies navigables, comme le Rhin et le Danube, a connu des perturbations au cours de l'été à cause du faible niveau des eaux. Cette problématique a également eu un impact sur la production d'énergie hydraulique et nucléaire.

Andrea Toreti souligne que "la sécheresse est un phénomène mondial, une menace, et que si nous nous concentrons uniquement sur l'Europe, nous sous-estimons fondamentalement le risque".

"Les sécheresses ne connaissent pas les frontières", explique-t-il.

"Le principal risque vient d'événements simultanés comme nous l'avons vu cette année", c'est-à-dire des sécheresses et de la canicule.

"Dans le passé, nous avons sous-estimé le risque lié aux événements extrêmes simultanés", a-t-il poursuivi devant les eurodéputés.

Ses appels à une accélération des efforts sont repris par Hans Bruyninckx, directeur de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE).

"Nous sommes témoins de pas mal de dimensions transfrontalières (comme) l'impact sur les infrastructures" et les systèmes alimentaires, a-t-il déclaré devant les membres de la commission Environnement.

"Je pense qu'il est clair qu'une approche européenne est nécessaire", a-t-il ajouté, soulignant que "beaucoup d'instruments politiques sont déjà là, mais il manque souvent une mise en œuvre solide et une forte connectivité entre ces politiques."

L'agriculture méditerranéenne menacée

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En ce qui concerne l'agriculture, il estime qu'"il est assez clair qu'il y a des impacts différents selon les régions mais aussi selon les types de culture". Avec la régularité et l'intensité croissantes des sécheresses et des vagues de chaleur, "une partie de la région méditerranéenne deviendra problématique en matière d'agriculture".

Parmi les mesures d'adaptation et d'atténuation qu'il propose figure l'utilisation de différentes cultures, l'amélioration des systèmes d'irrigation, le déploiement de l'agriculture de précision et la restauration des sols et des autres écosystèmes.

Malgré tout, prévient Hans Bruyninckx, le changement climatique représente "un défi pour le système alimentaire" européen.

Janez Lenarčič, Commissaire européen en charge de la gestion des crises, a lancé un autre avertissement aux eurodéputés. "l'Europe ne dispose plus de ressources suffisantes pour lutter contre ces incendies de forêt", a expliqué le responsable slovène.

Plus de 750 000 hectares de forêts de l'UE ont brûlé au cours de cette saison estivale, soit l’étendue la plus grande observée depuis le début des relevés en 2006.

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"Cet été, l'Europe vient de connaître l'une des pires saisons d'incendies de forêt de mémoire récente", a-t-il déclaré.

"Il est évident que le changement climatique apporte plus de chaleur et des périodes de sécheresse prolongées et que, par conséquent, le risque d'incendie de forêt s'étend à toute l'Europe et les incendies deviennent plus fréquents et plus intenses."

La Commission travaille sur un plan pour se préparer à ce risque accru, notamment une montée en puissance des capacités de lutte contre les incendies, comme les avions et les hélicoptères, le pré positionnement d'un plus grand nombre de pompiers dans les zones particulièrement vulnérables et une meilleure stratégie de prévention.

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