Qui est Eva Kaili, l’eurodéputée européenne au centre du scandale de corruption qui secoue l’UE ?

Eva Kaili est au centre du scandale de corruption au Parlement européen
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Par Jorge Liboreiro
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La vice-présidente du Parlement européen est soupçonnée de corruption en faveur du Qatar. Elle désormais est suspendue de toutes ses fonctions au sein de l’hémicycle.

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Le nom d'Eva Kaili est toutes les lèvres à Bruxelles.

La députée grecque du Parlement européen a été arrêtée vendredi par la police belge dans le cadre d'une "enquête de grande envergure" et a été inculpée pour "participation à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption."

Eva Kaili est soupçonnée de lobbying illicite en faveur d'un État du golfe persique, que les médias belges identifient comme le Qatar, l'hôte controversé de la Coupe du monde de football 2022.

La parlementaire aurait été "prise sur le fait", la seule circonstance qui déclenche une révocation immédiate de l'immunité parlementaire. Son père et son compagnon, Francesco Giorgi, ont également été interrogés pour leur rôle présumé dans cette affaire.

Le scandale a déclenché une tempête à Bruxelles.

Mais qui est exactement Eva Kaili ?

Diplômée en architecture, en génie civil et en affaires européennes, Eva Kaili a commencé sa carrière en tant que journaliste pour MEGA Channel en Grèce.

En 2007, elle entre au Parlement grec, en tant que membre du PASOK, le parti social-démocrate, l'une des principales forces politiques du pays.

Eva Kaili a rejoint le Parlement européen en 2014 et siège au sein du groupe social-démocrate (S&D), la deuxième plus grande formation de l'hémicycle.

Elle s’est impliquée dans les dossiers numériques et les questions complexes comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité et la blockchain.

En 2021, son salaire après impôt en tant que députée européenne s'élevait à 7 146 € par mois, ainsi qu'une allocation générale mensuelle de 4 778 € et des frais de déplacement remboursés.

Au cours de ses mandats, Eva Kaili était aussi membre suppléante de la délégation pour les relations avec la péninsule arabique (DARP).

Hannah Neumann, l'eurodéputée allemande qui préside la délégation, reconnait que "certaines ambassades" ont essayé d'influencer les décisions "de manière beaucoup plus agressive que d'autres."

"Il était tout à fait évident que quelques collègues du groupe S&D avaient un fort agenda pro-qatarien. Cependant, je n'ai jamais pensé que dans certains cas, cela pouvait être lié à une ingérence extérieure illégale et ces allégations m'ont choqué", souligne-t-elle.

"S'il s'avère vrai que le Qatar, ou tout autre pays, a tenté d'influencer des députés européens au moyen de gros pots-de-vin, ce sera un lourd fardeau pour les relations diplomatiques et aussi pour mon travail avec la délégation."

La carrière ascendante d'Eva Kaili a atteint son apogée en janvier lorsqu'elle a été nommée comme l'une des 14 vice-présidents du Parlement européen.

Mais son ascension politique a pris fin de manière abrupte.

Après son arrestation vendredi, la jeune femme de 44 ans a été exclue du PASOK et suspendue du groupe S&D, tandis que ses biens personnels ont été gelés par les autorités grecques.

Ses précédents discours et interventions ont immédiatement fait l'objet d'un examen approfondi, à la recherche d’indices qui pourraient laisser penser à une relation inappropriée avec le Qatar.

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Les médias sociaux montrent qu’Eva Kaili s'est rendue dans le pays du Golfe au début du mois de novembre et a tenu des réunions très médiatisées avec le Premier ministre, le ministre du Travail et le ministre de l'Energie.

Quelques semaines plus tard, Eva Kaili prononçait un discours devant le Parlement européen dans lequel elle faisait l'éloge des réformes du travail dans le pays.

"Aujourd'hui, la Coupe du monde au Qatar est la preuve, en fait, de la façon dont la diplomatie sportive peut réaliser une transformation historique d'un pays, avec des réformes qui ont inspiré le monde arabe", déclarait-elle.

L’eurodéputée accusait l’UE d'avoir deux poids et deux mesures à l'encontre du Qatar car, selon elle, ils sont désireux d'acheter son gaz naturel liquéfié (GNL) pour répondre à la crise énergétique tout en appelant à un boycott international de la Coupe du monde en raison de l'exploitation des travailleurs migrants et de la violation des droits LGBTQ+.

"(Les Qatariens) se sont engagés dans une vision par choix, et ils se sont ouverts au monde. Pourtant, certains ici appellent à les discriminer", soulignait la parlementaire.

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En décembre, elle a pris part à un vote de la commission des libertés civiles du Parlement qui portait sur la libéralisation des visas pour le Koweït et le Qatar, qui a été approuvé par 42 voix contre16.

Or la vice-présidente n’est pas membre de cette commission et la raison de sa présence n'est pas claire.

Alors que le scandale se déroulait à Bruxelles, les autorités qatariennes ont pris leurs distances avec l’eurodéputée.

"Toute association du gouvernement qatarien avec les allégations rapportées est sans fondement et gravement mal informée", a déclaré la mission qatarienne auprès de l'Union européenne dans un communiqué.

L'équipe d’Eva Kaili n'a pas répondu à plusieurs sollicitations d'Euronews.

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Son bureau à Bruxelles reste scellé, avec un morceau de papier affiché sur la porte indiquant "accès interdit".

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