Asli Aydintasbas : "L'OTAN ne veut pas entrer dans une querelle publique avec le président turc"

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan en compagnie du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan en compagnie du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Tous droits réservés AP Photos
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Par Yolaine De Kerchove DexaerdeStefan Grobe
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Cette semaine, dans "State of the Union" : le blocage de l’Allemagne sur la fin des voitures diesel ou à essence dès 2035 et l'interview d'Asli Aydintasbas, spécialiste de la politique étrangère turque au Conseil européen des relations étrangères.

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L'actualité européenne de cette semaine est marquée par le débat concernant l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan. Depuis plusieurs mois, la Turquie bloque cet accès. Mais cette fois, les négociations semblent se diriger vers une solution.

Le journaliste Stefan Grobe revient sur cette thématique dans ce nouveau numéro de l'émission "State of the Union" et questionneAsli Aydintasbas, spécialiste de la politique étrangère turque au Conseil européen des relations étrangères et à la Brookings Institution.

En ce qui concerne le différend avec la Suède et la Finlande, donnez-nous un aperçu de l'état d'esprit de Recep Tayyip Erdoğan. Pense-t-il vraiment qu'il peut bloquer leur adhésion à l'OTAN pour toujours? Quel est son objectif final?

Asli Aydintasbas : Le président Recep Tayyip Erdo_ğ_an pense à la fois à l'extérieur et à l'intérieur. Il pense aux élections qui approchent. Il n'est pas du tout en bonne position en ce moment. Il pense aussi aux divers problèmes qu'il rencontre non seulement avec la Suède, mais aussi avec d'autres États membres de l'UE. Et il se dit, est-ce que je peux les combiner, augmenter mon influence, obtenir quelque chose, une concession de la Suède, puisque je ne peux pas obtenir de concession des Etats-Unis, puisque je ne peux pas obtenir de concession sur la Syrie de la part des Etats membres de l'UE, peut-être qu'il y a quelque chose que je peux utiliser, la Suède comme un symbole. Mais il est aussi très, très conscient de l'impact intérieur de cette démarche, de l'image d'un leader fort, de la défense des intérêts de la Turquie, etc. dans un contexte électoral.

Voyez-vous une possibilité pour l'OTAN de freiner le président Erdogan, un moyen de pression ?

Asli Aydintasbas : L'OTAN, les Etats-Unis et les Etats membres de l'UE sont très prudents et ne veulent pas entrer dans une querelle publique avec le président turc. Ils poussent doucement, doucement, et le secrétaire général joue généralement le rôle du bon policier. Parfois, ce sont les Américains qui jouent les mauvais élèves, en particulier le Congrès américain qui avertit la Turquie que la vente de F-16, dont la Turquie a désespérément besoin pour moderniser sa flotte aérienne, n'aura pas lieu si la Turquie continue de bloquer.

La position de chacun sur cette question est-elle populaire en Turquie ? A-t-il une majorité derrière lui ?

Asli Aydintasbas :Lorsque le gouvernement et les médias contrôlés par le gouvernement, répètent 24 heures sur 24 que la Suède soutient le terrorisme et héberge des terroristes et des terroristes contre la Turquie, il est difficile de trouver un soutien à la Suède à l'intérieur du pays. Je dois également ajouter qu'en Turquie, la situation économique est si mauvaise que la Suède, ce qu'elle fait et ce qu'elle ne fait pas, qu'elle adhère ou non à l'OTAN, n'est la priorité de personne. C'est le cinquième, le sixième, le septième point de la liste des priorités, si tant est qu'il y en ait.

Video editor • Vassilis Glynos

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